Devant le développement exponentiel des illustrations créées par intelligence artificielle, la banque d'images a vraisemblablement senti le vent tourner.
Pour s'adapter au plus vite à cette nouvelle forme de concurrence, Shutterstock prévoit donc d'en monétiser certaines créations auprès de ses utilisateurs. Le système imaginé devrait permettre de rétribuer les auteurs des images utilisées par l'IA pour en créer de nouvelles, aidant ainsi à contourner la question encore non résolue de la propriété intellectuelle dans ce cas. De leur côté, les concurrents de Shutterstock se montrent beaucoup plus frileux à cette idée et critiquent la démarche.
Shutterstock veut régler les problèmes de propriété intellectuelle soulevés par DALL-E… et se tailler une part du gâteau
Il est peu probable que vous soyez passé à côté du développement des intelligences artificielles dans le but de générer des images à partir d'un texte. Ces dernières, qui se multiplient sur les réseaux sociaux depuis quelques mois, semblent s'améliorer à vue d'œil. Ainsi, certains des visuels produits sont si crédibles que l'un d'entre eux a gagné un concours d'art aux États-Unis face à des œuvres produites par des humains. Par ailleurs, graphistes et illustrateurs se montrent très inquiets de ce développement, qui risque de rapidement leur faire concurrence à des prix imbattables (puisque, le plus souvent, c'est gratuit).
Devant cette évolution, Shutterstock a décidé de prendre les devants. Dans un communiqué de presse, la banque d'images a en effet annoncé son intention de créer un fonds de contribution qui permettrait d'indemniser les artistes dont les créations ont permis d'entraîner les intelligences artificielles, le plus souvent sans leur consentement. Ce fonds, alimenté par les clients qui paieraient pour obtenir les droits d'illustrations créées par IA, devrait également rémunérer les artistes dont les images seraient utilisées dans le cadre de futures créations.
En rendant ces dernières payantes, l'objectif de Shutterstock est de rejoindre un nouveau marché, mais aussi de rétablir des pratiques concurrentielles plus loyales par rapport aux professions directement affectées. Surtout, sa décision constitue une possibilité de réponse aux créateurs de contenu qui se plaignent de n'être pas rémunérés pour l'utilisation de leur travail, une question encore loin d'être tranchée.
Une idée prématurée et potentiellement illégale, selon la concurrence
Si ce projet est compréhensible du point de vue de la banque d'images, il reste des interrogations, et la concurrence se montre beaucoup plus réservée sur l'intérêt de la démarche. En effet, Shutterstock, qui ne parle que de DALL-E dans son communiqué de presse, ne précise pas comment rendre suffisamment attractives ses images pour que des clients soient prêts à les payer quand d'autres moteurs, MidJourney par exemple, restent gratuits.
De son côté, le P.-D.G. du concurrent Getty Images a vivement critiqué cette annonce. Pour lui, se lancer dans un tel projet alors qu'aucune question juridique n'est vraiment réglée est complètement prématuré. Son entreprise a d'ailleurs interdit d'uploader des images créées de la sorte sur son site pour, selon lui, « protéger ses clients des risques légaux ». De plus, il argue que se lancer tête baissée dans la commercialisation d'une technologie qui n'en est probablement qu'à ses débuts est un comportement imprudent qui pourrait bien un jour se révéler illégal.
Sources : Gizmodo, Shutterstock