Faute d'avoir su prendre le virage du numérique, l'un des géants de la photographie pourrait s'éteindre. D'après le Wall Street Journal, qui cite des sources proches du dossier, Eastman Kodak envisagerait en effet de se placer sous la protection du chapitre 11 de la loi sur les faillites, près de 131 ans après sa création. Déjà malmenée à New York, son action a immédiatement perdu 28% supplémentaires pour terminer mercredi à 0,47 dollar. Elle en valait 5,65 un an plus tôt.
La rumeur lancée par le quotidien financier intervient alors que la bourse américaine vient officiellement de lancer un avertissement à Kodak, l'enjoignant à faire remonter le cours de son action à plus de un dollar avant six mois, sous peine d'être exclu de Wall Street.
Toujours d'après le WSJ, Kodak chercherait aujourd'hui à négocier un prêt d'un milliard de dollars, qui lui permettrait de se remettre à flots le temps de boucler la vente d'une partie de son épais portefeuille de brevets, engagée à l'été 2011. L'Américain détient en effet quelque 11 000 brevets, liés pour l'essentiel à l'univers de l'imagerie, qui lui assurent aujourd'hui des rentes non négligeables, mais pèsent sur son opérationnel. En août dernier, Kodak avait annoncé son intention de vendre environ 10% de sa propriété intellectuelle.
Depuis plusieurs mois, il se sépare également des filiales et divisions qualifiées de « non stratégiques » pour mieux se concentrer sur son coeur de métier, aujourd'hui incarné par la photographie, bien sûr, mais aussi par l'impression. En décembre, Kodak a par exemple annoncé la cession d'Eastman Gelatine, sa filiale spécialisée dans la mise au point de gélatines utilisées en photo et en chimie.
Un temps incontournable, Kodak souffre de n'avoir pas réussi à négocier le virage du numérique, pendant que des acteurs comme HP ou Canon participaient à la démocratisation de l'impression personnelle. Certains de nos parents ou grands parents ont longtemps appelé leur appareil photo un « Kodak », quelle qu'en soit la marque...