La start-up italienne Cap_able veut offrir aux populations le pouvoir de choisir d'être identifiées ou non par les systèmes de reconnaissance faciale.
Ces derniers, très pratiques pour débloquer son téléphone en un instant ou pour déverrouiller une serrure avec panache, s'insinuent de plus en plus dans l'espace public et deviennent un outil de surveillance omniprésent. Risquant de mettre en péril la vie privée de plus en plus de citoyens, cette tendance fait naître des contre-attaques toujours plus inventives.
Forcer l'algorithme à identifier le porteur comme étant une girafe
Cap_able, fondée et dirigée par Rachele Didero à Milan, propose une gamme de prêt-à-porter au design… original. Robes, pantalons, pulls ou t-shirts, c'est une bonne partie d'une garde-robe qui peut y passer. Si ces vêtements ne sont pas forcément au goût de tous, le but est surtout de leurrer les algorithmes.
Il s'agit de tromper les caméras en leur imposant d'identifier tout autre chose qu’un être humain. Le porteur peut ainsi être assimilé à une girafe, un zèbre, de la nourriture ou tout autre objet, empêchant alors toute tentative d'identification. Didero explique que « c'est la transposition de certaines images sur le tissu qui est capable de confondre les algorithmes de reconnaissance faciale ».
Fusionner stylisme et informatique
Pour créer les motifs, la startup s'est appuyée sur le populaire système de reconnaissance faciale YOLO pour concevoir des « algorithmes contradictoires ». Ceux-ci peuvent affiner un modèle créé par les concepteurs à partir d'une image-leurre, ou en concevoir un selon des paramètres prédéfinis de taille, de couleur ou de forme.
Cependant, les ingénieurs ont été contraints de pousser l'innovation plus loin. En effet, après la création des motifs vient la fabrication des vêtements, qui est plus complexe qu'il n'y paraît. Le fondateur de Cap_able explique qu'après la conception de l'illustration, « vient la programmation de la machine à tisser, qui doit respecter certains critères pour pouvoir reproduire le tissu – qui peut aussi être composé de différents fils ». Cette étape serait essentielle pour permettre à leur algorithme d'être « intégré » directement dans le vêtement.
L'entreprise ne veut pas s'arrêter là, «… nous prévoyons de lancer une collection d'accessoires, puis d'appliquer la technologie à une surface plus petite. Nous allons également travailler sur la composition matérielle des fils, de sorte qu'à l'avenir, nous serons en mesure d'envisager d'autres types de détections que la reconnaissance visuelle ». Cependant, si la technologie est impressionnante, on peut se demander combien de temps mettront les algorithmes de reconnaissance faciale pour trouver une riposte.
Source : Wired, Cap_able, Cap_able sur YouTube