Bien que les jeux olympiques de Pékin aient permis de placer la question de la censure chinoise du Web sur le devant de la scène, il semblerait que celle-ci soit toujours une réalité. Un groupe de chercheurs canadiens a récemment découvert que les conversations tenues au travers de la messagerie instantanée écrite du logiciel Skype étaient surveillées et censurées. Plus d'un million de messages contenant des termes jugés répréhensibles aurait ainsi été archivé, accompagné de l'adresse IP des personnes les ayant émis. Cette opération de censure concernerait aussi bien les utilisateurs du logiciel Skype que les internautes ayant opté pour « Tom Skype » une version allégée du logiciel, conçue par une coentreprise montée avec un opérateur local, Tom online.
Membres du Citizen Lab - groupement d'activistes dont l'un des membres est à l'origine de l'outil de contournement de la censure Psiphon - ces chercheurs expliquent dans un rapport avoir découvert un réseau de huit machines sur lesquelles sont stockés ces messages. Ils soulignent par ailleurs n'avoir eu aucun mal à accéder à ces données confidentielles puisque celles-ci sont hébergées sur un réseau de serveurs publics, auxquels les autorités chinoises n'ont logiquement aucun mal à se connecter.
« Dans quelle mesure Tom online et Skype coopèrent-ils avec le gouvernement chinois à la surveillance des communications d'activistes et de dissidents aussi bien que de citoyens ordinaires », s'interrogent alors les auteurs du rapport. A partir de cette liste de message, ils ont entrepris de reconstituer la liste des mots clé qui auraient pu servir à la sélection des messages archivés, et ont - sans surprise - localisé des thématiques récurrentes comme le Falun Group ou l'indépendance de Taïwan. Relayée par le New York Times, l'affaire prend rapidement une ampleur gênante pour Skype.
« En avril 2006, Skype a publiquement révélé que Tom opérait un filtrage des contenus texte qui bloquait certains mots dans les conversations et a également dit que lorsqu'un message était jugé répréhensible, il était simplement écarté, et non affiché ou transmis où que ce soit », a rappelé jeudi Josh Silverman, président de Skype. Selon lui, Tom online aurait donc changé sa politique depuis cette date. Joint par Skype, l'opérateur aurait depuis fermé l'accès public à ces serveurs. Dans un laconique communiqué, Tom s'est contenté de rappeler qu'en tant que société chinoise, il ne faisait que se conformer aux règles édictées en Chine.