Considérée comme la descendante spirituelle de X-Files : Aux frontières du réel à ses débuts, Fringe a su s'émanciper de son format et diversifier son approche de la science-fiction, au fil des saisons, pour créer son propre univers complet et complexe. Sa disponibilité sur Prime Video est une bonne excuse pour replonger aux côtés de cette division fictive du FBI.
Le veilleur d'écran[s] S05E05 📺 : Fringe
Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Le retour de X-Files avant l'heure
Ayant grandi à l'époque où X-Files a révolutionné le genre du fantastique mâtiné de science-fiction à la télévision, j'ai forcément été intrigué de voir débarquer une série s'en inspirant ouvertement, six ans après la fin de son illustre aînée.
Diffusée entre 2008 et 2013 sur le réseau Fox (le même que… X-Files), Fringe a définitivement suscité mon intérêt quand j'ai vu qu'elle était créée par J.J Abrams.
Accompagné d'Alex Kurtzman et Roberto Orci, ses deux co-scénaristes pour Mission : Impossible 3 deux ans auparavant, Abrams suscitait assurément un certain attrait autour de Fringe, qu'il a créée, écrite et produite. Alias était terminée depuis deux ans, la popularité de Lost : Les Disparus était à son paroxysme, et Abrams venait de produire Cloverfield. Et si sa version moderne de Star Trek était encore en production, c'était déjà suffisant pour suivre avec intérêt cette toute nouvelle série.
Science super crew
Tirant son nom de l'expression « fringe science », que l'on pourrait traduire par « science marginale », notre série du jour met en scène une division fictive du FBI, créée par le bureau fédéral pour traiter les événements mystérieux.
Le pilote de près d'une heure débute à l'aéroport de Boston, alors qu'un avion atterrit sans aucun survivant à bord, dans des conditions qui attirent l’œil du FBI. On fait presque immédiatement connaissance avec l'agent Olivia Dunham, interprétée par Anna Torv, que l'on a revue récemment dans Mindhunter.
Initialement agent de liaison pour le FBI, elle fait partie du trio principal constituant la division Fringe, aux côtés de Walter et Peter Bishop. Le premier est interprété par John Noble (Denethor dans Le Seigneur des Anneaux), qui campe un savant ayant été enfermé pendant 17 ans dans un asile après un accident ayant coûté la vie d'un de ses employés.
Son fils Peter, qui aide initialement à le faire sortir de l'institution dans laquelle il est enfermé, est interprété par Joshua Jackson, connu pour avoir interprété Pacey dans… Dawson ! Son personnage est un touche-à-tout, intégré presque malgré lui dans la division.
Fox pioche chez HBO et attire des grands noms
Le trio principal n'est pas la seule partie du casting digne d'intérêt : en effet la galerie d'invités et de personnages récurrents est tout aussi intéressante, et portées par un casting solide.
Le directeur de la division, l'agent Phillip Broyles, est campé par Lance Reddick, vu auparavant dans les séries Oz et The Wire. Un autre agent de l'équipe est joué par Kirk Acevedo, que l'on avait vu incarner Miguel Alvarez dans Oz et Joseph Toye dans Band of Brothers, deux productions du même réseau.
Avec Fringe, j'ai apprécié revoir des acteurs moins iconiques mais tout aussi marquants des séries HBO. André Royo par exemple, vu également dans The Wire auparavant, campe ici un personnage régulier pendant une saison ; Michael Cerveris, qui a joué dans Treme, apparaît lui aussi au fil de la série.
C'est aussi grâce à Fringe que j'ai découvert Jared Harris, que l'on a vu récemment dans Chernobyl.
Pour compléter son casting, Fringe a su s'attirer de grands noms, à l'image de Christopher Lloyd, le « Doc » de Retour vers le Futur, qui fait une apparition unique mais marquante dans la série. Leonard Nimoy, légendaire interprète de Spock dans la série Star Trek originale, revient à plusieurs reprises au fil des saisons. Diane Kruger (Inglourious Basterds) est aussi présente le temps d'un épisode, comme Brad Dourif (Le Seigneur des Anneaux) ou encore le regretté Chadwick Boseman (Black Panther).
Au-delà des frontières du réel
Fort heureusement, vous ne vous ennuierez pas assez devant Fringe pour passer votre temps à reconnaître les guests au fil des épisodes ! Si la construction de la première saison n'a rien à envier à X-Files, avec des épisodes traitant séparément une affaire après l'autre, ce schéma est rapidement oublié et Fringe n'hésite pas, à partir de sa deuxième saison, à dégainer plusieurs arcs narratifs pour développer un univers très complexe.
Dès le pilote, un complot désigné sous le nom de « Pattern » (« le Projet » dans la version française) est régulièrement cité et semble être initialement l'objectif unique de la série. Toutefois, celle-ci déploie le fond de son histoire et ne se cantonne pas à la science-fiction liée aux cas étudiés durant chaque épisode. Ainsi, Fringe se diversifie, abordant des thèmes plus complexes, comme le voyage inter-dimensionnel.
Difficile de vous en dire plus sans gâcher l'excellent cliffhanger de la fin de saison 1… Sachez toutefois que les créateurs de la série ont largement profité des portes ouvertes par les premiers épisodes pour créer un univers très complet, bourré de clins d’œil à la pop culture de toutes les époques. C'est sûrement la phénoménale troisième saison qui pousse le concept au maximum.
Illustrant l'habileté de ses créateurs, la diversification de la série n'empêche pas de faire avancer de manière sérieuse les différents fils rouges, apportant par la même une dimension plus philosophique à des personnalités déjà complexes.
Abrams a encore eu du « flare »
J.J. Abrams ne peut clairement pas nier la paternité de la série, qui reprend de nombreuses formules qui lui sont chères. Le célèbre « lens flare », cet éclat bleuté sur l'écran, est utilisé et usé tout au long de la série, tout comme les effets sonores de tension lorsque les personnages se retrouvent dans des situations délicates.
Rien de dérangeant si l'on ne fixe pas trop notre concentration sur ces détails esthétiques toutefois, d'autant que la série a bien plus à offrir sur le fond et la forme que les signatures spécifiques de son créateur.
On regrette tout de même des effets 3D parfois de piètre qualité, notamment en début de série. Il s'agit d'ailleurs de la seule véritable erreur d'exécution de la série, qui a su se renouveler au fil des cinq saisons.
Son excellente bande originale en revanche, contribue au caractère immersif de la série. Elle est composée par Michael Giacchino, déjà impliqué auprès d'Abrams dans Lost, Chad Seiter et Chris Tilton. Le générique, en revanche, est l'œuvre du créateur de la série.
Au final, les quelques points négatifs de Fringe n'en gâchent aucunement l'intérêt, qui réside en son casting très solide, en ses personnages très profonds, et en son univers complexe, sujet à une belle évolution tout au long de la série.
Les cinq saisons de Fringe sont disponibles sur Prime Video, ainsi qu'en support physique.
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