Après avoir réalisé quelques tests privés avec ses propres employés, SpaceX lance désormais son réseau Starlink dans une phase bêta publique. Les premiers bêta testeurs nord-américains ont récemment été informés de la méthodologie à suivre pour se connecter au nouveau réseau d’Internet haut débit par satellite.
Pour essayer le service, les testeurs devront tout de même débourser 99 $ par mois, en plus de l’achat d’un équipement à 499 $ !
Des performances honorables pour un service partiel
Déjà géant de l’industrie spatiale, SpaceX ambitionne de devenir leader de l’Internet satellitaire. À terme, Starlink pourrait exploiter entre 12 000 et 40 000 satellites en orbite basse afin d’offrir une couverture Internet en tout point du globe. Quand on sait qu'à l'heure actuelle, environ 8 000 satellites ont été envoyés dans l’espace par l’humanité depuis 1957, on mesure l’extraordinaire ambition de ce projet.
Pour le moment, près de 900 satellites Starlink ont été envoyés dans l’espace par les fusées Falcon 9 de SpaceX. La première capacité opérationnelle performante nécessitant au moins 800 satellites Starlink, il est logique que SpaceX entame la bêta publique de son service. Pour le moment, la société promet aux utilisateurs une vitesse de connexion comprise entre 50 Mb/s et 150 Mb/s, ainsi qu’une latence d’environ 20 ms, jusqu'à 40 ms maximum. Cependant, l'entreprise prévient qu’à certains moments le service pourra être interrompu.
Avec l’augmentation rapide du nombre de satellites mis en orbite, SpaceX précise, dans le mail envoyé aux testeurs, que la vitesse de connexion, la disponibilité du réseau, la latence et les performances globales devraient « s’améliorer considérablement ». À l’été 2021, la latence devrait ainsi tomber aux alentours de 16 à 19 ms.
Pour un service partiel, les performances annoncées restent honorables. De quoi présager le meilleur pour le réseau global Starlink, pour peu que les phases de test montrent des résultats conformes aux promesses.
L’Internet spatial : une révolution ?
Ces bonnes performances en matière de vitesse de connexion et de latence, Starlink les doit à la nature même de son fonctionnement. Aujourd’hui, les réseaux haut-débit terrestres passent par des câbles en cuivre ou en fibre optique. Même si les infrastructures terrestres permettent un débit important, la vitesse de propagation de l'information restera toujours limitée par la vitesse de la lumière. Or, cette vitesse est environ trois fois plus élevée dans le vide spatial que dans le verre qui compose les fibres optiques.
Avec Starlink, SpaceX s'affranchit en partie des limitations techniques des infrastructures au sol. Mais c'est surtout en comparaison des offres Internet satellitaires actuelles que la société d'Elon Musk se démarque.
Des sociétés comme Iridium ou Inmarsat se reposent sur des satellites moins nombreux, ou opérant depuis des orbites plus hautes. Avec des milliers de satellites en orbite basse, au plus proche des utilisateurs, SpaceX promet une vitesse de connexion importante et une latence vraiment minime. La vraie limite en matière de débit ne sera atteinte que si le nombre d'utilisateurs locaux dépasse le nombre de connexions pouvant être gérées par un satellite donné.
Pour le moment, les satellites Starlink et les émetteurs-récepteurs prévus au sol devraient pouvoir largement absorber l’afflux de clientèle attendu par SpaceX. Et même à long terme, pas de problèmes en vue. Si les satellites en orbite basse ont une durée de vie relativement limitée, le fait que SpaceX doivent les renouveler régulièrement permettra d'introduire graduellement de améliorations techniques.
Un ticket d’entrée bien trop cher ?
Les tarifs annoncés pour la phase bêta de Starlink ont entraîné des réactions mitigées sur les réseaux sociaux. Si certains se sont offusqués du prix demandé aux testeurs, d’autres se sont empressés de comparer les 99 $ aux offres Internet fixe et mobile pratiquées aux Etats-Unis et au Canada.
Si Starlink reste plus cher, le service permet cependant une certaine mobilité et, surtout, une connexion haut-débit bien loin des centres urbains. En Amérique du Nord, les zones qui ne sont desservies ni par l'Internet terrestre ni par l'Internet mobile sont encore extrêmement vastes, bien que relativement peu habitées. En cela, Starlink promet d’offrir une véritable révolution pour ses usagers. Et l’Amérique du Nord, qui dispose déjà d’une bonne connectivité, est loin d’être le marché le plus prometteur pour l’Internet spatial de SpaceX.
Une antenne satellite de nouvelle génération
Outre les 99 $ mensuels, il sera nécessaire de débourser 499 $ pour acheter l’équipement permettant de se connecter à Starlink. D’après les informations révélées jusqu’ici, il devrait s’agir d’une antenne en forme de soucoupe et d’un routeur Wi-Fi placés sur un tripode. D’après SpaceX, l’antenne satellite serait une antenne réseau à commande de phase « plus avancée que ce que l’on trouve dans les avions de chasse ».
Il pourrait donc s’agir d’une antenne de technologie AESA, ou antenne à balayage électronique active. Contrairement à une parabole classique, l’utilisateur n’aura pas à orienter l’antenne vers le satellite. Ce sont les modules qui composent l’antenne qui vont automatiquement diriger les faisceaux émis (et reçus) vers le satellite Starlink le plus proche.
Il sera néanmoins nécessaire de positionner l’antenne à un endroit suffisamment dégagé pour offrir un bon signal. Une application mobile devrait être fournie par Starlink, utilisant la réalité augmentée pour permettre de positionner au mieux l’antenne.
Starlink : un service à part
Dans tous les cas, Starlink, comme les autres réseaux internet satellitaires, ne doit pas être comparé frontalement à la fibre, à l’ADSL, à la 4G ni même à la 5G. Il s’agira d’offres nouvelles et complémentaires, qui réduisent les besoins en infrastructures terrestres et offrent de nouveaux usages à leurs utilisateurs.
Si les particuliers sauront en faire bon usage dans certaines régions du monde, Starlink pourrait aussi révolutionner bien des secteurs professionnels, notamment dans le secteur maritime, dans l’exploitation des ressources naturelles en zones reculées, ou encore dans le domaine militaire. Le prix de l'antenne et de l'abonnement peut ainsi sembler élevé pour regarder Netflix en pleine forêt, mais il s'agit d'un investissement minime à intégrer à bord d'un navire, d'un avion, ou d'une base scientifique avancée, pour bénéficier des ressources internet.
Source : The Verge