© Orange
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L'entretien du réseau cuivre d'Orange, vieillissant, pèse de plus en plus lourd financièrement. L'opérateur historique veut que ses concurrents participent davantage.

Si dans le monde des télécoms tout a un prix, celui de l'entretien du réseau cuivre se révèle particulièrement important. Orange ne dit évidemment pas le contraire, et pour cause. Le président-directeur général de l'opérateur, Stéphane Richard, évoque son attente de moyens supplémentaires pour l'entretien du réseau. Et il ne compte pas les assumer seul.

Orange estime le coût supplémentaire d'un réseau cuivré en bon état à des centaines de millions d'euros

L'entretien du réseau téléphonique d'Orange, voilà une question qui turlupine divers acteurs, qu'ils soient des concurrents de l'opérateur ou institutionnels. Il y a une quinzaine de jours, la députée LREM de la Drôme, Célia de Lavergne, s'est vue confier par la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale une mission « flash » portant justement sur le service universel.

Il est notamment attendu de l'élue qu'elle livre au gouvernement des propositions concrètes d'ici la mi-février visant à améliorer le service pour les « oubliés » de la téléphonie fixe dans les zones rurales.

Cette mission a évidemment fait réagir les opérateurs, parmi lesquels celui chargé de l'entretien du réseau fixe téléphonique : Orange. Critiqué pour le mauvais état des lignes, l'opérateur historique se défend en fustigeant la concurrence, qu'il accuse de ne pas assez participer aux frais. « Si vous considérez que le réseau cuivre doit être opérationnel partout, à 100%, avec des délais très courts sur l'ensemble du territoire, il faut probablement plusieurs centaines de millions d'euros supplémentaires », détaille le P.-D.G. Stéphane Richard.

L'opérateur historique veut mettre (davantage) ses concurrents à contribution

En fin d'année dernière, Orange avait obtenu une hausse du coût de location des lignes, remonté à 9,65 euros par mois, au moins sur les trois prochaines années. Mais l'opérateur historique profite des travaux de la députée Célia de Lavergne et de la récente nomination de Laure de la Raudière à la tête de l'ARCEP, le régulateur des télécoms, pour réclamer une hausse supplémentaire à hauteur de trois euros par ligne et par mois. Une franche augmentation, donc.

Le réseau cuivré, qui porte l'ADSL, est progressivement délaissé au profit de la fibre. En un an, le nombre d'abonnés ADSL est passé de 20 à 16 millions, ce qui entraînerait une perte de revenus locatifs pour Orange, à laquelle Xavier Niel a réagi, la semaine dernière, non sans ironie. « Si cette activité est déficitaire pour Orange, pourquoi ne pas sortir le réseau de la société pour en faire une filiale, cotée à part, indépendante, comme dans certains pays ? », suggère le fondateur de Free.

Sans le dire tel quel, Xavier Niel pointe du doigt une certaine hypocrisie de son concurrent, qui aurait profité du financement des télécoms sur ces deux dernières décennies pour gonfler son parc d'abonnés et ses bénéfices par le biais d'autres mécanismes que le réseau cuivre. Des discussions qui paraîtront peut-être lointaines d'ici quelques années, lorsque la France sera entièrement fibrée. Ce qui reste l'objectif du gouvernement pour 2025.

Source : Les Echos