À l'instar de ce que l'on a connu avec les télécoms, le président de l'autorité de régulation, Sébastien Soriano, milite contre le duopole américain.
Sébastien Soriano a décidé de tirer la sonnette d'alarme face aux dangers du dôme dans lequel les géants du numérique sont en train de plonger Internet. Dans une interview donnée à nos confrères de Libération, le président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), peste contre le duopole mené par Android et iOS.
Google et Apple dictent leur loi, même avec les gros comptes
Selon Sébastien Soriano, la puissance concentrée par les deux systèmes d'exploitation pour mobiles constituerait un obstacle pour l'utilisateur, qui y verrait sa liberté de choix entravée. Le haut-fonctionnaire dénonce même l'impact grandissant de l'influence des OS de Google et d'Apple, qui n'hésite plus à se servir de leur aura pour imposer leurs règles, mêmes face aux « gros ».« En Italie, une enquête vient d'être ouverte par l'autorité de la concurrence après le refus de Google d'intégrer dans le système Android Auto une application de l'électricien Enel permettant aux conducteurs de voitures électriques de localiser des bornes et de les réserver », fait remarquer le président de l'Arcep. Enel, c'est tout simplement le pendant italien d'EDF. « Ce ne sont plus seulement quelques start-up qui se font déréférencer leurs applications pour ne pas avoir respecté les règles de ces nouveaux distributeurs tout-puissants. Ce sont également de gros acteurs qui peuvent se faire éjecter de l'écosystème des Gafa pour des motifs opaques », ajoute le patron de l'autorité administrative indépendante.
Entre le démantèlement et le laisser-faire, il existe une solution intermédiaire
Ce dernier prend aussi l'exemple encore plus frappant de Spotify, qui mène une lutte féroce envers Apple, reprochant à la firme de Cupertino de défavoriser le service de streaming musical suédois, et de privilégier donc son propre service, Apple Music. À eux deux, Android et iOS contrôle la quasi-intégralité du marché mondial des smartphones, ce qui pour Sébastien Soriano justifie l'urgence à réguler ce secteur.Toutefois, le dirigeant ne milite pas pour autant pour un démantèlement, « l'arme nucléaire » selon lui. « Il me paraîtrait plus judicieux et réaliste de commencer par les réguler », avance-t-il plus raisonnablement, adoptant ainsi une position intermédiaire peut-être imposée par la sagesse nécessaire à sa fonction.
Le patron de l'Arcep pense que l'exemple français des télécoms est un cas d'école. Google et Apple pourraient par exemple respecter un principe de neutralité, afin que tout le monde soit sur un pied d'égalité, notamment concernant les installations d'application. En Corée du Sud, les autorités sont parvenues à faire supprimer les applications pré-installées sur les smartphones. Un exemple parmi tant d'autres...
Source : Arcep