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La ministre de la Culture Roselyne Bachelot l'a annoncé il y a deux semaines : les plateformes de vidéo sur abonnement comme Netflix ou Amazon devront investir 20 à 25 % du chiffre d'affaires réalisé en France dans des productions locales ou européennes. De nouvelles réglementations censées donner plus d'équilibre au jeu des productions et profiter aux œuvres indépendantes françaises.

Or, ces nouvelles règles semblent déjà inquiéter les chaînes de télévision et plateformes de SVOD françaises, selon plusieurs entretiens menés par Les Échos. En cause : l'inflation des prix des créations, les possibles contournement de ces mesures ou la réduction du délai de diffusion de films en ligne.

De nouvelles obligations d'investissement

Les plateformes de vidéo à la demande, comme Disney+, Amazon Prime ou Netflix devront investir 20 à 25 % de leur chiffre d'affaires en France dans des productions locales, selon un projet de décret de la ministre de la Culture Roselyne Bachelot. Une obligation qui faisait déjà partie, sur un pourcentage plus étendu, du projet de loi sur l'audiovisuel de son prédécesseur, Franck Riester, finalement abandonné en raison de la crise sanitaire.

Un pourcentage qui représenterait environ 200 millions d'euros d'investissement. En échange, les plateformes de SVOD étrangères pourraient bénéficier d'assouplissements pour la diffusion de films après la sortie en salles. Enfin, Roselyne Bachelot a appelé à ouvrir les discussions avec les chaînes de télévision pour assouplir leurs obligations vis-à-vis des producteurs de cinéma.

Des mesures qui devaient convenir aux chaînes traditionnelles. Et pourtant, selon les premiers retours du milieu recueillis par Les Échos, cette réforme inquiète par ses « effets potentiellement indésirables ».

Inflation des prix, financement de cinéma pas vraiment indépendant

C'est d'abord l'inflation des prix des créations françaises qui semble inquiéter les professionnels, selon les sources du quotidien indépendant. Les chaînes historiques auraient peur de ne pouvoir s'aligner sur les financements des plateformes américaines de SVOD pour les œuvres à gros potentiel. « Certaines plateformes demanderaient déjà aux producteurs de leur présenter leurs meilleures œuvres avant les chaînes » affirme une source.

En parallèle, on craint également que les plateformes de SVOD puissent
remplir leur quota de production françaises avec leurs propres filiales ou qu'elles rachètent, simplement, des sociétés de production, alors que les réglementations pour les chaînes de télévisions sont plus contraignantes. « Une surprise alors que le but est de préserver l'exception française reposant sur l'écosystème des producteurs indépendants » note une autre source du journal. Certains points de réforme sont encore obscur : le CNC assure par exemple que les soutiens financiers hexagonaux ne seront pas ouverts à ces filiales, mais l'on craint l'utilisation de stratégies de détournement.

Troisième crainte : la contrepartie proposée par Roselyne Bachelot de
réduire le délai de diffusion des films après leur diffusion des salles. Si les plateformes doivent atteindre 36 mois actuellement, la réduction de ce délai pourrait être menaçant pour les chaînes de télévision.

Source : Les Échos