Président fondateur de l'association Mozilla Europe, Tristan Nitot réagit à la sortie, ce jeudi, de la version stable d'Internet Explorer 8, navigateur web développé par Microsoft, concurrent de Firefox (Mozilla), Safari (Apple) et Opera.
AB - Tristan Nitot bonjour. La guerre des navigateurs est-elle relancée avec l'arrivée d'IE 8 et celle, l'an dernier, de Google Chrome ?
TN - Il est certain qu'il y a à nouveau de la concurrence et c'est une excellente chose. La sortie d'IE 8 en est la preuve : voir les navigateurs modernes gagner des parts de marché a poussé Microsoft à réagir.
AB - Que pensez-vous de la maturité technique et fonctionnelle d'IE 8 par rapport à IE 7 et aux versions les plus récentes de Firefox, Opera et Safari ?
TN - On note des progrès en terme de support des standards (CSS, principalement) et aussi en terme de rapidité, dans une moindre mesure. Mais aujourd'hui, les navigateurs modernes travaillent sur deux aspects essentiels : d'une part, des moteurs JavaScript avec compilation juste à temps, ce qui permet de faire passer les applications Ajax à la vitesse supérieure, d'autre part, HTML 5, particulièrement Canvas (graphiques manipulés par JavaScript) et la vidéo native. Internet Explorer ne propose rien sur ces différentes technologies et sur SVG (Scalable Vector Graphics).
AB - Quels seront les principaux atouts de la prochaine version de Firefox sur ce marché concurrentiel ?
TN - Son avance technologique, bien sûr, sa sécurité, sa simplicité d'utilisation et enfin son extensibilité. Il y a aujourd'hui plus de 7000 extensions disponibles pour les produits Mozilla (essentiellement Firefox), avec un écosystème très innovant. Il suffit de voir des extensions comme Ubiquity pour comprendre que ce système différencie Firefox des autres navigateurs tout en accélérant l'innovation.
AB - Microsoft reste en position de force sur le marché des navigateurs web, y compris avec l'arrivée des netbooks grâce auxquels les éditeurs de logiciels libres et open source pensaient gagner des parts de marché non négligeables. Comment envisagez-vous le futur du secteur dans ce contexte ?
TN - Firefox a aujourd'hui en Europe 32,5% de parts de marché (AT Internet Institute), on ne peut donc pas dire que ce soit négligeable. Personne ne peut sérieusement dire qu'Internet Explorer est le meilleur navigateur du marché, et même s'il perd régulièrement des parts, il reste dominant. Cela prouve bien que le marché ne fonctionne pas correctement, c'est pourquoi la Commission européenne se penche sur ce problème.
Par ailleurs, le prochain défi c'est celui des appareils mobiles qui méritent de meilleurs navigateurs que ceux dont ils disposent actuellement. Ce marché est en pleine évolution et Microsoft n'y est pas dominant. De notre côté, nous venons tout juste de sortir la première beta de Fennec qui devrait tourner à terme sur les mobiles sous Linux et Windows Mobile.
AB - Tristan Nitot, je vous remercie.