Susan Wojcicki, la grande patronne de YouTube, dévoile dans une lettre quelles seront les évolutions de la plateforme cette année. Les créateurs de contenus, l'évolution réglementaire et la protection des utilisateurs sont au cœur de son discours.
YouTube, ça pèse lourd, très lourd. 2,2 milliards d'utilisateurs (seul Facebook fait mieux) selon Hootsuite, environ 40 millions de Français qui y naviguent chaque mois (selon Mediametrie) et plus de 50 millions d'abonnés payants pour ses services Music et Premium, alors que la gratuité est un pilier de la plateforme. Ces chiffres donnent le tournis, alors forcément, lorsque la CEO de YouTube prend la parole, on écoute ce qu'elle a à nous dire. Voyons comment se comportera YouTube version 2022.
Nouvelles fonctionnalités et sources de revenus supplémentaires pour les créateurs
Le nombre de créateurs de contenus qui publient sur YouTube est de plus en plus élevé, de même que celui des chaînes générant plus de 10 000 dollars de revenus par an, puisqu'il a augmenté de 40 % en un an ! Et cette forte croissance du nombre de créateurs rémunérés (ils sont plus de 2 millions au total) n'est pas due hasard. La pandémie a aidé, mais c'est surtout la multiplication des sources de revenus qui est ici salutaire pour les créateurs.
Il y a quelques années, la publicité constituait le seul moyen de monétiser une chaîne. Aujourd'hui, 10 autres sources sont proposées aux youtubeurs. Les Super Chat et les souscriptions aux chaînes aident aujourd'hui à accroître ses revenus sur la plateforme. « L'année dernière, des souscriptions aux chaînes YouTube et des produits numériques payants ont été achetés ou renouvelés plus de 110 millions de fois », nous apprend Susan Wojcicki.
Il existe aussi des tendances qui aident à la monétisation des contenus, comme la popularité des podcasts, de plus en plus prisés sur YouTube. « Nous nous attendons à ce qu'ils deviennent partie intégrante de l'économie des créateurs », précise la CEO. YouTube pense aussi au futur et aux moyens de faire évoluer la connexion entre les créateurs de contenus et leurs fans. Le service de Google réfléchit ainsi aux opportunités, comme les NFT.
Les Shorts, une priorité pour YouTube
Lancés en 2021, les Shorts commencent à convaincre les utilisateurs. Cette partie de YouTube consacrée aux vidéos courtes (moins de 60 secondes) a déjà généré 5 trillions de vues et constitue une priorité pour la plateforme, qui veut démocratiser cette fonctionnalité. Celle-ci permet déjà de créer des Shorts en utilisant l'audio provenant de vidéos YouTube.
Ainsi, YouTube a Shorts pour concurrencer TikTok, mais la plateforme n'oublie pas non plus le jeu vidéo et regarde toujours d'un œil attentif Twitch, avec sa partie Gaming. « Rien que pendant les six premiers mois de 2021, YouTube a enregistré plus de 800 milliards de vues sur des contenus gaming, plus de 90 millions d'heures de diffusions en direct et plus de 250 millions de mises en ligne », note Susan Wojcicki. Forcément, cela donne des ambitions, et YouTube promet de travailler à améliorer les événements en direct, pour les créateurs et les spectateurs, mais aussi de davantage les rendre visibles sur la plateforme. Rejoignant ce que nous avons dit il y a quelques instants, YouTube veut encore simplifier la création de Shorts gaming.
Les « Je n'aime pas » ne reviendront pas
Au début du mois de novembre, nous vous informions d'une bascule historique sur YouTube : la fin du bouton « Je n'aime pas ». Enfin, soyons précis : le bouton, en réalité, n'a pas disparu, et il est toujours possible de cliquer dessus. Néanmoins, son compteur n'est tout simplement plus visible sous les vidéos du point de vue du spectateur. Le créateur, lui, y a toujours accès depuis YouTube Studio, son tableau de bord, pour avoir une idée globale de l'appréciation de ses vidéos.
Susan Wojcicki explique que la suppression du nombre affiché de « Je n'aime pas » sera maintenue. Elle indique comprendre que certains regrettent ce changement, mais qu'il est finalement une bonne chose, puisque le nombre de spectateurs n'a pas évolué à la baisse et le nombre d'attaques ciblées a diminué. Le compteur négatif était en effet un outil utilisé pour harceler certains créateurs.
YouTube veut protéger sa communauté de certaines dérives
« S'attaquer à la désinformation et aux autres contenus préjudiciables est une priorité absolue », affirme la patronne de YouTube. La plateforme a beaucoup misé, ces dernières années, sur le machine learning (l'apprentissage automatique) pour améliorer la détection des contenus haineux ou qui penchent vers la fausse information. YouTube a publié, au troisième trimestre 2021, son dernier VVR (Violate View Rare), qui consiste à donner le pourcentage de visionnages sur YouTube issu de contenus violant les politiques du service.
YouTube indique que celui-ci était de 0,09 à 0,11 % au T3 2021. Sur 10 000 visionnages donc, 9 à 11 provenaient de contenus violant les règles de la plateforme. Pointé du doigt par plusieurs dizaines d'organisations de fact-checking, qui lui demandent plus, YouTube a tout de même fait diminuer son taux de plus de 70 % depuis 2017.
La plateforme veut à tout prix maintenir ce taux sous les 0,5 %, et pour y parvenir, elle va s'efforcer à réduire, dans les recommandations, les contenus qui sont à la limite d'outrepasser sa politique de contenus.
Une réglementation qui va évoluer
Il y a quelques jours, les députés européens ont voté en faveur du DSA, le Digital Services Act, cette future réglementation qui vise à lutter contre les contenus illégaux en responsabilisant les plateformes dans leur modération. Elle doit entrer en vigueur d'ici la fin de l'année 2023, et YouTube fait évidemment partie des services et plateformes concernés.
YouTube entend collaborer avec les décideurs politiques et se conformer au texte, mais estime qu'il « pourrait y avoir des conséquences sur la liberté d'expression en ligne ». Susan Wojcicki ajoute s'engager « avec les parties prenantes à soutenir un cadre unifié de protection des consommateurs numériques dans les États membres permettant à YouTube de servir au mieux ses utilisateurs ».
Source : Communiqué de presse YouTube