S. Barsikian, MyMajorCompany : "Les producteurs de Grégoire récupéreront 12 fois leur mise"

Jérôme Bouteiller
Publié le 20 août 2009 à 17h32
Co-fondateur de MyMajorCompany, Sevan Barsikian revient sur le succès de cette maison de disque de nouvelle génération à l'origine du succès de Grégoire. Dans cet entretien, il évoque également les autres projets de la jeune pousse parisienne ainsi que son positionnement dans un secteur de la musique en plein bouleversement

JB - Sevan Barsikian, bonjour. Comment peut on présenter MyMajorCompany ? Peut on parler d'un PeopleSound ou d'un Vitaminic 2.0 ?

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Sevan Barsikian
SB - MyMajorCompany n'est effectivement pas le premier site à mettre en avant des artistes sur internet et vous pourriez également mentionner des plates-formes comme MySpace qui ont permis à des artistes tels que Lilly Allen ou Arctic Monkeys de rencontrer leur public.

Mais je crois que MyMajorCompany introduit une différence fondamentale : il ne s'agit plus d'écouter mais d'investir dans un artiste, de transformer le fan en véritable producteur.

Un artiste comme Grégoire n'avait pas d'activité sur MySpace. C'est l'engouement de ses 347 investisseurs, qui ont misé en moyenne 50 euros, qui a permis d'enregistrer son disque et de générer le buzz sur le web et dans les médias.

JB - Grégoire a vendu plus de 600 000 albums. Pensez vous pouvoir rencontrer un succès similaires avec vos 14 autres artistes ?

SB -Le succès de Grégoire reste un cas exceptionnel en temps de crise et c'est incroyable que son album soit encore dans les meilleures ventes, près d'un an après sa sortie. Nous avons eu la chance de miser sur un véritable artiste populaire dont l'album est en outre de très bonne qualité.

En dehors de Grégoire, nos autres artistes commencent néanmoins à trouver leur place. La chanteuse hip-hop Agony a déjà vendu plus de 10 000 disques et des artistes tels que Joyce ou Thierry de Cara commencent à tourner sur des radios comme Europe1 ou CherieFM.

JB - Quel est le retour sur investissement pour vos internautes producteurs ?

SB - MyMajorCompany réunit aujourd'hui plus de 50 000 membres dont 15 000 producteurs ayant investi au total plus d'un million d'euros. Les investisseurs ayant misé sur Grégoire devraient récupérer plus de 12 fois leur mise mais pour le moment, ils n'ont touché que leurs revenus 2008. Nous espérons bien évidemment connaître des succès similaires avec nos autre artistes :-)

JB - Ce sont les internautes qui produisent ces artistes mais les ventes sont elles également majoritairement réalisée par internet ?

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Disque d'or Grégoire
SB - C'est peut être un paradoxe mais les canaux numériques comme iTunes ne représentent que 12 à 13% de nos ventes qui restent majoritairement réalisées dans les canaux physiques traditionnels.

Au début de MyMajorCompany, nous nous sommes néanmoins posé la question de privilégier le numérique. Mais notre promesse était de faire gagner de l'argent aux internautes producteurs. Nous ne pouvions donc pas faire l'impasse sur les ventes de CD et nous avons opté pour un partenariat avec Warner.

JB - Soutenez vous la loi Hadopi ou à l'inverse des initiatives comme la licence globale ?

SB - Nous sommes partagés. D'un coté, notre société et ses 15 salariés vit de la vente de musique et nous pensons qu'il y a un véritable effort pédagogique à faire pour sensibiliser les internautes à la valeur de la musique

D'un autre côté, nous nous inquiétons d'une logique trop répressive vis à vis des internautes. Il faut donc trouver un équilibre, peut être au travers de solutions d'écoutes illimitées et d'un simple bridage des débits pour les pirates.

JB - Envisagez vous d'appliquer le concept de MyMajorCompany à d'autres secteurs économiques ?

SB - C'est vrai qu'il existe des modèles similaires au nôtre dans le football ou dans le cinéma. Mais les montants ne sont pas les mêmes. La production et la promotion d'un disque coûtent environ 100 000 euros alors qu'il faut compter plusieurs millions d'euros pour un long métrage. Nous pourrions toutefois reproduire notre formule dans d'autres secteurs tels que le spectacle ou l'édition, dans lesquels les montants à investir sont beaucoup plus modestes.

JB - Stéphane Courbit, l'ancien dirigeant d'Endemol France est à votre capital. Réfléchissez vous également à une déclinaison TV de votre concept ?

SB - Il est tentant de comparer MyMajorCompany à des émissions comme Star Academy ou Nouvelle Star et je reconnais que nous y réfléchissons avec les équipes de Stéphane. Mais nous n'avons pas encore trouvé la bonne formule pour satisfaire l'audimat tout en respectant l'esprit de MyMajorCompany. Les téléspectateurs privilégient les reprises de titres connus alors que nous misons sur des titres originaux.

Notre priorité est plutôt de développer notre société à l'international. Nous nous appuyons sur le savoir faire de Paul-René Albertini, ancien dirigeant de Sony Music, et nous souhaitons nous implanter sur des marchés européens et notamment la Grande-Bretagne, tête de pont vers les Etats-Unis.

JB - Sevan Barsikian, je vous remercie.

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MyMajorCompany.com
Jérôme Bouteiller
Par Jérôme Bouteiller

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