Le CDC (Centers for Disease Control and Prevention), le principal organe de protection de santé publique aux Etats-Unis fournit régulièrement des chiffres sur les suicides dans son pays. L'agence s'intéresse aujourd'hui aux réseaux sociaux et à l'intelligence artificielle pour améliorer l'établissement de statistiques, rapporte Vox.
Actuellement, la réalisation d'études concernant le suicide peut prendre jusqu'à deux ans.
« Connaître la véritable nature de ce qu'il se passe »
Au CDC, les taux de suicide sont calculés à partir des rapports de décès émis par les 50 états américains. Comme le précise Rebecca Heilweil, à la rédaction de Vox, ce sont là les informations les plus précises et les plus fiables sur lesquelles le CDC peut compter, mais les collecter prend du temps. La rédactrice explique ainsi que « [ le CDC ] le fait parce que ses statistiques actuelles sur le suicide remontent jusqu'à deux ans, ce qui signifie que les responsables élaborent des politiques et allouent des ressources en santé publique dans tout le pays sans disposer de chiffres mis à jour ».Interrogée par le décrypteur de Vox, Recode, la professeure de la Georgia Tech's School of Interactive Computing, Munmun de Choudhury, a déclaré que cet historique de deux ans devait être amélioré. Elle affirme que « lorsque vous avez des données datées et que vous savez que le taux de suicide augmente, mais que vous ne savez pas dans quelle mesure, cela peut avoir un impact grave sur les types d'interventions que les organisations comme le CDC peuvent faire ». Et d'ajouter : « Si nous voulons faire quelques changements de politique, d'intervention [ ou ] d'allocation budgétaire, nous devons connaître la véritable nature de ce qu'il se passe dans le monde en termes de santé mentale ».
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Un algorithme déjà au point
Pour y parvenir, les chercheurs de la Georgia Tech's School qui travaille avec le CDC, espèrent tirer parti de contenus disponibles en temps réel sur Internet, plus précisément sur Twitter et Reddit. L'idée est d'y détecter des mots-clés liés au suicide, que l'on peut trouver sur les réseaux sociaux, mais aussi dans des communiqués de presse et dans les tendances rapportées par Google Trends et YouTube Trends. Ces données sont combinées à d'autres, notamment les appels enregistrés sur les numéros de lutte anti-suicide et aux analyses déjà effectuées par le CDC. Cette masse d'informations doit ensuite être utilisée par les chercheurs pour mettre au point un algorithme qui permettra à une IA de déterminer un taux de suicide fiable. À terme, l'objectif est de permettre la mise en oeuvre de politiques publiques plus réactives et plus proches de la situation réelle.Cet algorithme a déjà été créé et testé, Munmun de Choudhury rapportant qu'il avait affiché un « succès remarquable ». L'algorithme a en effet fourni des données fiables un an avant que les rapports de décès ne soient disponibles, et avec un taux d'erreur inférieur à 1 %. « Ce nombre représente une moyenne de la différence entre le taux de suicide attendu et le taux effectivement observé, tel qu'historiquement rapporté par le CDC », précise Recode.
Le média rappelle par ailleurs que l'initiative du CDC constitue une nouvelle expérimentation de l'IA dans le domaine de la santé publique, des idées similaires étant déjà utilisées pour détecter les ventes illicites d'opioïdes en ligne par exemple. Rebecca Heilweil souligne que « des approches comme celles-ci pourraient aider à sauver des vies, mais elles rappellent que les informations partagées publiquement sur Internet orientent de plus en plus les politiques de santé, ce qui pourrait aider à prendre des décisions qui ont un réel impact sur nos vies ».
Source : Vox