· S | F · Les robots aussi rêvent d’un monde meilleur dans Alita : Battle Angel

Mathieu Grumiaux
Par Mathieu Grumiaux, Expert maison connectée.
Publié le 08 février 2020 à 11h11
SFF Alita

Cette semaine je vous propose tout simplement l'un des meilleurs films de science-fiction de l'année 2019. Rien que ça. Alita : Battle Angel est un projet qui pourtant revient de loin, mais qui s'impose comme une proposition plus forte et plus riche qu'elle n'y parait.

Clubic aime la science, Clubic aime l'avenir, Clubic aime la science-fiction. Avec · S | ꟻ · nous vous partagerons régulièrement nos recommandations dans le domaine de l'imaginaire : littérature, bande dessinée, mais aussi films...

Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.

Alita : Battle Angel (2019)

de Robert Rodriguez

« A quoi tu rêves petit ange ? »

L'adaptation cinéma de Gunnm était une arlésienne depuis près de 20 ans. En 1998 James Cameron, auréolé du succès gigantesque de Titanic, avait deux projets sur son bureau rempli d'Oscars. Le premier était Avatar, un univers que le réalisateur mûrit depuis déjà plusieurs années. L'autre était l'adaptation du manga de Yukito Kishiro. Les années passant et les technologies avançant à pas de géants, Cameron s'immergera dans le monde de Pandora et laissera de côté Gunnm jusqu'à refiler le bébé - à la surprise générale - à Robert Rodriguez, un réalisateur coupable de films comme Machete, Sin City ou Desperados.

Je dois être honnête, je n'attendais rien de ce projet en rentrant dans la salle de mon bien-aimé multiplexe. Le cinéma de Robert Rodriguez m'a toujours laissé circonspect et le voir s'atteler à un monument de l'édition et de l'animation japonaise me faisait craindre un ratage de l'ampleur d'un Dragonball Evolution (triste souvenir...). Et pourtant Alita : Battle Angel est une vraie réussite sur à peu près tous les plans.

Alita : Battle Angel
Credits : 20th Century Fox

« Je préfère régner en enfer qu'être esclave au paradis »

Le film m'a d'emblée impressionné par la qualité de son univers visuel. Kuzutetsu devient ici Iron City, et le bidonville dans lequel se passe l'action vit à l'écran. Rodriguez s'attarde souvent sur le quotidien des habitants, intègre des figurants dans tous les plans et l'on ne se pose jamais la question de la crédibilité de cet univers. Si Kuzutetsu était une sombre décharge à ciel ouvert, Iron City ressemble bien plus à une ville d'Amérique du Sud, plus lumineuse, mais tout aussi chaotique qui permet au spectateur de s'immerger rapidement dans l'action.

L'intrigue, justement, suit Alita une cyborg exceptionnelle datant d'une époque révolue. Celle-ci pose un regard neuf sur les inégalités de sa ville et possède des habiletés au combat à peine croyables qui pourraient bien lui permettre de renverser le désordre établi. Iron City voit en effet les riches prospérer sur Zalem, une cité suspendue au-dessus d'elle, tandis que dans ses ruelles le peuple lutte pour sa survie.

« Je ne sais pas ce que je suis »

Il était évident que le personnage allait toucher au cœur James Cameron. Le cinéaste canadien a toujours aimé mettre en scène des femmes fortes, prenant leur destin en main sans dépendre des hommes, sensibles aux autres et à leurs sentiments. Alita est écrite en ce sens. Elle est redoutable et détruit ses adversaires en deux temps trois mouvements, mais c'est aussi une adolescente, dont le cœur chavire devant les yeux bleus d'Ugo et qui est prête à lui donner son cœur (littéralement) pour qu'il réalise ses rêves.

Alita est un personnage 100% numérique, réalisée en performance capture et interprétée par la comédienne Rosa Salazar. Le défi était de taille tant l'apparence du cyborg, avec ses très grands yeux ronds, pouvait vite devenir ridicule en s'intégrant avec d'autres comédiens en chair et en os. Mais Robert Rodriguez réutilise une idée développée par Cameron dans Avatar et débute son film par le réveil d'Alita.

On est au plus près de son visage, le temps d'admirer la prouesse technique. La fille teste ensuite son corps, s'étire et nous intégrons son animation. L'affaire est réglée, Alita est désormais bien réelle et « humaine » après quelques secondes.

Alita : Battle Angel
Credits : 20th Century Fox

« Je ne reste pas passive en présence du mal »

L'autre défi de taille posé par l'adaptation de Gunnm était de faire passer au cinéma des humains robotisés ou augmentés, avec différentes parties de leurs corps remplacés par des machines. Le manga pousse très loin l'idée et à la surprise générale, Alita : Battle Angel suit la même veine en ne s'interdisant aucune excentricité visuelle.

À la première vision du film, j'ai été frappé par son traitement des corps. Les protagonistes sont démembrés, mutilés, recomposés dans des images très graphiques et parfois très limites pour un public occidental. Même si l'on parle plus de machines que d'êtres humains, les séquences d'action sont violentes, frontales et brutales. Cameron et Rodriguez sont allés chatouiller les limites du blockbuster pour proposer un spectacle hybride, qui fait le pont entre la radicalité du manga et le sens du spectacle américain.

« On ne sera bien nulle part si on est pas ensemble »

Alita : Battle Angel est enfin, et surtout, une métaphore du monde actuel. Si l'action se situe en 2563, le film ne parle que de notre monde et de la lutte des classes. Le sujet, Cameron l'a déjà traité dans Titanic car au fond qu'est que le paquebot sinon l'effondrement d'une société avec les bourgeois pataugeant dans le luxe sur les ponts supérieurs et les pauvres relégués dans les bas-fonds aux côtés des rats.

Le film en est une suite spirituelle et offensive. Cette fois Alita prend le contrôle de la situation et veut en découdre pour renverser l'ordre établi. Une fois qu'elle aura expérimenté la douleur et l'injustice, l'adolescente idéaliste aura achevé son parcours initiatique et deviendra une adulte animée par une cause. Alita : Battle Angel est finalement une réactualisation du manga, une trahison aussi sans doute, qui élimine volontairement la subtilité du matériau d'origine pour donner plus de force à son propos.

Alors à quand la suite ? Eh bien peut-être jamais. Le film a plutôt bien marché pour un projet aussi surprenant et orignal visuellement, mais pas assez pour les dirigeants de Disney, désormais propriétaires de la Fox. Cela étant dit, on n'est jamais à l'abri d'une bonne (ou moins bonne) surprise. La propension des studios à réutiliser des matériaux existant en quête d'une rentabilité facile accouche parfois de films réussis ; le voyage vers Zalem n'en est peut-être qu'à son commencement.

Alita : Battle Angel est disponible en DVD, Blu-Ray et VOD chez 20th Century Fox.
Alita : Battle Angel

Mathieu Grumiaux
Par Mathieu Grumiaux
Expert maison connectée

Journaliste pour Clubic, je couvre essentiellement les sujets concernant la maison connectée et les objets connectés, mais aussi les dernières nouvelles de l'industrie du streaming vidéo, entre autres sujets. Je suis également l'actu d'Apple, marque qui m'accompagne depuis mon premier iPod mini en 2005 (ça ne nous rajeunit pas…)

Vous êtes un utilisateur de Google Actualités ou de WhatsApp ?
Suivez-nous pour ne rien rater de l'actu tech !
Commentaires (0)
Rejoignez la communauté Clubic
Rejoignez la communauté des passionnés de nouvelles technologies. Venez partager votre passion et débattre de l’actualité avec nos membres qui s’entraident et partagent leur expertise quotidiennement.
Commentaires (10)
oudiny

Quelle différence entre Iron City et le futur Night City de Cyber Punk 2077 ? A voir en septembre …

cirdan

Je ne partage pas toutes les analyses philosophiques de l’auteur de cet article, mais je confirme l’intérêt de ce film. Pour ma part c’était une belle surprise et j’encourage ceux qui ne le connaissent pas à le découvrir.

Dahita

Ah oui, alors il est regardable finalement? J’ai du mal avec Hollywood depuis une 10ene d’annee. Entre les remakes douteux, l’angelisme sur le racisme, les minorites, le feminisme, le tout mixe avec la seule quete de rentabilite (faut voir comment il implemente du chinois dans chaque film pour esperer accrocher le marche asiatique!), ils ne nous pondent que des horreurs annees apres annees.

_Ludo

Il est très regardable mais pas exempt de défaut (le choix de casting pour Ugo me donne des boutons par exemple).

gonocoque

L’auteur de cet article est encore un fois très enthousiaste ! Je ne dirais pas personnellement que c’est le meilleur film de SF de 2019, mais c’est pas mal malgré tout. L’univers de Gunnm est très riche et dense, donc difficile à adapter fidèlement à l’écran. Mais il ne devie pas trop du manga. J’ai essentiellement 2 regrets : 1) l’ultra violence du manga qui est quasi absente dans le film (les cervelles qui giclent sont une « marque de fabrique » du manga, 2) l’arc du MotorBall qui aurait mérité beaucoup plus de temps d’écran tant il est important dans le développement du perso de Gally et surtout parce que visuellement ça aurait pû être mortel !!
Ce filme DOIT avoir une (ou plusieurs) suite car ce manga est juste genialissime et mérite réellement une bonne adaptation cinématographique (tout comme UW1 et La Guerre Éternelle… Mais là je fantasme)

Marvaxx

Alors perso cette récupération girl-power-only absurde ne m’a pas inspiré. Je suis certainement bien trop emprunt de l’oeuvre originale, qui bien qu’articulé autour d’Alita, ne s’attarde pas a nous fourguer des points de vue sociologiques hors sujet. L’ Histoire et l’univers de Gumnn est l’experience en Manga qui m’aura le plus marqué dans les années 90. J’ésperais plus d’efforts … Malgré la crasse idéologique américaine.

Cette repompe a été crée & pensée autant pour le fric que pour distiller du message teubé loin des préocupations et du sujet réel de l’auteur original. Inutile. Une singerie. Pire que Gits qui etait déjà bien bien pitoyable. Bref. Je n’ai pas aimé.

testeur2003

J’avoue que je l’ai regardé. Avec beaucoup d’attention.
La décharge sous Zalem est censé être crasseuse et dégueulasse, mais non, la teinte est désespérément chaude, les gens semblent presque sourire. Sûrement en pensant au cachet qu’ils vont toucher.
Et vas-y que je te mélange les histoires, Yugo (Hugo, trop facile) sur une moto de tuned, de la pseudo philo et que je simplifie le tout pour le con de base.
Non je n’ai pas aimé ce film et n’en déplaise aux lecteurs qui voudraient une suite, je suis plutôt partisan du reboot sérieux, sans être une injure à l’œuvre originale, encore que, Alita, juste par son titre annonce la couleur, elle s’appelle Gally ou Garry pour les puristes et partout dans le mondes mais rien que le fait de l’appeler Alita montre que les US l’ont récupéré pour faire de la soupe au fric dont les places coûtent seulement quelques étron-dollars au ciné le plus proche.
Et vas-y que je t’y colle des yeux de lolcats sur les martiens, que je fasse ce que je veux avec le symbole de Zalem, que je te rajoute des persos inutiles (la femme d’Ido dont j’ai oublié le nom mais fallait bien qu’Ido ait une famille, c’est important le message famille aux US), et surtout que le grand « méchant » ait son nom modifié avec une consonance Russe et qu’il soit méchant « parce que ». D’ailleurs j’ai une idée, si on faisait de Vector, un caïd inquiétant et important sur le long terme, une sous-crotte inutile qui meurt dès le premier volet? Ha zut, c’est déjà fait…
Non Alita reprend l’univers de Gunmm et en fait de la daube édulcorée en le vidant de sa substance et son ambiance, malgré les images léchées et la photographie au top (le cadrage est parfait), je ne peux décemment valider ce film inspiré de cette série ayant bercé ma vingtaine.
Mention spéciale tout de même à la scène sur le circuit du Motorball qui, bien que complétement déplacée par rapport à l’histoire originelle, est parfaitement rythmée.
D’ailleurs il ne peut y avoir de suite décente, Hitomi ayant été oubliée dans la scène du bar, du coup c’est compliqué de reprendre sur le Barjack.
Après le foirage limite intégral de GitS et d’Alita, j’attends avec impatience Blame! le film US où Killy sera un écolo combattant le racisme avec un flingue qui lance du Quinoa durant sa quête pour retrouver les clefs de sa maison oubliées au dernier étage de son boulot.

Saky

Entièrement d’accord avec testeur2003, en fait le film aurait été bien s’il ne s’était pas appelé alita, en bref si ce n’était pas censé représenter la licence de Gunnm.
Tout ce qui fait l’identité de la série de retrouve bafoué.

Je suis inquiet pour Akira, déjà que le casting annoncé est complètement absurde avec un néo Tokyo transféré aux USA :frowning:

testeur2003

Ma journée ne démarrait pas très bien mais tu viens de m’achever (GG) en me rappelant qu’Akira devait être adapté, j’étais resté à l’idée de projet.
Alors pour le casting, je propose Scarlett Johanson en Kanéda, c’est moderne, inattendu (personne ne la connaît) et ça fera un personnage féminin fort. Pour Tetsuo donnons le rôle à un acteur canadien, c’est sympa les canadiens, ça contrebalancera le rôle du méchant. N’oublions pas d’ajouter un membre de la famille de Kanéda, je propose un noir ou un hispanique qui fait des blagues nulles, téléphonées et ce serait son ex qui serait toujours amoureux.
Et pour Akira, ça les embêtera de montrer un Asiatique à l’écran alors on dira que c’est juste le nom d’un projet d’arme nucléaire ultime développé par de méchants Arabes.
Je vote trop pour mon projet!

KlingonBrain

de la pseudo philo et que je simplifie le tout pour le con de base.

Bah ouais, mais hélas, si tu fais des films, t’as quand même intérêt à ne jamais oublier que 95% de ceux qui vont le regarder sont juste… des cons de base à l’esprit bien formatés avec des clichés simplistes.

La société fabrique le peuple dont elle a besoin : de bons petits soldats.

Cela dit, aujourd’hui, on en crève. Mais ça c’est un long débat…

Abonnez-vous à notre newsletter !

Recevez un résumé quotidien de l'actu technologique.

Désinscrivez-vous via le lien de désinscription présent sur nos newsletters ou écrivez à : [email protected]. en savoir plus sur le traitement de données personnelles