Free veut diviser la facture du mobile par deux

Jérôme Bouteiller
Publié le 04 septembre 2008 à 17h03
Douze ans après l'introduction du forfait par Bouygues Telecom, le petit monde du téléphone mobile est-il au seuil d'une nouvelle révolution tarifaire ?

A l'occasion de la présentation de leurs résultats financiers trimestriels, les dirigeants du groupe Iliad, jusque là candidats malheureux à l'attribution d'une quatrième licence 3G, ont jeté un pavé dans la mare en affirmant pouvoir diviser la facture téléphonique de leurs clients par deux si le gouvernement les autorisait à déployer un quatrième réseau cellulaire en France.

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Freephone
Même si les équipes de Free étudient les réseaux Femtocell, avec intégration d'un hypothétique émetteur 3G dans les freebox, la solution avancée est finalement relativement simple : « Selon nos concurrents, le revenu moyen annuel d'un client forfait se situe aux alentours de 672 euros TTC. En prenant une moyenne de trois forfaits par foyer, on arrive à une facture de près de 2016 euros par an et par famille. Si nous déployons un réseau télécom de grande ampleur, que nous internalisons le système d'information et que nous grignotons sur la marge, nous pensons pouvoir diviser cette somme par deux et permettre à des milliers de familles d'économiser jusqu'à 1000 euros par an » nous explique un haut représentant de l'opérateur qui entend ainsi étendre à la téléphonie mobile des recettes déjà appliquées avec succès dans l'ADSL.

Suscitant l'enthousiasme de ses clients, cette perspective fait néanmoins grincer des dents chez ses principaux concurrents. « C'est un mystère que j'ai un peu de mal à comprendre. » commentait mardi Martin Bouygues, jugeant ce calcul peu crédible. « Que deviennent alors les 18 millions de clients prépayés français dont le pouvoir d'achat est encore plus fragile ? » s'interrogeait pour sa part Geoffroy Roux de Bézieux, PDG de Virgin Mobile, avec une pointe de démagogie...

Car contrairement à NRJ mobile, Virgin mobile ou encore Tele2, Free a jusqu'à présent refusé de n'être qu'un simple opérateur virtuel, louant l'infrastructure d'Orange, SFR ou Bouygues Telecom. Un choix compréhensible quand on connaît les difficultés du secteur : « Selon les derniers chiffres de l'ARCEP, le parc français des opérateurs mobiles virtuels (MVNO) aurait baissé à 2,5 millions d'abonnés.[...] les opérateurs alternatifs dénoncent une relation contractuelle très déséquilibrée imposée par les opérateurs de réseau et des conditions économiques difficiles qui les empêchent d'animer pleinement la concurrence au profit des consommateurs » expliquait récemment Léonidas Kalogeropoulos, Délégué général de l'Association « Alternative Mobile », validant ainsi la stratégie d'Iliad.

Un temps convoitée par Suez et Telefonica, la quatrième licence 3G française est un serpent de mer des télécoms françaises qu'Iliad aurait déjà pu obtenir si il n'avait pas cherché à négocier un assouplissement de son prix auprès des pouvoirs publics. Ces derniers ont d'ailleurs décidé de confier à l'Arcep une réflexion sur le sujet dont les conclusions devraient être rendues fin septembre.

Nouvel appel d'offre ? Division des fréquences entre les opérateurs existants ? solution intermédiaire ? Le débat devrait en tout cas être vif au sein de l'Arcep, au Parlement et au sein du gouvernement et les déclarations d'Iliad sont sans doute à replacer dans cette perspective. Reste à savoir si le gouvernement, qui souhaite faire financer France Television par une taxe sur les grands opérateurs parviendra également à leur imposer un nouveau concurrent promettant une telle baisse des prix.

Pris en tenaille entre ses amis industriels et ses promesses électorales sur le pouvoir d'achat, le Président de la République pourrait avoir à trancher ce dossier sensible avec comme spectateurs attentifs les 4 millions d'abonnés Free et leurs familles...
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