Et en parlant de température, Las Vegas en mars, ça n'est pas franchement la canicule. Passons, et faisons un tour dans les allées du Convention Center du Mandalay Bay ou se tient l'événement au titre évocateur : « The next web, now » . Et là, ça coince. Non pas que rien d'intéressant ou de novateur n'ait été présenté lors de l'événement. On a pu voir Windows Phone 7 de plus près (et constater que les jours de Windows Mobile sont décidément comptés), avoir un aperçu prometteur du futur Internet Explorer 9, ou encore découvrir les dernières versions de Silverlight, Expression Blend ou Visual Studio.
Si on fait abstraction de tout ce que l'on sait sur Microsoft, ces deux journées pourraient faire illusion, et même plus que ça. On constate que loin de son image ternie par des années de stagnation, Microsoft innove, invente. Le plus bel exemple est Windows Phone 7, dont l'interface rafraichissante nous montre enfin un fabricant d'OS mobile dont la réponse à l'iPhone n'est pas une copie de l'iPhone. Les jeux et applications tierces, qui utilisent Silverlight ou XNA, sont très prometteurs, l'approche basée sur des « hubs » et sur l'intégration des réseaux sociaux à tous les étages est originale et, oui, on le dit sans honte : l''interface brille par son élégance et sa sobriété (comme quoi, tout finit par arriver).
On pourrait dire la même chose d'Internet Explorer 9 : la « Platform Preview » dévoilée n'offre qu'un aperçu technologique mais celui ci est prometteur et semble pouvoir remettre Microsoft dans la course. Ah oui.... C'est ça le problème. Windows Phone 7 semble également remettre Microsoft dans la course. Et Silverlight 4 ainsi qu'Expression Blend 4 semblent rattraper le retard de Microsoft face à Adobe. Voilà, le problème, c'est que le Mix10, ça n'est pas tant « The next web now », mais plutôt « Today's web, at last ». Pour chaque innovation présentée par Microsoft lors de l'événément (et on pourrait même extrapoler à Windows 7), la firme de Redmond traine des technologies vieillissantes qu'elle tente d'éclipser : Windows Mobile, Internet Explorer 6, ou même Windows XP, que Dean Hachamovitch a officiellement qualifié de système obsolète en confirmant qu'Internet Explorer 9 ne serait pas développé pour XP (ce qui semble d'ailleurs assez logique). Oh bien sur, ça ne les empêche pas de dormir sur leurs deux oreilles : Microsoft est loin, très loin d'être dans le besoin.
On sent cette volonté autour des sessions et des keynotes : Microsoft joue sur son image vieillissante à travers une certaine autodérision. Evidemment, le fait d'exhiber une marionnette virtuelle de Steve Ballmer, façon Terrence & Philip, est sans conséquence, tout comme faire subir des outrages au trombone d'Office 97. Mais côtoyer ces développeurs et designers pendant 2 jours donne cette impression d'une entreprise à l'opposé total de ce récit effrayant d'un ex employé qui circulait il y a quelques semaines sur le web. On y décrivait un Microsoft gangréné par des querelles entre les business units qui se tirent dans les pattes pour empêcher les innovations de voir le jour. Ici, à Las Vegas, on a le sentiment que ça bouge, que ça innove. On parle d'open source, de standards, de changements radicaux de politique... A ce stade, la meilleure chance de Microsoft, serait que ses concurrents deviennent de nouveaux Microsoft...