Lundi dernier, lorsque le premier ministre François Fillon a annoncé qu'un appel d'offre pour l'attribution d'une 4eme licence 3G sera lancé avant l'été, les médias se tournèrent immédiatement vers Free, la filiale de l'Iliad.
En effet, lors d'un précédent appel d'offre en 2007, le fournisseur d'accès à Internet fut le seul candidat à déposer un dossier. Cependant, l'Arcep, le régulateur des Télécoms, estima que Free Mobile n'avait pas respecté le cahier des charges prédéfini et que la société aurait du mal à payer le prix de la licence (619 millions d'euros).
Maxime Lombardini, PDG d'Iliad, la maison mère de Free, multiplie les entretiens et, comme si la bataille était gagnée d'avance, se montre déterminé à chambouler le marché actuel de la téléphonie mobile détenu en majorité par les trois opérateurs Orange, Bouygues Telecom et SFR. Interrogé par L'Express sur d'éventuels concurrents qui postuleraient à l'obtention de la 4eme licence 3G, Maxime Lombardini explique : « aujourd'hui je ne vois pas de concurrent de taille. Avec nos 4 millions d'abonnés et notre volonté depuis 3 ans de devenir opérateur mobile, nous sommes légitimes pour obtenir cette 4e licence mobile. ».
Sur le marché des fournisseurs d'accès à Internet, Free a changé la donne en proposant un forfait mensuel à 29,90 euros. La firme entend suivre le même chemin et révolutionner les offres de téléphonie mobile.
Interrogé par 01Net, Maxime Lombardini regrette que la bande de fréquence attribuée par le gouvernement ne soit que de 5 MHz au lieu des 10 MHz espérées par Free. « Il ne s'agit pas de faire un réseau qui serait limité à quelques villes » explique le PDG, « simplement, cela veut dire que l'on ne peut mettre que 7, 8 ou 10 millions d'abonnés sur 5 Mhz, mais cela laisse de la marge ». Le patron de Free se montre clairement agressif envers Orange, Bouygues Telecom et SFR qui vont devoir ajuster et améliorer leurs offres sur trois aspects, à savoir, les prix, la simplicité et la fluidité.
Quid des MVNO ?
En comparaison au reste de l'Europe, la part des MVNO en France ne représente que 4,9 % sur marché de la téléphonie mobile (contre 25% en Allemagne). Les MVNO - ou opérateurs virtuels - rachètent en gros des minutes de communication aux acteurs principaux pour les revendre sous forme de forfaits différents.
Grégory Gosset, PDG de Tele2 Mobile, explique à l'AFP que : « pour la concurrence sur le marché, avoir quatre acteurs au lieu de trois, a priori sur le long terme c'est une bonne décision ». Orange, Bouygues Telecom et SFR étoufferaient-ils ce marché alternatif ? C'est en tout cas ce que pense Maxime Lombardini qui en profite pour affirmer : « si d'aventure, nous étions le quatrième opérateur, nous serions très heureux d'accueillir (les MVNO) dans des conditions plus favorables que le font les opérateurs mobiles aujourd'hui. »
Qui pourrait être éligible à la quatrième licence 3G ?
Si Free semble déjà se porter en vainqueur, il existe cependant d'autres acteurs tout aussi crédibles qui pourraient être candidats à cette quatrième licence. Si Numéricâble préfère rester discret et refuse de se prononcer à ce sujet, Arnaud Polaillon, secrétaire général du FAI, se déclarait toujours intéressé par cette quatrième licence. Numéricâble compte aujourd'hui 4 millions d'abonnés et possède quelques milliers de clients sur son MVNO de Bouygues Telecom.
Parmi les autres candidats potentiels, notons le néerlandais KPN présent dans de nombreux pays d'Europe du Nord et qui s'est récemment allié à Bouygues Telecom pour lancer Simyo, une offre de téléphonie mobile à bas coût.
Enfin mentionnons aussi le groupe de Vincent Bolloré dont la filiale Bolloré Telecom est très active dans l'Internet sans-fil Wimax et qui pourrait donc être tenté de postuler à cette licence.