L'un des plus célèbres auteurs français, à l'origine de Tartuffe, de L'Avare ou encore du Malade Imaginaire a-t-il bien écrit les pièces dont on lui a jusuq'à présent attribué la paternité ? Le sujet fait débat, mais d'après une étude, Jean-Baptiste Poquelin est bel et bien à l'origine de ses œuvres.
Ceci doit répondre à des études précédentes ayant affirmé que Pierre Corneille, l'un des contemporains de Molière, aurait pu en être le réel auteur.
Nos écrits nous trahissent
« Il est facile d'être méfiant », explique Florian Cafiero, co-auteur de la nouvelle étude et linguiste informaticien au CNRS. Dès 1919, l'écrivain Pierre Louÿs a émis l'hypothèse selon laquelle Corneille aurait pu être le « prête-plume » (ou « écrivain fantôme ») de Molière.Jean-Baptiste Camps, un expert en philologie (l'étude d'une langue à partir de ses écrits), et Florian Cafiero ont donc réuni 37 textes attribués à Molière, à Corneille et à dix autres contemporains du célèbre auteur. Les pièces ont été numérisées et analysées par ordinateur, s'attardant sur diverses caractéristiques de chaque écrit. L'ordinateur a notamment analysé la fréquence de différents mots de liaison articulant les phrases : « de », « le », « si », « et »... Des caractéristiques qui, selon Florian Cafiero, « signent beaucoup qui on est ».
Un résultat « sans appel »
« Sur toutes les caractéristiques qu'on étudie, Corneille n'est jamais proche de Molière. Le résultat est sans appel. C'est une bonne preuve que Molière a bien écrit ses chefs-d'oeuvre. », affirme Florian Cafiero.Joan DeJean, professeur de littérature française à l'Université de Pennsylvanie, dit ne pas être surpris. Selon lui, malgré les règles d'écriture particulièrement strictes au XVIIe siècle, Molière y avait un style remarquable et reconnaissable. Florian Cafiero confirme à l'AFP : « Le théâtre du XVIIe siècle est très codifié, il y a la règle des unités, une versification très codifiée, des manières de faire rythmer, il y a des sources d'inspiration qui sont les mêmes. Tout va vite se ressembler, mais Molière fait partie de ceux qui s'isolent le mieux ».
Le débat concernant les grands auteurs a été relancé au cours des années 2000, le développement de l'informatique ayant permis le perfectionnement d'analyses linguistiques plus poussées. Récemment, une IA a déterminé le rôle de Shakespeare dans l'écriture des grandes pièces anglo-saxonnes. Aujourd'hui, la police utilise des procédés semblables pour repérer des usurpations d'identité et l'usage de faux.
Source : ScienceMag.