Quel est votre sentiment sur le marché de la vidéo à la demande ?
Vous pensez donc qu'il est impossible de concilier des contenus récents et un catalogue fourni d'œuvres ?
M.C : Tout ce qui est rare est cher. Les contenus de valeur coutent donc à ceux qui désirent les proposer à leurs clients. Mais la question n'est désormais plus là, tout le monde consomme en mode délinéarisé (sans respecter une grille de programmes définie) et l'enjeu est de proposer une offre attractive et capable de séduire. En France, le problème vient du fait que ceux qui proposent des plateformes de VoD ne savent pas comment il faut promouvoir leurs contenus. Ils pensent que passer leur boutique en ligne « de 10 000 m² à 50 000 m² » est une bonne manière de faire progresser leur audience.
Mais les interfaces sont mauvaises, je veux dire par là qu'elles sont statiques. Il est, à mon sens, nécessaire de mettre en place des programmations fréquentes, de mieux contextualiser les contenus et de faire autre chose qui ne ressemble pas au Web de 1997.
Comment rendre ces plateformes plus dynamiques ?
M.C : Nous développons actuellement des outils qui permettent d'intégrer les flux au sein de notre interface. L'objectif est ainsi de proposer un nouveau moteur basé sur ces réseaux sociaux avec des écrits en temps réel mais aussi des ajouts d'extraits ou bien encore des images. Avant de consulter un programme, il sera donc possible de lire l'ensemble des informations sur une œuvre donnée. La grosse partie du travail est faite et cette nouvelle plateforme sera très prochainement disponible.
Mais il est important de comprendre que les éditeurs grattent seulement à la surface de ce qu'il est possible de faire. L'objectif étant finalement de relinéariser les contenus à la demande qui ne doivent pas rester à l'état de surgelés.
En France, la chronologie des médias impose des obligations aux diffuseurs en ligne. Cette règle représente-t-elle une barrière au développement d'offres à la demande ?
M.C : Encore une fois, les freins ne se trouvent pas forcément à ce niveau. A Paris, lorsqu'un cinéma de quartier fait une rétrospective d'un auteur, c'est un carton et les salles sont pleines. C'est donc une question de programmation et plutôt un souci d'appliquer une logique Internet à la VoD plutôt qu'une logique propre à la télévision.
Cela ne passe pas non plus par une augmentation des prix. Pour GreyJuice par exemple, nous proposons certes une offre clé en main mais nous prenons ensuite un pourcentage sur les ventes de contenus.
Est-ce pour cela que votre activité s'est développée très majoritairement en Asie du sud-est et au Moyen-Orient ?
M.C : Nous avons été pionniers dans ce domaine. J'ai créé Glowria (depuis propriété de Videofutur) qui a permis de mettre en place un service de vidéo à la demande pour Neuf-Cegetel mais le marché est compliqué. Nous sommes désormais, avec GreyJuice, présents à l'international dans des régions où le marché est plus ouvert et les choses plus faciles à gérer.