L'un des projets phares de l'ICANN, l'organisation en charge de réguler les noms de domaine sur Internet, reste certainement l'ouverture des extensions aux noms génériques. Au centre de la réfléxion, les membres du conseil du GNSO (Generic Names Supporting Organisation) sont chargés de soumettre les recommendations au conseil d'administration de l'ICANN. Après avoir interrogé Pierre Berecz, PDG d'Indom, sur les différents enjeux des sociétés sur Internet, NetEco s'est entretenu avec Stéphane Van Gelder élu au conseil du GNSO de l'ICANN en octobre 2008.
NetEco : Quand aura lieu l'ouverture des extensions des noms de domaine ?
Stéphane Van Gelder : D'après les dernières informations officielles, la libéralisation devrait débuter au plus tôt en décembre 2009. Cependant, d'après Paul Twaney, directeur de l'ICANN, ce sera plutôt en février 2010.
La société Indom pour laquelle vous travaillez en tant que directeur général aux côtés de Pierre Berecz est en charge de monter le dossier de la ville de Paris. Pourriez-vous nous en parler ?
SVG : Bien sûr. La ville de Paris a choisi Indom afin de mettre en place le .paris. Nous sommes donc chargés d'établir le dossier qui sera ensuite présenté devant l'ICANN lorsqu'ils ouvriront le premier cycle des nouvelles extensions début 2010. Il y a beaucoup de projets organisés par les villes comme ceux de New York City, Séoul, Tokyo, ce sont d'ailleurs les plus populaires.
Qui pourra bénéficier d'un nom de domaine en .paris ?
SVG : Tout le monde. Ce sera particulièrement pratique pour le domaine du tourisme, pour les entreprises ou encore les services publics. Le particulier aussi pourra choisir un domaine en .paris s'il le souhaite.
Qu'en pourra-t-on en bénéficier ?
SVG : Je dirais qu'à l'heure actuelle, il faut tabler sur fin 2010. L'ouverture aura lieu en début d'année prochaine, le .paris devrait être accepté dans le courant du premier trimestre, puis nous déploierons l'infrastructure nécessaire par la suite.
L'ouverture des extensions des noms de domaine est sujette à plusieurs polémiques. Certains pointent du doigt une syntaxe déstructurée pouvant porter à confusion l'internaute habitué à URL classique en .com ou .net. Qu'en pensez-vous ?
SVG : Je pense au contraire qu'il s'agit d'une formidable opportunité pour changer nos habitudes. Aujourd'hui, le .com ne veut plus rien dire et l'on trouve toute sorte de site avec cette extension. Nous trouvons aussi des extensions géographiques comme le .fr pour lesquelles un phénomène similaire se produit car il est de plus en plus généralisé. L'ouverture des extensions permettra de former des mots-clés naturels au sein des moteurs de recherche. Un autre point positif c'est que Google ne fait pas de différence selon le suffixe.
Beaucoup s'interrogent le coût de création d'une extension jugé bien trop élevé. N'est-ce pas un frein pour les particuliers ?
SVG : Aujourd'hui une entreprise souhaitant ouvrir une nouvelle extension devra payer 180 000 dollars. Selon l'ICANN, cet argent servira à rembourser les frais de traitement et de validation. A ces 180 000 dollars, s'ajoutera un coût annuel de 25 000 dollars. S'il est évident que des projets de type humanitaires auront du mal à investir dans une extension, il s'agit cependant d'un frein nécessaire. Sachez par ailleurs qu'une société ayant vendu plus de 50 000 domaines sur une nouvelle extension devra reverser 25 centimes à l'ICANN pour chaque domaine supplémentaire créé. L'ICANN souligne que ces frais-là sont bien réels. D'après eux, en cas de surfacturation, l'argent en trop devrait être remis dans un fond pour l'Internet.... et c'est là que ca devient un peu vague.
Parmi les autres problèmes évoqués sur la libéralisation des noms de domaines, beaucoup craignent le cyber squatting. Est-ce l'un de vos principaux soucis ?
SVG : Absolument, il faut pouvoir prendre en compte les droits de la propriété industrielle. Les marques ne devront pas avoir à se protéger du cyber-squatting en achetant leur nom sur plusieurs centaines d'extensions, ce serait aberrant. C'est véritablement l'un des points bloquants qu'il nous faut résoudre avec la sortie du programme. A ce sujet nous travaillons sur un projet de base de données qui contiendrait une liste de mots déposés. Cependant la chose n'est pas facile car un même mot peut être présent chez deux sociétés par exemple.
Aujourd'hui l'ICANN est rattaché au Département du Commerce américain. Il y a plusieurs de polémiques autour de ce sujet. La chose va-t-elle changer ?
SVG : De toute façon, pour la direction de l'ICANN, les choses sont claires : cela ne peut pas rester comme ça et l'organisation souhaite véritablement devenir indépendante. Aujourd'hui l'ICANN a clairement mérité son indépendance même si l'organisme reste très anglo-saxon. Il y a des Américains, des Anglais, des Australiens, des Néo-Zélandais... On est dans une guerre diplomatique. Cependant, l'Amérique aura du mal à garder le contrôle complet de l'ICANN.
Je vous remercie
Entretien avec Stéphane Van Gelder du conseil GNSO de l'ICANN
Publié le 19 mars 2009 à 16h56
Je suis rédacteur en chef adjoint de Clubic, et plus précisément, je suis responsable du développement éditorial sur la partie Logiciels et Services Web.
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