L'association de défense de la liberté de la presse Reporters Sans Frontières (RSF) accuse le portail américain ! d'avoir aidé la police chinoise à identifier un militant nommé Jiang Lijun, condamné à quatre ans de prison en novembre 2003 pour « subversion ». Ce dernier aurait publié sur Internet des articles critiquant le régime chinois et appelant à la démocratisation du pays. C'est la troisième fois que Yahoo! se retrouve impliqué dans une affaire de ce type.
« Petit à petit, nous apportons les preuves de ce que nous soupçonnions depuis longtemps, à savoir que Yahoo ! est impliqué dans l'arrestation de la plupart des personnes que nous défendons. Nous nous sommes rendus la semaine dernière au siège de cette entreprise pour leur demander de mettre un terme à cette collaboration. Nous leur avons demandé de retirer leurs serveurs d'e-mail de Chine, car c'est le seul moyen d'éviter de participer à la répression qui sévit contre les journalistes et les démocrates », s'indigne RSF, qui accuse Yahoo! de se camoufler derrière sa filiale de Hong Kong pour ne pas assumer ses responsabilités. Cette dernière aurait confirmé à Pékin qu'une boîte aux lettres électronique était utilisée par Jiang Lijun et un autre militant pro-démocratie, entrainant l'arrestation et la condamnation du premier. RSF publie sur son site le verdict, traduit en anglais.
Depuis quelques mois, les positions qu'adoptent les géants de l'Internet par rapport au régime chinois n'ont de cesse de secouer l'opinion. En juillet 2005 déjà, le service de blogs MSN Spaces était pointé du doigt pour avoir accepté d'interdire certains termes sur son service. Plus récemment, Google s'est vu vertement critiqué pour avoir censuré son moteur de recherche, condition sine qua none pour avoir le droit d'établir certains de ses serveurs en Chine et ouvrir le portail Google.cn. Enfin, Yahoo! se retrouve confronté à ses multiples accusations. La complaisance des trois géants vis-à-vis de la censure chinoise leur a d'ailleurs valu une audience devant le Congrès américain en février dernier.
Difficile de ne pas voir derrière cette complaisance le prodigieux appât que constituent quelque 110 millions d'internautes et un marché du commerce en ligne s'élevant, pour 2005, à environ 74 milliards d'euros...