Alexis HELCMANOCKI : "Le MMS push est un véritable média"

Jérôme Bouteiller
Publié le 24 décembre 2002 à 00h00
JB - Alexis HELCMANOCKI, bonjour. Depuis quelques semaines, SFR propose un nouveau service de MMS push. Pourquoi vous ont-ils sous traité en partie ce service ?

AH - La logique de sous-traiter ou d'exploiter en mode ASP des applications de technologies et/ou des services est assez courante chez les opérateurs. Dans le cas de SFR, en s'appuyant sur les expériences de Vodafone et Vizzavi en Allemagne et UK , SFR a bien compris que le MMS ne se limite pas à un usage interpersonnel et souhaitait lancer, dans des délais très courts, un service de MMS push dans le cadre de ses nouveaux services mobiles Multimédia. La solution proposée par Buongiorno, qui propose aussi bien la gestion des abonnements, l'envoi des MMS et l'agrégation d'éditeurs tiers , et qui a déja fait ses preuves en Europe (Buongiorno a signé plus de 10 contrats MMS à ce jour) les a apparement convaincu, et le timing prévu a été respecté.

JB - Aujourd'hui, seule une poignée de terminaux sont compatibles MMS. Avez vous une solution pour toucher des terminaux WAP ordinaires ?

AH - Tout d'abord, il faut préciser que notre plate-forme est capable d'identifier des téléphones MMS différents. Aujourd'hui, envoyer le même MMS à un T68i Sony Ericsson , un Nokia 7650 ou encore un Panasonic GD87 dont les écrans ne sont pas identiques en terme de taille, de format et de couleurs ne donne pas un résultat optimal pour le consommateur. Lors de l'abonnement au service, via une page WAP, nous identifions le "user agent" de l'utilisateur et nous lui envoyons les MMS au bon format. Nous travaillons en amont avec les constructeurs pour faire face aux différents terminaux qui arrivent sur le marché. Il faut bien comprendre qu'avec l'arrivée des nouvelles offre de téléphones MMS couleurs à bas prix, le parc des téléphones MMS va très vite augmenter !

Maintenant pour répondre à votre question, il est en effet possible de générer du WAP push ou tout simplement un SMS avec un lien hypertexte vers une page WAP reproduisant à peu près le même contenu. Mais cette manipulation dégrade considérablement l'expérience utilisateur et nous avons décidé de ne pas nous engager dans cette voie. SFR nous communique les identifiants des abonnés ayant souscrit à l'option MMS et disposant d'un terminal adéquat et nous n'abonnons donc que des personnes disposant de téléphones compatibles avec cette technologie.

JB - Quel est le modèle économique de l'offre SFR sur le MMS Flash ? Pour le moment, ce n'est pas très clair...

AH - Aujourd'hui, ma perception est que SFR cherche à populariser l'usage du multimédia mobile . L'offre MMS flash est donc un produit d'appel, actuellement gratuit pour ses abonnés. Mais l'envoi quotidien de milliers de MMS d'un poids moyen de 30 ko a un coût et SFR dévoilera probablement bientôt sa politique tarifaire. Au niveau européen, ce type de formule coûte entre 0,35 et 0.5 € par "mini journal" reçu. Cela représente en général une hausse de 5 € minimum de l'ARPU mensuel pour l'opérateur.

JB - Le monde du SMS+ évolue. On parle de nouveaux paliers (jusqu'à 1,5€) voire d'offres spéciales pour la presse (1 SMS+ donnant accès à plusieurs SMS Mt). Votre kiosque MMS va t'il en tirer profit ?

AH - Le MMS n'est pas un marché aussi ouvert que le SMS , et déja il n'est pas interopérable. Le kiosque MMS n'existe pas encore en France . Même si il n'est pas exclu de voir apparaître prochainement un kiosque "MMS+", l'envoi des MMS et l'usage des MMSc est pour le moment entre les mains des opérateurs qui fixent librement le coût d'envoi de ces messages et donc tout le modèle économique associé.

JB - Pensez vous que le mini-journal MMS peut rencontrer le même succès que les fonds d'écrans et les sonneries polyphoniques ?

AH - Oui, j'en suis persuadé. Il y a bien évidemment des règles à respecter comme le poids du MMS (pas plus de 30 ko), éviter le scrolling trop long et bien sûr veiller à ce que le contenu soit original et totalement adapté au téléphone .

JB - Hormis SFR, comptez vous proposer ce type de services à d'autres opérateurs ou à des fournisseurs d'accès ?

AH - Nous présentons en effet nos offres de service et de contenus

MMS à tous les opérateurs en Europe, avec un certain succés semble-t-il puisque nous comptons plus de 10 références MMS en Europe et même un contrat 3G UMTS avec H3G. Nous nous interressons également aux fournisseurs d'accès car nous avons une offre de MMS Composing du web vers le portable, qui doit attendre l'interopérabilité également pour décoller.

JB - Pensez vous que ce kiosque peut constituer une alternative à l'i-mode ?

AH - Le i-mode est plus une démarche "pull" et il constitue la suite logique et trés évoluée du WAP tandis que le MMS reste du "push" et s'inscrit dans la continuité du SMS Mt. Le i-mode est un bon écosystème mais avec la notion de push MMS, on peut toucher le consommateur de façon périodique et vraiment le fidéliser.

JB - Allez vous rechercher d'autres partenaires de contenu ?

AH- Buongiorno a deux casquettes : éditeurs pour des contenus de divertissement et agrégateur, en particulier pour l'information "chaude", que nous n'avons pas vocation à produire. Nous savons donc gérer des éditeurs tiers comme nous le faisons sur l'offre SFR mais c'est l'opérateur qui reste maître de la politique éditoriale, en particulier sur la base de son analyse marketing.

JB - Pensez vous que le kiosque MMS est la continuité de l'écosystème du minitel (opérateur / hébergeur / éditeur) ? Craignez vous que les éditeurs cherchent à vous court-circuiter ?

AH - Buongiorno est à la fois éditeur et "hébergeur" mais nous avons développé un vrai savoir-faire dans ce métier avec 55 techniciens dédiés au MMS. Nous recevons en amont les nouveaux terminaux et nous veillons à optimiser le contenu pour tous les formats d'écran. Je pense que les éditeurs vont se focaliser sur leur propre métier. La différence avec le minitel, c'est que l'opérateur cellulaire gardera longtemps la maitrise sur la diffusion du contenu.

JB - Que peut-on retenir des expériences similaires à travers l'Europe ?

AH - Globalement, le MMS push est une bonne surprise et a augmenté l'ARPU au delà des prévisions des opérateurs. Les abonnés plébiscitent l'information, le divertissement, la météo, la bourse et le "fun". Nous travaillons par exemple sur des projets de roman-photo, de bande dessinées avec des trés grandes licences .

JB - Souhaitez vous ajouter quelque chose ?

AH - Pour que le marché du MMS interpersonnel décolle, il faut attendre l'interopérabilité et le développement des MMS "personne à application" qui permettront par exemple de faire du morphing à partir d'une image. Avec les écrans en couleurs et les sonneries polyphoniques, le MMS devrait vraiment contribuer à faire oublier l'échec du WAP car il apporte un véritable bénéfice au consommateur, sur son mobile .

JB - Alexis HELCMANOCKI, je vous remercie.
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