La LFP et Canal+ ont récemment fait le choix d'étendre leurs actions pour lutter contre le piratage, dans le but d'enrayer l'IPTV illicite. Comment ? En assignant de nombreux fournisseurs de VPN devant les tribunaux. Une initiative déjà à l'origine de levées de boucliers.

Lutte contre le piratage versus libertés fondamentales... c'est reparti pour un tour ! © iunewind / Shutterstock
Lutte contre le piratage versus libertés fondamentales... c'est reparti pour un tour ! © iunewind / Shutterstock

Alors que Canal+ et la LFP intensifient leur lutte contre le piratage en visant directement les fournisseurs de VPN afin de protéger leur droit sur diverses compétitons sportives, cette initiative suscite déjà de vives réactions de la part des défenseurs de la vie privée et de la cybersécurité. La VPN Trust Initiative (VTI), regroupant plusieurs acteurs majeurs du secteur, s’est fermement opposée à cette tentative de restriction qui pourrait avoir des conséquences bien au-delà du simple cadre de la lutte contre l’IPTV illégal. On vous en dit sur les arguments du consortium.

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Proton, un VPN engagé pour votre vie privée

Proton VPN est l'un des fournisseurs VPN qui a le plus évolué au cours des derniers mois. Affichant l'une des plus belles interfaces du marché, Proton VPN intègre désormais un accélérateur de VPN qui augmente jusqu'à 400 % les vitesses de connexion.

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Un danger pour les citoyens français ?

Ce consortium issu de l'I2C — Internet Infrastructure Coalition — regroupe une multitude d'acteurs : des multinationales comme Amazon, AWS et Cloudflare, mais aussi des fournisseurs VPN, hébergeurs et autres services cloud.

La VPN Trust Initiative avance le fait que les VPN ne sont pas uniquement des outils utilisés pour contourner des restrictions géographiques. Selon elle, ils jouent un rôle clé dans la protection des données des internautes contre les pirates et les intrusions malveillantes. Ainsi, contraindre les VPN à bloquer certains contenus reviendrait à affaiblir un outil qui profite à la sécurité numérique des citoyens. C'est par ailleurs de l'avis de l'ANSSI — l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information — qui reconnaît leur importance pour la cybersécurité.

Imposer des obligations de blocage aux VPN risquerait également de pousser les utilisateurs vers des services moins sécurisés, augmentant ainsi l'exposition des utilisateurs aux cyberattaques et aux vols de données. Pour la VTI, le ciblage des VPN constitue une réponse disproportionnée au problème du piratage, qui ne s’attaque pas aux véritables sources de l’offre illégale.

Une inquiétude croissante pour la liberté d’Internet en France

Au-delà des questions de cybersécurité, la VTI alerte sur une menace bien plus large : la mise en place d’un précédent dangereux en matière de régulation d’Internet. En forçant les VPN à filtrer l’accès à certains contenus, la France pourrait rejoindre la liste des pays où la censure numérique est une réalité, aux côtés de la Chine, de la Russie ou encore de l’Iran comme nous le mentionnons encore récemment à propos de la censure russe.

Cette décision pourrait également ouvrir la porte à d’autres restrictions futures, étendant progressivement les domaines soumis à ces blocages. Aujourd’hui, ce sont les sites de streaming et d’IPTV illégaux qui sont visés, mais demain, des plateformes légitimes pourraient-elles être concernées ? La VTI met en garde contre un effet boule de neige qui pourrait graduellement limiter l’accès à une information libre et non filtrée.

Une approche plus ciblée nécessaire

Face à ces inquiétudes, la VTI appelle les ayants droit et les autorités françaises à revoir leur approche. Plutôt que de s’attaquer aux fournisseurs de VPN, l’organisation plaide pour un renforcement des actions directement contre les plateformes qui hébergent et diffusent du contenu piraté. Une collaboration plus étroite entre toutes les parties prenantes permettrait de trouver des solutions plus efficaces sans compromettre la cybersécurité et les libertés numériques des Français.

Alors que les débats judiciaires se poursuivent, cette affaire pourrait bien devenir un cas emblématique pour la France. Celui d'une tension croissante entre lutte contre le piratage et préservation des droits fondamentaux sur Internet. Une chose est sûre : ce sujet n'a pas fini de faire couler de l'encre !