Lors de ses premières sorties en public, Windows était apparu paré d'une toute nouvelle interface, désormais célèbre, surnommée Metro. Microsoft expliquait alors qu'elle constituait la réponse aux problèmes que pouvait poser l'utilisation du système traditionnel sur un écran tactile et assurait qu'autour d'elle naîtrait tout un nouvel environnement applicatif dédié. Assez proche dans la forme des tuiles inaugurées au sein de Windows Phone 7, Metro parait bien éloignée de l'interface Windows traditionnelle et d'aucuns se sont demandés comment il serait possible d'utiliser par son intermédiaire ses logiciels habituels, pensés pour le clavier et la souris.
Ces derniers jours, Microsoft a commencé à dévoiler de nouveaux éléments du Bureau Windows 8 : nouvel explorateur de fichier, ou introduction d'une interface Ruban, confirmant par là que l'affichage traditionnel n'allait pas disparaître, bien au contraire. Steven Sinofsky a pris la plume cette semaine pour expliquer comment s'articuleraient ces deux environnements distincts, puisqu'ils seront amenés à fonctionner de concert.
Selon lui, l'objectif a toujours été de repenser les fondamentaux de Windows, dès le début du développement de ce nouveau système, entamé à l'été 2009, soit avant la sortie de Windows 7. Entre autres changements profonds, l'interface a logiquement fait partie des réflexions, ce qui a conduit à la mise au point de Metro. Pensée pour les écrans tactiles, elle offre selon Sinofsky une expérience fluide, immersive, esthétique et accorde une place de premier plan aux applications qui la composent, exactement comme le font la plupart des systèmes d'exploitation mobiles aujourd'hui.
Pour autant, Microsoft ne pouvait renier les fondamentaux de l'univers PC, d'autant que Windows 7 s'est selon lui révélé un succès certain : en termes de ventes, bien sûr, mais aussi en termes d'appropriation de l'objet, d'usages et de développements réalisés autour de l'incontournable Bureau. « Les choses que les gens font aujourd'hui sur PC ne vont pas soudainement disparaître parce qu'il y a de nouvelles applications dans le style Metro. Les mécanismes sur lesquels les gens se reposent aujourd'hui (souris, clavier physique, trackpad), ne deviennent pas moins utiles ou "mauvais' juste parce qu'une place de premier plan est également accordée au tactile », résume très justement Sinofsky. Faire cohabiter les deux environnements était donc la solution qui s'imposait.
Windows 8 permettra donc d'activer l'une ou l'autre de ces interfaces. Sinofsky précise même qu'il sera possible d'utiliser l'univers Metro sans même que le code lié à l'interface Bureau classique ne soit chargée, ce qui tend à montrer qu'il ne s'agit pas simplement d'interfaces, mais bel et bien d'environnements voisins. « En fait, vous pouvez envisager le Bureau Windows comme une application parmi les autres », résume-t-il.
Sans trop entrer dans les détails techniques, Sinofsky souligne bien par ailleurs que Metro reposera sur une « plateforme » inédite, induisant des changements bien plus profonds qu'une simple interface dédiée. Il confirme donc ici que le développement d'applications pour Metro profitera d'un circuit et d'outils dédiés, bien particuliers, qui devraient selon toute attente reposer au moins en partie sur les technologies Web (HTML5, JavaScript). Tous les détails et la stratégie d'ensemble à ce sujet (quelle place sera accordée à Silverlight ?) seront pour mémoire dévoilés à partir du 13 septembre prochain, lors de la conférence Build.
On notera pour finir qu'au delà de ces considérations liées à l'interface (qui finalement ne surprendront personne tant cette cohabitation paraissait s'imposer), le patron de la division Windows lâche quelques phrases bien moins anodines qu'il n'y parait, histoire de faire monter la pression autour des nouveautés liées au futur système. « Par exemple, comment faites vous pour isoler chaque application des autres ou éviter qu'une application consomme toute votre réserve de batterie ? Comment peut-on installer (et supprimer) des applications aussi rapidement et sans effort qu'on change de chaîne à la TV ? », se demande-t-il par exemple.