L'opérateur historique Orange a annoncé jeudi la fin du processus, évoquant une « divergence de stratégie de déploiement ».
Les relations entre Orange et Free ont toujours été, disons, « particulières ». Les dernières sorties des deux opérateurs télécoms français peuvent une fois de plus le prouver. Jeudi 28 janvier, Orange a annoncé avoir mis fin aux discussions autour d'un accord de partage de réseau mobile avec Free. Celui-ci, qui portait sur la 5G, était dans les tuyaux depuis la fin des enchères de l'automne dernier. Chacun des deux concurrents y va de ses petits reproches.
La mutualisation était officiellement au centre des discussions depuis la fin des enchères
Le 21 octobre 2020, en marge de l'Université d'été du Très Haut Débit, le président-directeur général d'Orange Stéphane Richard avait clairement ouvert la voie à une mutualisation de la 5G entre les deux opérateurs, une possibilité qui fut plus tôt évoquée par l'ARCEP, s'agissant notamment du partage des sites mobiles dans les zones rurales.
Free et Orange, malgré leurs divergences, sont en outre déjà partenaires de circonstance sur l'itinérance 2G et 3G depuis 2012, qui doit d'ailleurs arriver à son terme à la fin de l'année prochaine.
Mais on sait qu'Orange et Free opèrent deux stratégies différentes s'agissant de la 5G. Le premier cité concentre de sérieux investissements sur des antennes émettant sur la bande de fréquences 3,4 - 3,8 GHz, bande cœur de la 5G, tandis que le second, lui, a d'abord privilégié la bande de fréquences 4G 700 MHz pour s'offrir une plus large portée de la technologie de cinquième génération sur le territoire.
En fin de semaine dernière, les « meilleurs ennemis » ne sont pas parvenus à trouver un terrain d'entente.
Orange et Free : pas au même rythme et des priorités différentes
Finalement, la mutualisation des réseaux 5G est tombée à l'eau. Dans un court communiqué de presse, Orange dit avoir constaté « une divergence de stratégie de déploiement », rappelant que la qualité de ses réseaux restait une priorité.
Free, de son côté, avait à peine un peu plus tôt lancé un pavé dans la mare au travers de son fondateur Xavier Niel, qui le même jour rencontrait les membres de l'AFEJ, l'association des journalistes économiques et financiers. Devant eux, il a évoqué un décalage presque dans la façon d'être des deux entreprises. « On a découvert que le rythme d'une entreprise entrepreneuriale comme peut l'être Iliad, ce n'est pas celui d'une administration comme l'est Orange », s'est-il expliqué.
Face à Orange, Free « n'y arrivait pas », a aussi concédé Xavier Niel. « En face de nous, on avait une société qui ne tranchait pas, qui n'avançait pas. À un moment, nous nous sommes dit, ça va prendre trois ans ».
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
Ce que soulève Xavier Niel est intéressant. Cette fameuse différence de fonctionnement paraîtrait presque être un désaveu, mais elle est en réalité le reflet de deux entreprises qui ne jouent pas encore tout à fait dans la même catégorie en raison de leurs positions historiques, et qui ont des stratégies bien différentes. La façon de « délivrer » la 5G aux clients en est la preuve, Orange misant sur les investissements et un réseau plus qualitatif tandis que Free a opéré un repositionnement d'anciennes antennes 4G (du moins dans un premier temps) pour devancer ses concurrents dans la communication, et offrir à ses clients un réseau plus quantitatif.
Source : communiqué de presse, Les Echos