Ne faites pas attention à la flaque de sang qui s'étend devant cette chronique, c'est juste mon cœur, qui a de nouveau explosé. C'est ce qui arrive quand je parle de l'étoile filante Firefly, série brillante et trop vite disparue - mais jamais véritablement éteinte.
Le veilleur d'écran[s] S03E11 📺 : Firefly
Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.
Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :
Avec Firefly, Joss Whedon sans compter
Aïe… Battlestar Galactica mise à part, jamais je n'ai eu autant l'impression de me tenir, nain, devant un colosse, qu'au moment d'écrire cette chronique sur Firefly.
Le show de Joss Whedon (Buffy, Agents of SHIELD, Avengers…) est en effet un véritablement monument du space opera, pour moi comme pour beaucoup de fans… À tel point que j'ai sincèrement peur de ne pas réussir à lui rendre l'hommage qu'elle mérite à travers ces quelques lignes.
Mais cela fait plusieurs mois que je repousse l'inévitable, il est donc temps de céder à cette irrépressible envie de vous parler de celle qui est probablement, et de loin, ma série préférée. Aucune pression, donc.
Pour commencer, un rapide historique de la production compliquée et atypique de cette courte série Fox pourrait déjà permettre de comprendre son funeste destin… En effet, en 2002 lors de sa diffusion originale, la chaîne américaine a proposé les épisodes de Firefly… Dans le désordre.
Forcément, difficile de retenir les spectateurs au fil d'une saison inévitablement décousue. Sans surprise donc, et appuyée dans sa décision par la faiblesse de l'audimat, la chaîne annule la série après la diffusion de 11 des 14 épisodes produits.
Le show s'arrête donc abruptement après 14 épisodes seulement, sans conclusion propre.
Toutefois, grâce à un cœur de fans fidèles et à une notoriété toujours solide des années après la première diffusion, Whedon proposera Serenity, en 2005, un film offrant une fin satisfaisante à son show, qui méritait au moins ça.
Voilà, vous connaissez l'historique de Firefly, nous pouvons donc maintenant entrer dans les détails et comprendre pourquoi cette série est encore culte aujourd'hui, malgré sa genèse particulièrement douloureuse.
Cry me a River
Firefly nous entraîne quelques centaines d'années dans un futur où l'humain s'est installé dans un autre système stellaire.
Après avoir réprimé une guerre civile, l'Alliance, une entité formée par la Chine et les Etats-Unis, domine le cœur, riche, de ce système. C'est dans les franges de ce même système, beaucoup moins développées, plus pauvres et rappelant l'aspect pionner d'une époque narrée par les Western, qu'évoluent les perdants de ce conflit. La plupart des héros de Firefly en font partie.
Mené par le capitaine Malcolm Reynolds (Nathan Fillion), un ancien soldat du camp indépendantiste qui voue aujourd'hui une solide rancœur à l'égard de l'Alliance, nous suivons donc les aventures de l'équipage du Serenity, un vaisseau de classe « Firefly ». Ses membres additionnent des petits boulots plus ou moins légaux, et tentent de survivre dans un univers, vous l'imaginez, assez impitoyable. Et si au passage ils peuvent gêner un peu l'Alliance tout en restant sous leur radar, ils ne vont certainement pas s'en priver.
Au-delà de son univers riche et bourré de charme, que nous aborderons plus loin, ce qui fait véritablement le sel - et le succès - de Firefly c'est à n'en pas douter ses personnages. Jamais, je dis bien jamais, je n'ai autant été « amoureux » de personnages de séries.
Tous sont formidables et la moindre apparition de leurs acteurs et actrices dans d'autres œuvres me retourne l'estomac de joie et de nostalgie.
Outre Nathan Fillion, qui cabotine comme jamais dans son rôle mêlant avec finesse humour et drame, impossible de ne pas mentionner le reste de l'équipage : le couple Zoe (incarnée par la charismatique Gina Torres) et Wash (le formidable Alan Tudyk), respectivement seconde et pilote, la séduisante compagne Inara (Morena Baccarin), le mercenaire pas toujours très malin Jayne (Adam Baldwin), le mystérieux pasteur Book (le regretté Ron Glass), la pétillante et surdouée mécano Kaylee (Jewel Staite) ou encore les étranges frère et sœur Simon et River Tam (Sean Maher et Summer Glau).
Beaucoup de ces noms doivent vous dire quelque chose, et Firefly n'y est pas pour rien.
« Firefly est une série qui s'approche autant que possible de la perfection »
Tous les personnages, aussi brillamment incarnés qu'écrits, ont un rôle et une personnalité extrêmement marqués. On rit avec eux dans les situations cocasses autant qu'on retient notre respiration quand ils sont en danger. Plusieurs séries ont tenté par la suite de reproduire ce format à base de sympathiques équipages de vaisseaux, à l'image de Dark Matter, Killjoys ou encore The Expanse. Si certaines s'en sont approché, aucune n'est parvenue au niveau de qualité, de complicité ambiante et de sympathie par bateaux que l'on ressent pour les membres du Serenity - et ce malgré leurs activités pas toujours légitimes.
Je suinte toujours de l'amour par litres à l'égard de ces personnages qui aujourd'hui me manquent cruellement, et qui, je pense, ont été écrit, mis en scène et joués avec un niveau d'implication gigantesque et sincère.
Wild Wash West
Mais revenons donc à l'univers. Comme précédemment dit, il s'agit d'un habile mélange de space opera et de western, tant au niveau des décors et des costumes que des thématiques abordées. Chaque épisode, qu'il se déroule dans l'espace ou sur une planète, est aussi singulier que mémorable, narrant des aventures toujours différentes, tout en développant les relations entre nos anti-héros et un fil rouge dont je ne dirai rien.
En s'intéressant à la vie de ces « pionniers vaincus » et en se donnant la peine de créer de nombreux détails pour donner corps et crédibilité à son univers (comme l'utilisation du chinois comme seconde langue, par exemple), Joss Whedon propose tout simplement l'une de ses meilleures œuvres à ce jour. Malgré son cadre futuriste, Firefly parvient à évoquer des thématiques intemporelles, de manière plausible, tout en racontant des histoires captivantes.
Alors oui, l'image et les effets spéciaux ont aujourd'hui forcément un peu vieilli. Mais leur qualité a été acclamée à l'époque et en dehors de l'épisode pilote très (très) légèrement en-dessous en termes de rythme, Firefly est une série qui s'approche autant que possible de la perfection, malgré un manque de corps imputable à Fox. Certains épisodes et passages marquent au fer rouge et ce n'est pas pour rien que j'ai regardé la série au moins quatre fois.
La qualité se retrouve d'ailleurs aussi côté musique. Si quelques airs du show vous rappellent certains passages des jeux vidéo Uncharted, notamment, c'est normal : c'est monsieur Greg Edmonson qui s'est chargé avec talent de composer la bande originale de Firefly. Notez en passant que Joss Whedon lui-même s'est attelé au thème du générique d'introduction. Implication sincère, je vous le disais.
Like a leaf on the wind
À l'heure des reboots et revivals à outrance, je donnerais tout pour avoir plus de Firefly dans ma vie. Et pourtant, je suis également persuadé que l'alchimie miraculeuse qui a eu lieu en 2002 ne pourra jamais se reproduire et qu'il est donc préférable de laisser la licence tranquille. Je manque de cohérence ? Absolument. Mais je n'y peux rien, c'est l'un des nombreux effets qu'à sur moi cette série de génie qui méritait un destin bien plus clément.
On peut toutefois se consoler en se disant que cette histoire compliquée, que Firefly est parvenue à dépasser par sa qualité, a contribué à faire d'elle une série qui ne ressemble à aucune autre, et qui porte, mieux que toutes, le terme « culte ».
Histoire de parachever le mal d'amour qu'entraîne le fait de parler de Firefly, sachez qu'aujourd'hui malheureusement la série est très difficile à trouver. Personne ne la propose en VoD ou SVoD, et il faudra se rabattre sur les DVD/Blu-Ray, pas forcément aisés à trouver et qui ont mis plusieurs années à rejoindre ma propre vidéothèque de fanboy. En revanche, le film Serenity est disponible sur Prime Video. Après avoir récupéré Battlestar Galactica vous savez ce qu'il vous reste à faire, Amazon.
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