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Si la pandémie accélère le déploiement de services de télémédecine, les patients ont encore du mal à pleinement l'adopter. Ce nouveau mode de consultation soulève notamment des questions de données personnelles.

92 % des organisations médicales européennes disposent déjà de services de télémédecine. Les plateformes de télémédecine qui mettent en relation patients et médecins ont le vent en poupe, et 44 % des prestataires de services médicaux (66 % pour le cas de la France) ont commencé à utiliser des services de télémédecine depuis le début de la pandémie de coronavirus. C'est ce qui ressort d'une étude réalisée par Kaspersky auprès de 99 prestataires issus de 12 pays d'Europe. Mais la transformation numérique de la santé fait encore l'objet de réticences.

La télésanté, une tendance partie pour s'inscrire dans la durée

Entre les restrictions de déplacement et la difficulté à recevoir du public, le monde de la médecine a évolué depuis deux ans. Et les pratiques vont en ce sens. Aujourd'hui, 56 % des organismes de santé prévoient d'augmenter leurs investissements dans la télémédecine et les soins à distance. Il faut dire qu'en Europe, et plus particulièrement en France, on constate une vraie montée en puissance des plateformes numériques de type Doctolib, Maiia, HelloCare ou Doctisia.

Ces plateformes, dont certaines sont adoubées par le gouvernement et facilitent la vaccination contre la COVID-19 des Français tout en permettant de mener des consultations à distance, connaissent une croissance importante. La télémédecine s'est plus accélérée depuis le début de la pandémie que lors des dix années précédentes.

Et la téléconsultation n'a visiblement pas connu ses plus belles heures encore, selon les professionnels. 65 % des responsables européens estiment que c'est au cours des cinq prochaines années que la télémédecine apportera sa plus grande plus-value au secteur.

Entre avantages et craintes autour de l'exposition des données de santé, forcément sensibles

La télésanté possède bien des avantages : une disponibilité qui peut être immédiate, une réduction du risque de contamination patients-personnel soignant, un gain de temps, une alternative aux déserts médicaux ou encore l'accès à des médecins physiquement inaccessibles. Pourtant, les citoyens européens sont encore nombreux à avoir du mal à s'habituer à ces consultations 2.0. On note que 40,5 % des organismes seulement avouent que la plupart de leurs patients trouvent que la téléconsultation est plus pratique que la consultation physique. En France, ils sont encore moins nombreux (33 %) à relayer ce sentiment.

Malgré tout, la situation sanitaire mondiale bouscule l'ordre établi, et les patients « âgés » seraient même plutôt enclins à se laisser tenter par les nouvelles technologies. Seuls 48 % des organismes européens indiquent par exemple que la majorité de leurs patients en téléconsultation a moins de 50 ans.

Mais reste encore la barrière de la sécurité des données sensibles, évoquée par 43 % des professionnels de santé, qui ont déjà essuyé des réticences à la télémédecine pour cette raison. Et les patients ne sont pas les seuls à évoquer cette problématique. 76 % des organismes indiquent que les membres du personnel s'inquiètent de la protection des données des patients lors des téléconsultations.

La défiance vis-à-vis de la pratique est aussi évoquée (pour 19 % des professionnels), tout comme le refus d'apparaître en vidéo (28 %). « La confiance est l'un des piliers du secteur médical », rappelle Evgeniya Naumova, de Kaspersky. « Il est maintenant temps pour les acteurs de la santé d’inscrire la cybersécurité en haut de leurs priorités. Ils ont tout intérêt à évaluer l’état actuel de leurs défenses afin d’adopter la solution et les outils les plus pertinents. Ils contribueront ainsi à créer un avenir où la distance et les craintes de piratage ne seront plus des obstacles, un monde où chacun a droit à des soins médicaux de qualité. »

Source : Étude Kaspersky