Sans compter les premiers investissements 5G, les opérateurs télécoms ont été encore plus généreux l'année passée que l'année précédente, note l'ARCEP dans son rapport annuel. 2019 aura par ailleurs marqué la fin de la course à la baisse des prix des offres fixes et mobiles.
L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) a publié, ce mardi 16 juin 2020, son observatoire des marchés des télécoms pour l'année 2019. On peut en tirer plusieurs enseignements de taille, mais le plus important d'entre eux consiste en la hausse des investissements consentis par les quatre principaux acteurs : Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free.
Des investissements en hausse en 2019, portés par la fibre optique
En 2019, les opérateurs de télécommunications français ont investi 500 millions d'euros supplémentaires par rapport à 2019, portant leur investissement total sur l'ensemble de l'année à 10,4 milliards d'euros. On peut noter que ce montant, qui ne comprend pas les 1,4 milliard d'euros d'engagements des opérateurs au titre des enchères 5G, a progressé de près de 50% sur ces cinq dernières années. Avec la part belle faite à la fibre optique de bout en bout, représentant 410 millions d'euros en plus l'an dernier.
« Ce chiffre était de 7 milliards il y a 5 ans […]. Nous ne sommes pas à la recherche de nouvelles hausses d'investissements. Ce qui nous intéresse, c'est le maintien sur la durée de ces investissements à hauteur de 10 milliards d'euros chaque année », a commenté le président de l'ARCEP Sébastien Soriano, mardi en marge de la présentation de l'observatoire.
Les investissements fixes (7,8 milliards d'euros), portés par la fibre, auront encore une fois été très nettement supérieurs aux investissements mobiles (2,6 milliards d'euros), qui sont en baisse en 2019. Une baisse justifiée « par une mutualisation entre opérateurs » qui a permis de faire diminuer la facture, a justifié Sébastien Soriano, dont le mandat à la tête du régulateur des télécoms arrive à son terme à la fin de l'année.
Autre point important à étudier chaque année : les revenus des opérateurs. Sur le marché de détail, ils ont encore diminué, comme c'est le cas de façon constante depuis plusieurs années maintenant. En 2019, le secteur a généré 35,18 milliards d'euros de revenus, contre 35,54 milliards d'euros en 2018 et 36,39 milliards d'euros en 2015. La croissance du revenu des services mobiles se poursuit (+1,5%, 13,32 milliards d'euros) alors que le revenu des services fixes poursuit sa chute (-2,3%, 16,44 milliards d'euros).
Pour la première fois depuis 10 ans, les prix des offres mobiles et fixes ont cessé de diminuer
Après des années de chute, les prix des services mobiles et fixes sont très légèrement repartis à la hausse en 2019, même si à l'échelle historique on peut davantage évoquer une stabilisation du marché, que ce soit pour le mobile (+0,3%) ou pour le fixe (+1,3%), comme vous pouvez le voir sur ce graphique de l'ARCEP ci-dessous.
L'ARCEP a également salué l'augmentation du nombre de locaux éligibles au FttH (18,3 millions fin 2019, soit 4,8 millions d'accès supplémentaires en un an). Rappelons qu'à la fin de l'année, 7,1 millions de foyers bénéficiaient d'une offre de fibre optique en France. C'est 2,3 millions de plus que l'année précédente. Sébastien Soriano a salué certaines décisions, comme celle d'Orange de basculer de façon définitive du cuivre vers la fibre optique. « Mais nous avons besoins d'éléments d'accompagnements beaucoup plus détaillés de la part de l'opérateur », a-t-il toutefois tempéré.
Au total, on compte 29,8 millions d'accès à haut et très haut débit en France, et 77,2 millions de cartes SIM en circulation, dont une majorité (71%) en 4G. Deux statistiques en nette hausse également en 2019. Et puisque nous parlons de la 4G, le président de l'ARCEP a noté l'amélioration globale du réseau français dans le cadre du New Deal, la France étant passée du 24e rang européen il y a cinq ans au 13e rang sur la technologie l'année dernière. « Ce n'est pas encore suffisant », a réagi Sébastien Soriano qui, en livrant cette statistique, maintient une certaine pression sur les opérateurs.
Source : Observatoire annuel de l'ARCEP / Conférence de presse