TV connectées : les chaines veulent garder le contrôle de leurs flux

Alexandre Laurent
Publié le 24 novembre 2010 à 16h51
Inquiètes de l'impact que pourrait avoir le développement du phénomène TV connectées, les principaux acteurs du paysage audiovisuel français ont convenu de la signature d'une charte visant à leur garantir le contrôle des éléments affichés en surimpression de leurs programmes. L'objectif ? Garantir l'intégrité de leurs émissions et du message publicitaire qui lui est associé et éliminer les risques de parasitisme que pourraient représenter les widgets, applications pour téléviseurs et autres services émanant de la planète Web.

Signée par la totalité des diffuseurs de la TNT, ladite charte énonce que si les éditeurs se disent enclins à favoriser le développement de la TV connectée, ils entendent bien garantir le « respect de l'intégrité du signal de chacune des chaînes signataires (...) afin que les éditeurs puissent continuer à exercer un contrôle total et exclusif sur les contenus et services affichés en surimpression ou autour de leurs programmes ».

Dans le même temps, ils s'engagent à s'opposer « à toute démarche visant à tirer profit de leurs programmes ou de leur audience (et notamment des données d'usage) en redirigeant les téléspectateurs vers d'autres contenus et services sans accord préalable de la chaîne concernée ».

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Une charte anti Google TV ?

Concrètement, que signifient les modalités de cette charte ? Les détenteurs d'une box ou d'un décodeur connecté ont pris l'habitude de voir en surimpression de leurs programmes télévisés des bandeaux invitant par exemple à aller découvrir l'offre vidéo à la demande de la chaîne qu'ils consultent. Les diffuseurs, TF1, M6, France TV ou Canal + notamment, craignent qu'avec une télévision connectée, les éditeurs de services ou fabricants soient tentés de faire apparaître des informations d'une autre nature : promotion d'un widget, flux d'actualités émanant d'une application ou d'un site tiers, voire de la publicité.

Au travers de cette charte, ils s'engagent donc à ne pas autoriser l'exploitation de leurs contenus aux fabricants, services ou marques qui ne respecteraient pas les principes qui y sont énoncés.

Bien qu'aucun service spécifique ne soit mentionné dans cette charte, difficile de ne pas voir dans cet engagement mutuel une volonté de se défendre face à l'arrivée de boîtiers dédiés aux contenus Internet (de type over the top) tels que la désormais fameuse Google TV, dont l'introduction aux Etats-Unis a immédiatement provoqué la bronca des grands réseaux de télévision. ABC, CBS, NBC et Viacom ont ainsi pris la décision d'interdire l'affichage de leurs flux sur les boîtiers estampillés Google TV tels que la Logitech Revue (voir test).

Aujourd'hui en position de force, les chaînes de télévision ont de vraies raisons d'appréhender l'arrivée de la TV connectée, dans le sillage de laquelle s'installeront logiquement de nouveaux usages susceptibles de rogner sur le temps accordé par le téléspectateur aux programmes de flux. La plupart l'anticipent d'ailleurs, en développant offres de télévision de rattrapage, dispositifs d'interactivité et offres de vidéo à la demande. Reste à savoir comment s'équilibreront les ambitions des différents maillons de la chaîne, du diffuseur protectionniste au fabricant désireux de renforcer l'attrait de ses produits en passant par les challengers venus de l'univers du Web.
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