Le gouvernement avait préconisé la rentrée, l'autorité des télécoms a fini par trancher en sa faveur. La bataille pour les blocs de fréquence de 10 MHz ne démarrera donc que dans quatre mois.
La décision de l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (ARCEP) concernant la reprise de la procédure d’attribution de la bande 5G 3,4-3,8 GHz en métropole était très attendue. Le régulateur des télécoms a annoncé, jeudi 11 juin, un démarrage des enchères, initialement prévues en avril, à une date « entre le 20 et 30 septembre ». L'autorité en a profité pour confirmer la délivrance des autorisations pour cet automne et le lancement commercial possible de la technologie d'ici la fin de l'année.
Ce qui est en jeu entre les opérateurs
Alors que chacun des quatre opérateurs (Bouygues Telecom, Free, SFR et Orange) a pu obtenir un bloc de fréquences de 50 MHz pour 350 millions d'euros, les plaçant tous sur un pied d'égalité jusqu'à maintenant, l'enchère à venir à la rentrée permettra de départager les quatre acteurs, et de dresser une hiérarchie entre eux sur la 5G française.
Concrètement, les 110 MHz (dans la bande « cœur » 3,4-3,8 GHz)qu'il faut encore répartir seront découpés en 11 blocs de 10 MHz, qui seront tous mis aux enchères à un prix de départ unitaire fixé à 70 millions d'euros par l'ARCEP et le gouvernement. Ce dernier s'attend d'ailleurs à ce que la procédure totale des enchères 5G lui rapporte au moins 2 milliards d'euros au final. Reste à savoir quel sera le combat mené entre les opérateurs, qui ne sont pas tous favorables à une procédure lancée à la rentrée.
Si Orange et la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher militent pour des enchères en septembre ou octobre et que Free demande à ce qu'elles aient lieu au plus vite pour préserver la compétitivité du secteur, on estime, chez SFR, que l'urgence doit rester le déploiement de la fibre et de la 4G en zone rurale. Même son de cloche du côté de Bouygues Telecom, où on considère que la 5G n'aurait pas une grande utilité dans les prochains mois, dans le sens où ses usages n'arriveront que plus tard et que les Français préfèrent d'abord bénéficier d'une meilleure couverture mobile.
L'ARCEP précise le calendrier de la 5G, et n'oublie pas la 4G
Dans sa communication, l'ARCEP précise que le décalage de la procédure d'enchères aura permis de prendre en compte certains impératifs, confrontés à un contexte frappé par la crise. L'autorité a précisé que l'enchère principale « sera suivie en octobre d’une enchère pour le positionnement des fréquences des lauréats dans la bande puis de la délivrance des autorisations qui devrait avoir lieu en octobre ou novembre ». L'ouverture commerciale de la 5G se fera ensuite à l'initiative des opérateurs, mais elle est espérée avant la fin de l'année. Les équipements de réseau 5G de la bande 3,4-3,8 GHz, eux, se feront sur plusieurs années.
Décidée à ne pas mettre le couteau sous la gorge des opérateurs, l'ARCEP a décidé de lever l'obligation fixée par le cahier des charges qui imposait un lancement commercial de la 5G dans au moins deux villes par opérateur avant la fin de l'année. Le lancement des offres 5G avant cette date n'est donc plus imposé, mais conseillé.
Enfin, l'ARCEP a souhaité mettre l'accent sur la 4G dans les zones de moindre densité et annoncer qu'outre les installations de sites mobiles dans le cadre du New deal mobile, de nouvelles obligations pour renforcer l'équipement 4G de la France seront posées pour les opérateurs, qui devront « assurer dès fin 2022 la 4G+ d’au moins 75% de leurs sites ».
Source : ARCEP