Un radar moderne de surveillance de la vitesse © Alberto Masnovo / Shutterstock
Un radar moderne de surveillance de la vitesse © Alberto Masnovo / Shutterstock

Hantise pour les uns, salvateurs pour les autres, les radars automatiques sont apparus il y a 20 ans en France. L'idée d'un pactole sur lequel serait assis l'État reste assez loin de la réalité.

Il y a 20 ans, le 27 octobre 2003 (cela ne va pas nous rajeunir), le ministre de l'Intérieur de l'époque, un certain Nicolas Sarkozy, inaugurait le premier radar automatique de France. Depuis, le pays a vu fleurir un peu partout plus de 4 000 radars de différents types, la quasi totalité pour contrôler la vitesse sur les routes.

Ces dispositifs ont depuis toujours suscité un débat entre leur rôle dans la sécurité routière et leur contribution aux revenus de l'État. Comparés à certains impôts, le « chiffre d'affaires » des radars automatiques, dont certains se protègent d'une façon plus ou moins ingénieuse, reste famélique.

Les radars devaient, au départ, rapporter des milliards d'euros à l'État chaque année

Au moment de leur installation, les premiers radars automatiques furent salués comme des outils capables de détecter les excès de vitesse, d'éditer des amendes et de les envoyer automatiquement aux propriétaires des véhicules. Mais leur déploiement suscitait des inquiétudes quant à leur utilisation principale : générer des revenus pour l'État.

Et la confirmation ne tarda pas à venir. En une semaine, le radar automatique installé près du Pont de Neuilly, qui traverse Neuilly-sur-Seine, Courbevoie et Puteaux, fut vite rentabilisé, en générant 90 000 euros grâce à 1 000 véhicules flashés à 90 euros l'amende.

Les estimations initiales évoquaient des recettes de plusieurs milliards d'euros par an pour le parc français. Mais en réalité, les radars n'ont encore, malgré leur nombre et leur spécificités (contrôle de la vitesse, du franchissement de ligne, du non-port de la ceinture ou de l'utilisation du téléphone au volant), jamais atteint ce niveau extravagant.

Un radar automatique en bord de route © sylv1rob1 / Shutterstock.com
Un radar automatique en bord de route © sylv1rob1 / Shutterstock.com

Au final, les recettes issues des radars automatiques ne dépassent pas le milliard d'euros annuel

Si les radars semblent bien avoir contribué à la baisse de la mortalité sur les routes, conjugués aux autres mesures (interdiction du téléphone au volant, amélioration de la sécurité des véhicules), ils ne rapportent pas autant d'argent à l'État qu'on pourrait l'imaginer.

Via le site de la Sécurité routière, le gouvernement nous apprend qu'en 2021, les amendes provenant des infractions de la route ont rapporté 1,71 milliard d'euros à l'État. Quand on étudie ce chiffre, on s'aperçoit que 850 millions d'euros étaient issus des contrôles de la police de circulation (hors stationnement payant, précisons-le). Les 859 millions d'euros restants proviennent donc des radars automatiques, soit 50,3 % du total.

À titre de comparaison, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), plus importante source de revenus de l'État, a généré 186 milliards d'euros de recettes fiscales la même année. Et près de 9 euros sur 10 collectés par les radars automatiques restent alloués à la lutte contre la sécurité routière aujourd'hui. Ce qui reste, soit 99 millions d'euros seulement, est reversé au titre de désendettement de l'État. Vous savez tout désormais.