La SNCF présente son exosquelette Shiva : "L'Homme préservé plutôt que l'Homme augmenté"

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 29 mai 2019 à 12h17
Shiva, l'exosquelette de la SNCF
Yonnel Giovanelli et l'exosquelette Shiva, le 17 mai 2019 à Paris (Crédits : Alexandre Boero pour Clubic.com)

À l'occasion du salon Viva Technology, la SNCF a présenté Shiva, l'exosquelette qui offre aux agents de la compagnie une aide au port d'objets lourds.

La SNCF a profité de l'édition 2019 de Viva Tech, qui se tenait du 16 au 18 mai Porte de Versailles à Paris, pour présenter une innovation qui commence à faire son trou dans l'imaginaire collectif, mais que l'on ne rencontre encore que très rarement à l'usage.

L'exosquelette Shiva, conçu en partenariat avec la société Ergosanté Technologie et fait à base de ressorts en fibre de verre, présente des capacités d'assistance intéressantes destinées aux agents de la SNCF dans leurs opérations de maintenance, avec pour objectif de porter des objets lourds tout en diminuant le risque de blessure.

Pour en savoir plus, Clubic a rencontré Yonnel Giovanelli, responsable du pôle Ergonomie et Facteurs Organisationnels et Humains de la SNCF, et chef de projet sur les nouvelles technologies d'assistance physique.



Le couteau suisse des assistants

Après avoir lancé un appel d'offres, la SNCF a noué un partenariat avec Ergosanté pour développer pendant trois ans un exosquelette capable de faciliter les tâches les plus encombrantes de ses collaborateurs. « À l'époque, nous n'avions pas trouvé d'exosquelette adapté à nos exigences de travail, car les exosquelettes auxquels nous pensions étaient mono-assistance, lourds, encombrants, et on ne pouvait pas forcément les régler seuls », souligne Yonnel Giovanelli.

La SNCF a alors souhaité se doter d'un exosquelette modulaire, tel un couteau suisse. « Dans nos exigences de travail, nous avions besoin de pouvoir changer l'assistance en fonction de la tâche que l'on est en train de réaliser. C'est ce que nous avons essayé de faire ici », note le responsable du pôle Ergonomie et Facteurs Organisationnels et Humains de la SNCF. Conçu en prévention du dos, du coude et de l'épaule, l'appareil redirige la charge vers les hanches. Shiva représente l'équivalent de cinq exosquelettes en un seul.



Shiva peut assister à la manipulation d'une pièce pesant jusqu'à 15 kilos

Extension des cervicales, inflexion du tronc, maintien des bras en l'air, support outillage et manutention, l'exosquelette ne manque pas d'utilités. « Dans certaines situations, par exemple en fosse pour remplacer des semelles de frein ou des pièces assez lourdes, pour l'instant, nous avons du mal à trouver les systèmes techniques pour pouvoir bénéficier de cette assistance », nous explique Yonnel Giovanelli.

L'utilisation de l'exosquelette Shiva peut permettre d'assister la dépose et la repose d'une pièce qui pèse jusqu'à une trentaine de kilos. L'assistance soutient un poids pouvant atteindre les 15 kilos, ce qui permet de grandement diminuer l'effort de la personne.

Shiva, l'exosquelette de la SNCF
L'exosquelette est fait de ressorts en fibre de verre (Crédits : Alexandre Boero pour Clubic.com

Disponible dès cet été

L'exosquelette Shiva coûte pour le moment 10 000 euros pièce. Fabriqué en France, il devrait être déployé en force au sein de la SNCF. « Nous sommes partis sur une logique d'une centaine d'exemplaires. Mais tout dépendra ensuite des postes, des situations. Car l'appareil peut être attribué à une tâche, à une équipe, tout va dépendre des contraintes que l'on doit compenser », précise notre interlocuteur.

Shiva devrait très vite être disponible sur le marché, comme nous le confirme Yonnel Giovanelli : « Nous sommes dans la fin de la phase de validation du produit et celle de l'homologation, donc il sera disponible à partir du 1er juillet 2019 via la société Ergosanté Technologie ».

Des capteurs placés sur les porteurs pour juger de l'efficacité de l'exosquelette

Les exosquelettes dont la SNCF s'équipe seront déployés dans les technicentres de la compagnie, ces sites spécialisés dans la maintenance du matériel. « Partout en France, nous avons une quarantaine d'établissements, avec de la maintenance de niveau 1 à 3 sur un train, c'est-à-dire que nous faisons les vidanges, changeons les plaquettes de frein ; et de la maintenance dite de "rénovation" dans les technicentres industriels, et là, nous allons pouvoir utiliser cet exosquelette », précise l'ergonome.



Et ce déploiement s'accompagne d'une véritable surveillance des sujets qui s'équipent de l'exosquelette, afin de juger de leur véritable efficacité, sur le terrain et à terme. « Nous essayons de comprendre ce qui se passe. Nous équipons la personne de capteurs (motion capture, électromyogramme, fréquence cardiaque etc.), l'objectif étant de comprendre l'impact de l'exosquelette. Nous avons aussi mis en place un questionnaire qui permet d'évaluer le ressenti des agents qui l'utilisent », révèle Yonnel Giovanelli.

Shiva, l'exosquelette de la SNCF
S'équiper de Shiva prend environ deux petites minutes (Crédits : Alexandre Boero pour Clubic.com

Dans un marché grandissant, la SNCF a fait son choix : privilégier l'humain à la performance

Le marché des exosquelettes est en pleine expansion. Exosquelettes militaires, médicaux, industriels et publics, les secteurs dans lesquels cette technologie est sollicitée sont de plus en plus nombreux. « Nous, nous sommes dans le cas de l'exosquelette industriel, indique Yonnel Giovanelli. Beaucoup de produits sont déjà sur le marché, d'autres vont arriver. Ce qui est intéressant, c'est que beaucoup de scientifiques se lancent dans la démarche en France mais aussi aux États-Unis ou en Allemagne. Tout le monde se pose des questions, tout le monde essaie de faire en sorte que ce soit une aide pour l'agent ».

« Nous sommes dans la logique de l'Homme préservé, pas dans celle de l'Homme augmenté. Le but n'est pas de développer les capacités de l'agent, mais plus de compenser ce qui est physiquement difficile », conclut notre ergonome. Nul doute que l'utilisation des exosquelettes au sein de la SNCF sera étudiée de près par les entreprises sensibles à la pénibilité dans le monde du travail et soucieuses d'améliorer ne serait-ce qu'un tant soit peu le confort de leurs collaborateurs.

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Commentaires (8)
Saulofein

Ce type d’exosquelette a été réalisé il y a au moins 7ans par d’autres sociétés…
Pourquoi ne fait-on pas de choses innovantes en France? On se contente de copier ce que font les autres avec une dizaine d’années de retard, en nous vendant le truc comme une innovation majeure…
Ils ont déjà du mal a faire un wagon de la bonne taille du premier coup, je les voit mal révolutionner le transhumanisme!

Creepy78

Purée… pour ne pas dire autre chose. Tous les jours que dieu faitce #{~#{ de RER de #{#[[| ne fonctionne pas il y’a toujours quelque chose.

Ce mois si j’ai eu 2 trajets sans pb …
Et la SNCF s’amuse à développer des “robot” à prix d’or… Je suis fou …

Ferait mieux dese concentrer sur le transport des voyageurs.

Je suis fou …

yatto

Ca a grave de la gueule, surtout comme un système d’aide qui encombre le moins possible. Et c’est une bonne démarche de penser à qualifier le ressenti de l’opérateur, avec en plus la quantification par capteurs pour “comprendre ce qui se passe”.

Des exosquelettes, y’en a déjà plein, mais celui-ci fait tout pour être un vrai support complet à l’effort, tout en ayant le moins de gêne possible (notamment la partie réglage, que l’opérateur fait sans assistance).

Merci pour cet article Clubic !

raymondp

Bin, il vaudrait mieux qu’ils appellent Tony Stark à la rescousse, car ça n’a pas encore l’air très pratique ! (en plus d’être moche)

carinae

c’est vrai mais ça n’empêche pas de faire de la concurrence aux autres entreprises … Bienvenu dans la mondialisation …
Les entreprises françaises en sont les 1ere victimes pourquoi ne pas faire pareil hein …

fbz

Déjà existant, BMW s’en sert pour ses ouvriers dans les usines de montage.

version siege

ItsMe

Si ça peut aider directement ou indirectement pour que les trains soient à l’heure, c’est plutôt cool

NOXteam

et puis meme si on a bcp de retard, il ne faut pas laisser le cas s’aggraver! déjà que les allemands ont 3X plus de robot par actif que les français… je comprends âs notre gouvernement, on a une autoroute de croissance sur la biomecanique…

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