Molière a bien écrit ses pièces lui-même, preuve faite par analyse informatique du CNRS

Benoît Théry
Publié le 29 novembre 2019 à 16h23
Livre manuscrit
© Pixabay

L'un des plus célèbres auteurs français, à l'origine de Tartuffe, de L'Avare ou encore du Malade Imaginaire a-t-il bien écrit les pièces dont on lui a jusuq'à présent attribué la paternité ? Le sujet fait débat, mais d'après une étude, Jean-Baptiste Poquelin est bel et bien à l'origine de ses œuvres.

Ceci doit répondre à des études précédentes ayant affirmé que Pierre Corneille, l'un des contemporains de Molière, aurait pu en être le réel auteur.

Nos écrits nous trahissent

« Il est facile d'être méfiant », explique Florian Cafiero, co-auteur de la nouvelle étude et linguiste informaticien au CNRS. Dès 1919, l'écrivain Pierre Louÿs a émis l'hypothèse selon laquelle Corneille aurait pu être le « prête-plume » (ou « écrivain fantôme ») de Molière.

Jean-Baptiste Camps, un expert en philologie (l'étude d'une langue à partir de ses écrits), et Florian Cafiero ont donc réuni 37 textes attribués à Molière, à Corneille et à dix autres contemporains du célèbre auteur. Les pièces ont été numérisées et analysées par ordinateur, s'attardant sur diverses caractéristiques de chaque écrit. L'ordinateur a notamment analysé la fréquence de différents mots de liaison articulant les phrases : « de », « le », « si », « et »... Des caractéristiques qui, selon Florian Cafiero, « signent beaucoup qui on est ».

Un résultat « sans appel »

« Sur toutes les caractéristiques qu'on étudie, Corneille n'est jamais proche de Molière. Le résultat est sans appel. C'est une bonne preuve que Molière a bien écrit ses chefs-d'oeuvre. », affirme Florian Cafiero.

Joan DeJean, professeur de littérature française à l'Université de Pennsylvanie, dit ne pas être surpris. Selon lui, malgré les règles d'écriture particulièrement strictes au XVIIe siècle, Molière y avait un style remarquable et reconnaissable. Florian Cafiero confirme à l'AFP : « Le théâtre du XVIIe siècle est très codifié, il y a la règle des unités, une versification très codifiée, des manières de faire rythmer, il y a des sources d'inspiration qui sont les mêmes. Tout va vite se ressembler, mais Molière fait partie de ceux qui s'isolent le mieux ».

Le débat concernant les grands auteurs a été relancé au cours des années 2000, le développement de l'informatique ayant permis le perfectionnement d'analyses linguistiques plus poussées. Récemment, une IA a déterminé le rôle de Shakespeare dans l'écriture des grandes pièces anglo-saxonnes. Aujourd'hui, la police utilise des procédés semblables pour repérer des usurpations d'identité et l'usage de faux.

Source : ScienceMag.
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Commentaires (4)
notolik

Intéressant, surtout l’ouverture en fin d’article.

Par contre je ne vois pas en quoi prouver que Corneille n’avait pas écrit les œuvres imputés à Molière était nécessaire.
Juste lever le doute?
Une descendance revendique des droits? (lol)

Ce procédé sera utile ailleurs, c’est certain, mais dans le cas précis évoqué je ne vois pas trop…

Al_Jardine

Certes mais qui nous dit que Molière était réellement Molière… et non un imposteur qui se faisait pour lui…?

cirdan

De même… Qu’est-ce qui nous dit que personne ne s’est pas emparé de ton profil ou l’utilise à ton insu et que tu es bien l’auteur de ton commentaire ?.. :thinking:

jcc137

Peut-être (comprendre « sûrement ») pour rendre à César ce qui appartient à César…

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