Contrairement aux premiers micro ordinateurs de l'époque comme le Sinclair ou le Goupil, le Minitel est un terminal informatique passif, sans processeur ni dispositif de stockage, avec un écran vidéotexte (divisé en 40 colonnes) et se connectant via le réseau téléphonique grâce à un modem incorporé à la vitesse de 1,2 kb/s soit ... 20 000 fois moins vite que la dernière génération de box ADSL (24 Mb/s).
Absolument incapable de diffuser des fichiers multimédia voire une modeste photo, le Minitel a été pensé à l'époque pour remplacer l'annuaire papier des PTT (les futures Pages Jaunes) et encourager la vente à distance. Pour y parvenir, les concepteurs du Minitel ont imaginé un modèle particulièrement innovant : le terminal est prêté par France Telecom qui n'exige aucun abonnement mais qui touche par contre une commission sur les communications, facturées selon les modèles (3613, 3614, 3615...) soit à ses abonnés, soit aux éditeurs de services qui touchent également une commission sur les appels.
Après plusieurs expérimentations dans les Yvelines près de Paris ou en Ile-et-vilaine en Bretagne, le Minitel est rapidement adopté par les Français. En 1985, le cap du million de terminaux est dépassé et en 1996, à l'heure du virage de France Telecom vers l'internet, l'opérateur revendiquait un parc de 9 millions de terminaux et de près de 25 millions d'utlisateurs.
Qu'en est il aujourd'hui ? Selon un représentant de France Telecom, l'opérateur ne propose plus d'équiper ses abonnés avec un Minitel, ces derniers n'étant d'ailleurs plus fabriqués par Matra, Sagem ou Alcatel. Par contre, France Telecom continue d'assurer le service et estime qu'un parc d'un million de Minitels est encore en circulation. Ses adeptes se retrouvent d'une part dans le grand public, en particulier après d'une population de personnes âgées ne souhaitant pas abandonner un terminal familier qui leur donne satisfaction mais également dans l'univers de l'entreprise, où de nombreux salariés continuent de consulter ses bases de données professionnelles.
Avec plus de 220 millions de connexions à près de 4000 services, le Minitel a ainsi été à l'origine d'un chiffre d'affaires de 98 millions d'euros en 2007 pour le seul France Telecom, en baisse de 35% par rapport à l'année 2006, mais encore significatif pour justifier un maintien de son activité. « Notre priorité est désormais de mettre de la valeur ajoutée dans les accès internet » explique néanmoins un représentant de l'opérateur, laissant entendre que les jours du terminal sont désormais comptés.
Au sein du groupe Pages Jaunes, éditeur du service Minitel le plus populaire, on confirme également la tendance : « la baisse du Minitel s'est accélérée au premier trimestre 2008 à -64,8% par rapport au premier trimestre 2007. Le chiffre d'affaires Minitel a atteint 2,8 millions d'euros au premier trimestre 2008 » explique le groupe qui arrêtera son service d'annuaire dans un an, fin Avril 2009.
Même si l'arrêt du 3611 ne signifie pas forcément la fin du Minitel, ce terminal risque ainsi de ne pas pouvoir fêter son 30e anniversaire, à l'automne 2010. Plus fiable, plus sécurisé et plus simple qu'un ordinateur connecté à internet, le Minitel conserve toutefois des adeptes qui pourraient se consoler avec l'arrivée annoncée dès l'automne 2008 d'écrans sans-fil et tactiles sur les livebox de France Telecom. Des écrans associés à une nouvelle génération de services multimédia qui pourraient ainsi réconcilier partisans de la simplicité et adeptes des dernières technologies.