Si la plateforme démarre bien son activité le 24 mars, un report étant possible, elle pourrait bien secouer le marché, malgré un contexte sensible, selon Thomas Husson (Forrester).
Fort de l'expérience américaine, le géant Disney a préparé le terrain en Europe pour le lancement de sa plateforme de streaming vidéo. Tarifs agressifs, partenariats locaux maîtrisés et prometteurs, le service est prêt à affronter Netflix sur le Vieux Continent. Enfin, « était » prêt, devrait-on dire. Car si le coronavirus peut permettre à la plateforme d'enquiller abonnement sur abonnement, celui-ci pourrait aussi entraîner son report, pour éviter les surcharges réseau.
Des certitudes au niveau marketing
Disney+ arrive en Europe avec de véritables certitudes. La première concerne le prix, avec un abonnement qui devrait tourner autour de 6,99 euros par mois, offrant à ce niveau-là une sacrée concurrence à Netflix et Amazon Prime Video. « Plus important encore, dans la plupart des pays européens, Disney a conclu des accords solides ou exclusifs avec des partenaires clés, comme ils l'ont fait aux États-Unis avec Verizon », commente Thomas Husson, VP et principal analyste chez Forrester.En France, Disney+ a un distributeur exclusif : Canal+. En Italie, c'est via le service de SVoD de l'opérateur Telecom Italia, TIMVision, que la plateforme sera distribuée. Au Royaume-Uni, Mickey a trouvé un accord avec Sky pour un contrat pluriannuel, et O2. En Espagne, c'est Telefónica qui a décroché l'accord, tandis qu'en Allemagne, les pourparlers avec Deutsche Telekom n'auraient pas grandement avancé.
« Malgré un paysage médiatique beaucoup plus fragmenté en Europe (qu'aux-États-Unis), nous nous attendons à ce que Disney+ connaisse également un succès massif en Europe en 2020 », prédit Thomas Husson. Pour 2021, si les reports s'enchaînent, ce sera une autre histoire.
YouTube, comme Netflix, officialise la réduction des débits de son flux vidéo en Europe
Le coronavirus, opportunité ou menace pour Disney ?
Avant d'évoquer les conséquences d'un potentiel report du lancement de Disney+ en Europe, prévu en France pour le 24 mars, ayons à l'esprit que le coronavirus confine des millions d'enfants chez eux, en Italie, en France ou en Espagne, du fait, outre les mesures de confinement, de la fermeture des établissements scolaires. Cela pourrait forcément permettre à Disney de générer encore plus d'abonnés. Et de faire des services de streaming d'opportunistes bénéficiaires de la crise sanitaire.Et si un trop grand nombre d'inscrits et un trop grand nombre de connexions simultanées pourraient mettre à mal les capacités de fonctionnement du service, Thomas Husson précise que « Disney a tiré les leçons du succès massif aux États-Unis et peut également tirer parti de ses partenariats avec les télécoms et de la plateforme BAMTech qu'il a acquise il y a plusieurs années ».
Si Disney+ pourrait avoir à subir la réduction des affichages physiques (dans les boutiques et les parcs d'attractions), l'analyste de Forrester estime qu'il est « très probable que Disney ait axé son plan marketing sur l'augmentation de la part du numérique ».
Il reste tout de même une inconnue. Vendredi, le gouvernement français et plusieurs opérateurs télécoms ont demandé à Disney de reporter le lancement de la plateforme. « Il sera très intéressant de voir dans les prochains jours comment Disney s'adapte à la crise ». On se le demande aussi. Netflix et YouTube, eux, ont d'ores et déjà pris des mesures pour réduire les débits et diminuer la qualité de diffusion de leurs contenus, après l'intervention du commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton.