C'est le magazine Que Choisir qui a révélé l'information. Selon une source proche du dossier que nous avons jointe par téléphone, c'est en fait le NIT (Network Information Table) du signal TNT qui pose problème. Cette table contient toutes les données techniques relatives à la réception et à la reconnaissance des programmes transmis par les récepteurs. Or cette dernière est pleine à 90%. Conséquence : l'obligation d'ajouter une seconde page d'index à cette table, en vue d'accueillir les futures chaînes qui devraient pointer le bout de leur nez d'ici 2012.
Et c'est là que le problème survient. Car les constructeurs n'ont pas tous équipé leur matériel de façon à pouvoir prendre en compte ce second paquet d'informations. En d'autres termes, votre décodeur TNT pourrait ne voir que la première ou la seconde plage de chaînes, recevoir des signaux non numérotés ou encore, dans de rares cas, ne plus fonctionner du tout. Ironie de l'histoire, alors que la législation impose la présence d'un décodeur TNT au sein des téléviseurs depuis mars 2008, ces derniers pourraient également être atteints. Le problème se manifestera dès lors que l'utilisateur effectuera une recherche automatique ou manuelle des chaînes, manipulation qui sera de toute façon nécessaire à l'extinction du signal hertzien analogique, le 30 novembre 2011 au plus tard.
Les éditeurs souhaiteraient en effet que s'organise une table ronde autour de laquelle services publics (CSA et DGCCRF en tête), éditeurs et constructeurs pourraient discuter d'une certification à mettre en place afin de s'assurer qu'un minimum de français ne soit touché par la modification du signal TNT. Ce laps de temps permettrait également la mise en place d'un éventuel plan de communication, mais aussi et surtout le renouvellement « naturel » du parc de décodeur TNT. L'une des propositions faites pour gagner ce temps supplémentaire serait de supprimer les références aux antennes régionales de France 3 afin d'alléger la table. Une solution radicale et à court terme qui rappelle le manque de préparation de cette opération.
Car à l'heure actuelle et si la modification a effectivement lieu le 5 mai (ce qui semble pour l'instant être l'avis du CSA), ce sont entre 300 000 et 500 000 appareils qui seraient concernés... mais peut être plus ou peut être moins, personne ne peut réellement le dire. Un flou artistique relativement étonnant lorsque l'on sait que les instances publiques ont pris conscience du problème dès 2007, avertissant les constructeurs sans toutefois imposer de modifications matérielles.
A l'heure où le gouvernement tente de rassurer les Français quant au passage au tout-numérique à grand renfort de publicité, les chargés de communication risquent d'avoir du travail supplémentaire...