Technologies sans-contact : Vers une seconde convergence

Jérôme Bouteiller
Publié le 23 mai 2008 à 14h43
En équipant plus d'un humain sur deux, les trois milliards de téléphones mobiles en circulation sur la planète ont démocratisé la téléphonie auprès du plus grand nombre. Mais dans l'ombre de ces combinés, dont le coût unitaire se chiffre encore en dizaines voire en centaines d'euros, se cache une autre technologie, plus discrète et plus économique, le « sans-contact », qui promet de mettre en relation des dizaines de milliards d'objets avec ces milliards de téléphones mobiles. Une révolution de velours, qui a déjà commencé, et qui promet de bouleverser notre quotidien dès le début de la prochaine décennie..

La Communication en champ proche

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Comme le rappelle l'encyclopédie en ligne Wikipedia, la technologie sans-contact, également appelée « communication en champ proche » (near field communication ou NFC) est dérivée de la technologie RFID. Elle a été reconnue par les principaux organismes de normalisation (ISO, ECMA, ETSI) ainsi que par de nombreux industriels à commencer par Sony, Nokia, Philips ou plus récemment Microsoft.

Moins puissante que d'autres technologies d'échange de données sans fil comme le Wifi ou le bluetooth, NFC autorise un débit maximum de 424 kb/s, dans la gamme de fréquence 13,56 Mhz, sur une distance maximale de ... 10 cm, réduisant d'autant les interférences ou les risques en matière de sécurité.

Le plus souvent, l'échange de données se fait dans un seul sens, entre un « lecteur » pouvant par exemple ressembler à un lecteur de code-barre, et une « radio-étiquette », un dispositif passif ne nécessitant aucune source d'énergie en dehors de celle fournie par les lecteurs au moment de leur interrogation.

«La technologie NFC autorise une véritable interaction avec l'environnement physique ce qui permet notamment de dématérialiser les cartes de paiement, de transport, de fidélité, de cinéma voire ses propres clefs» explique Mung Ki WOO, Vice Président de la division Paiement & sans-fil au sein du groupe France Telecom.

Une première génération de services

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L'une des premières applications de la technologie NFC sont en effet les cartes de transports. Depuis plusieurs années, les transports parisiens proposent par exemple à leurs abonnés de troquer leur vieille carte magnétique contre un nouveau dispositif, baptisé Pass Navigo, qui n'est autre que l'une de ces « radio-étiquettes ». Une étiquette lue en un instant par les bornes de la RATP, où sont installés les « lecteurs » et qui connaît un certain succès puisque ces cartes de transport, utilisées chaque jour par des centaines de milliers de franciliens, sont désormais également fonctionnelles sur le réseau Thalys, le TGV nord-Européen.

Outre les cartes de transports, ces radio étiquettes sont également en train de bouleverser le secteur de la billetterie. La jeune pousse hexagonale ASK, déjà à l'origine du pass Navigo, a en effet convaincu les autorités chinoises d'intégrer l'une de ces puces ultra compacts dans les tickets des spectateurs des prochains Jeux Olympiques de Pekin. Une technologie qui devrait permettre de lutter contre les faux tickets, le marché noir et, accessoirement, d'améliorer la sécurité du site.

Utile sur les marchés des transports ou de la billeterie, la technologie sans-contact peut également se faire plus futile en équipant notamment la dernière génération du Nabaztag, le lapin communiquant de Violet, qui est désormais équipé d'un lecteur de radio-étiquettes. Dans ce cas, il n'est pas question de contrôle d'accès mais plutôt d'applications ludiques ou éducatives, permettant par exemple au lapin de reconnaître un trousseau de clef ou un livre équipé d'une radio-étiquette, déclenchant l'envoi d'un mail ou la lecture d'un fichier audio.

L'intérêt des géants bancaires

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Plébiscitée par les régies de transports urbain, la technologie sans-contact n'a toutefois pas non plus échappé à d'autres émetteurs de cartes tels que les banques ou les grands noms des services financiers.

La Banque Populaire de Bourgogne-Franche Comté vient par exemple de diffuser des cartes de paiement “sans contact” auprès de 4000 clients, qui peuvent désormais régler leurs achats chez 200 commerçants partenaires, eux même équipés d'un lecteur sécurisé. Une expérimentation testant non seulement les paiements traditionnels, avec saisie du code de sécurité, mais également les petits paiements, théoriquement payés via Moneo .. . Un paiement direct, sans saisie de code, justifiant du coup une portée la plus courte possible de ces cartes (10 cm) pour éviter l'apparition de pickpockets électroniques...

Outre la banque populaire, la technologie sans contact est également testée à plus grande échelle par les géants des services financiers Visa ou Mastercard. Lors d'un pilote, Mastercard a ainsi observé une hausse de 35% des dépenses des personnes équipées de ces nouvelles cartes de paiement. En Europe, son concurrent Visa vient pour sa part de lancer la première carte commerciale la « Payware », et il multiplie les collaborations avec les principales banques Françaises (BNP-Paribas, Crédit Agricole, Banque Postale, Société Générale, Crédit Mutuel-CIC, Caisse d'Epargne ...) mais également les principaux opérateurs : Bouygues Telecom, SFR, Orange ou NRJ mobile.

Les opérateurs cellulaires en embuscade

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Qu'ils soient équipementiers ou opérateurs, les grands noms du téléphone mobile sont d'ailleurs également très actifs en matière de services sans contact.

Depuis l'année dernière, les opérateurs Orange, SFR, Bouygues Telecom ou NRJ mobile mènent en effet des tests à Caen, Strasbourg ou Grenoble, dans lesquels les téléphones mobiles sont équipés de ces fameuses radio étiquettes. Les combinés peuvent ainsi se substituer à une carte de transport voire une carte bancaire, en s'appuyant notamment sur leur carte à puce (SIM) pour authentifier leur porteur.

Du côté des équipementiers, des marques comme Motorola, Sagem ou encore LG fournissent aux opérateurs des prototypes permettant de tester ces nouveaux services mais c'est sans doute le géant finlandais Nokia qui est aujourd'hui le plus actif en la matière puisqu'il a déjà mis sur le marché quatre terminaux dont le 6131 NFC avec la ferme intention de généraliser cette technologie en Europe, prenant ainsi exemple sur le modèle Japonais.

L'exemple Japonais

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Car même si les Européens avancent très vite sur le sujet, ils ont été précédés par les Japonais qui proposent déjà ces services depuis 2004. Sans attendre la moindre normalisation, le puissant opérateur NTT DoCoMo a fait de la technologie NFC, baptisée Felica au Japon, un standard équipant la majorité des nouveaux combinés.

Après une première génération de services centrés sur la voix (téléphonie, messagerie vocale, ...) puis une seconde génération centrée sur la vue (messagerie, photo, vidéo, visiophonie, internet mobile, etc...), la démocratisation du NFC permettrait, selon DoComo, l'avènement d'une « troisième ère de la mobilité » centrée sur un nouveau sens : le toucher.

Une troisième ère en cours de banalisation dans l'archipel puisque, selon un récent rapport de Jap'Presse et de InnovAsia Research, près de 40 millions de téléphones mobiles seraient déjà compatibles avec la norme FeliCa.

Vers une seconde convergence ?

Un parc encore modeste, concentré au Japon, mais qui devrait désormais rapidement s'étendre à mesure que la technologie se démocratisera. Selon l'institut ABI Research, 20% des nouveaux téléphones mobiles pourraient être équipés de cette technologie dès 2012 pour atteindre un parc de 292 millions de combinés à travers le monde.

Un parc sans doute suffisant pour lancer cette nouvelle génération de services, marquant une nouvelle convergence entre l'univers télécom et le secteur bancaire, et justifiant certainement la mise en place en France d'un « forum des services mobiles sans contact » par Luc Chatel, Ministre Français de l'industrie, en attendant le lancement de véritables services par les trois opérateurs, dès le premier semestre 2009.
Jérôme Bouteiller
Par Jérôme Bouteiller

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