A l'aide des capteurs adéquats et d'un brin d'électronique, il est tout à fait possible de mettre au point un dispositif informatique capable de suivre le mouvement de l'oeil humain et de repérer sur quoi porte le regard. Par extension, on peut alors mettre au point des logiciels qui tirent profit de ces informations pour permettre de nouvelles formes d'interactions entre l'homme et la machine.
Cette technique, dite eye tracking, est la spécialité du suédois Tobii qui, au CeBIT de Hanovre, a à coeur de montre les différentes applications concrètes qu'il est possible d'en déduire. La majeure partie d'entre elles vise le domaine professionnel, à commencer par le marketing et la publicité : il est par exemple possible de tester l'efficacité du nouvel emballage d'un baril de lessive en le plaçant au milieu de ses congénères dans un supermarché, puis en observant le regard du visiteur de passage.
Les points rouges à l'image désignent l'endroit où porte le regard du cobaye
D'autres débouchés sont également imaginés dans le domaine de la médecine (assistance au chirurgien), de la sécurité routière (détection du regard fuyant qui va précéder l'assoupissement) ou militaire (acquisition de données en fonction de la cible).
Enfin, il est tout à fait possible de penser à des applications grand public. Au CeBIT, Tobii démontre par exemple l'efficacité de son système avec un jeu de rapidité très simple dans lequel l'utilisateur doit activer des éléments à l'écran et en éviter d'autres. Après une très brève phase d'étalonnage, le jeu se révèle étonnant d'efficacité, à tel point que l'on se prend à imaginer un ordinateur que l'on pourrait littéralement piloter du regard... et promis, selon les représentants de la firme, ce sera bel et bien possible dans quelques années !
Pour appuyer cette prédiction, le Suédois présente sur son stand un premier prototype d'ordinateur portable, réalisé en partenariat avec Lenovo, au sein duquel l'électronique et les capteurs nécessaires à la détection du regard sont directement intégrés, alors qu'ils prennent habituellement la forme d'un boitier venant se greffer à un écran ou d'une paire de lunettes associée à une base externe. Avec une interface logicielle adaptée, il devient alors possible de sélectionner de l'oeil ses logiciels et contenus, ou tout simplement de faire défiler un texte au fur et à mesure qu'on le lit. Reste à savoir quand une telle technologie pourra un jour se démocratiser : aujourd'hui, les appareils que vend Tobii aux sociétés d'études et autres spécialistes de l'eye tracking affichent des prix compris entre 15 et 25 000 euros !