Ces derniers mois, la lutte contre les plateformes et retransmissions IPTV illicites s'est largement renforcée en France. Sous l'impulsion des ayant-droits, les autorités ont déclenché plusieurs décisions de justice qui ont conduit à un durcissement des mesures de blocage, obligeant les acteurs du numérique à renforcer leur coopération.

Cloudflare a dû bloquer pas moins de 402 domaines liés au streaming sportif en France au cours de l'année précédente © Ververidis Vasilis / Shutterstock
Cloudflare a dû bloquer pas moins de 402 domaines liés au streaming sportif en France au cours de l'année précédente © Ververidis Vasilis / Shutterstock

Parmi eux, Cloudflare, véritable mastodonte de l’infrastructure Internet, se retrouve une nouvelle fois sous pression. Malgré son rôle de simple intermédiaire technique, l’entreprise a été contrainte de bloquer 402 domaines liés au streaming sportif illégal en France, en réponse à neuf décisions judiciaires.

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Cloudflare contrainte de céder face aux décisions judiciaires

Face aux demandes des ayants droit, Cloudflare a appliqué une géorestriction ciblée sur les sites incriminés. Concrètement, cela signifie que ces plateformes restent accessibles hors de France, mais sont bloquées pour les internautes français. Une approche déjà adoptée en Italie, où 30 sites avaient subi le même sort.

Pour les ayants droit, ces mesures restent insuffisantes. Pour cause, les 402 domaines géobloqués par Cloudflare en France l'année dernière restent facilement accessibles et contournables à l’aide d’un VPN ou en modifiant les paramètres DNS. Ce pour quoi des acteurs comme Canal+ et DAZN plaident pour des restrictions encore plus strictes, par exemple, avec un blocage au niveau du résolveur DNS ou une désindexation des sites pirates par les moteurs de recherche.

Pire encore, puisque dans cette optique, les VPN sont désormais eux-aussi pointés du doigt par les autorités, comme le démontre la récente offensive menée par Canal+ et la LFP, une démarche qui inquiète notamment ceux qui luttent pour un Internet libre. Plusieurs propositions ont été avancées, notamment la possibilité d’interdire certains services VPN ne respectant pas les exigences françaises ou encore d’obliger les fournisseurs à bloquer les sites pirates identifiés par la justice. Une approche qui pourrait radicalement changer le rapport de force entre pirates et ayants droit, mais qui soulève aussi des questions sur la neutralité du Net et la protection de la vie privée.

Cloudflare refuse catégoriquement de bloquer via son DNS public

Si Cloudflare accepte de bloquer les sites pirates via son CDN, elle refuse catégoriquement d’appliquer ces mesures à son résolveur DNS public 1.1.1.1. L’entreprise considère qu’un blocage à ce niveau aurait des implications extraterritoriales, affectant potentiellement des utilisateurs en dehors de la juridiction française.

Néanmoins, comme nous pouvons le constater en France, ce positionnement pourrait bientôt devenir un sujet brûlant aux États-Unis, où un projet de loi prévoit d’impliquer les services DNS dans le blocage des sites pirates. La pression risque donc encore de s'accentuer contre des entreprises comme Cloudflare. Dans son dernier Transparency Report, la société remet en cause ces mesures. Elle souligne notamment qu'elle ne peut pas supprimer du contenu qu'elle n'héberge pas, mais se contente d'acheminer via son réseau. Elle considère que d'autres prestataires de services sont mieux placés pour traiter le problème. Cloudflare fait bien sûr mention aux fournisseurs d'hébergement et autres registres de noms de domaine, qui semblent légitimement mieux placés pour intervenir. De plus, elle estime que forcer les résolveurs DNS à bloquer des sites aurait un effet extraterritorial dangereux, risquant d'établir un précédent pour une censure plus large d’Internet à l’échelle mondiale.