Une amende de 100 000 euros par jour, voilà la menace qui plane sur les fournisseurs DNS Belgique. Et c'est sans doute la raison pour laquelle, sans grandes pompes, Cisco a choisi de désactiver son service Open DNS chez nos voisins belges, après avoir appliqué la même stratégie en France.

La lutte contre le streaming illégal et l'IPTV ne cesse de se renforcer en Europe. ©Denniro / Shutterstock
La lutte contre le streaming illégal et l'IPTV ne cesse de se renforcer en Europe. ©Denniro / Shutterstock

L’entreprise américaine a annoncé la suspension d’OpenDNS pour les utilisateurs belges à compter du 11 avril 2025, en réponse à une ordonnance judiciaire imposant le blocage de sites de streaming illégal. Une décision qui illustre la pression croissante exercée sur les acteurs techniques d’Internet en Europe, désormais en première ligne dans la lutte contre le piratage IPTV.

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Une ordonnance de blocage au cœur du retrait

Bien qu'on en sache peu, Cisco n'ayant pas communiqué sur sa décision, son choix découle à priori d’une ordonnance judiciaire obtenue par le diffuseur DAZN. Celle-ci contraint plusieurs acteurs du DNS – dont Google, Cloudflare et Cisco (OpenDNS) – à bloquer l’accès à plus de 130 noms de domaine liés à des sites de streaming sportif illicite et à cinq plateformes IPTV pirates. À défaut de se conformer à cette injonction, les entreprises visées s’exposent à une amende de 100 000 euros par jour. Autre précision importante : il s'agit là d'un blocage dynamique, DAZN peut ajouter des noms de domaine quand il le souhaite.

Cisco n’a pas explicitement confirmé que cette décision est la cause de son retrait, mais l’annonce publiée sur son forum communautaire laisse peu de place au doute. L’entreprise indique simplement que l’accès à OpenDNS est suspendu en Belgique « en raison d’une décision de justice », sans autre commentaire.

Le précédent français

Ce scénario fait écho à celui survenu en France en 2024. Là aussi, Cisco avait suspendu l’accès à OpenDNS après une décision du tribunal de Paris, dans un contexte juridique similaire. Google et Cloudflare avaient finalement accepté de se conformer à l’ordonnance. Cisco, lui, avait préféré se retirer discrètement du territoire, sans donner d’éléments sur ses motivations.

L’attitude de Cisco intrigue. Contrairement à ses concurrents, l’entreprise semble choisir systématiquement l’option du retrait, plutôt que celle de la conformité. Est-ce une stratégie pour éviter une gestion complexe de blocages dynamiques, ou un refus de principe face à une judiciarisation croissante du DNS ?

Le cas OpenDNS soulève une question de fond : jusqu’où les services techniques peuvent-ils être tenus responsables des usages faits de leurs infrastructures ? Les fournisseurs DNS, qui se contentent de traduire les noms de domaine en adresses IP, n’hébergent aucun contenu. Pourtant, ils sont aujourd’hui au cœur des dispositifs de blocage. En France, comme en Belgique, la justice considère qu’ils doivent contribuer activement à la lutte contre le piratage.

Lutte contre le piratage : des impacts concrets

En Belgique comme en France, la disparition d’OpenDNS prive les utilisateurs, particuliers, PME, établissements scolaires et autres, d’un service apprécié pour sa rapidité et sa capacité à filtrer les contenus indésirables. Si cette tendance se confirme, d'autres pays pourraient être concernés à l'avenir.

Ce retrait illustre surtout un glissement progressif dans les stratégies de lutte contre le piratage : en s’attaquant aux infrastructures techniques, les ayants droit cherchent à contourner la difficulté de faire fermer les sites illégaux. Mais à quel prix pour les internautes et l’écosystème du web ? Après la France, la Belgique en paie déjà les frais.