En plein procès contre les autorités antitrust américaines, de nouveaux détails sur les opérations du géant de l'e-commerce ont été révélés ce jeudi, et certains d'entre eux sont pour le moins… intéressants.
Amazon est l'une des entreprises les plus puissantes du web, et sa position dominante a de quoi éveiller certains soupçons. Assez, même, pour que le gendarme américain de l'antitrust rassemble suffisamment de preuves pour déposer une plainte contre l'entreprise.
Toutefois, au moment du dépôt de cette dernière, des éléments du dossier avaient été caviardés pour diverses raisons. La procédure judiciaire avançant, certaines de ces informations sont révélées et nous permettent d'en savoir un peu plus sur le fameux « Projet Nessie » et sur les allégations de la FTC.
Un algorithme très lucratif
L'objectif d'un distributeur est généralement de dégager le plus de revenus possible tout en restant compétitif. Il s'agit là d'une condition essentielle à sa survie, mais qui nécessite un travail de repérage considérable et des heures de calculs fastidieux. Bien sûr, nous sommes à l'ère de l'Internet et de l'informatique, et ce labeur peut être plus facilement automatisé qu'auparavant.
En tout cas, Amazon n'a pas hésité à le faire, et l'entreprise a même profité de l'occasion pour développer son propre algorithme afin d'optimiser le processus. L'objectif du projet, baptisé Nessie, était d'observer les prix pratiqués par la concurrence suite à des augmentations opérées sur la plateforme du géant américain. Si les autres suivaient le mouvement, le nouveau prix restait le même. Au contraire, quand l'augmentation de tarif n'était pas observée ailleurs, alors les valeurs étaient ramenées à leur niveau antérieur.
L'algorithme aurait été utilisé entre 2010 et 2019 et aurait permis d'augmenter le prix de millions de produits. Il a été qualifié de « succès incroyable » chez Amazon, générant près de 1,4 milliard de bénéfices supplémentaires. Un chiffre non négligeable, qui aurait poussé certains dirigeants de l'entreprise à vouloir ressortir leur « vieil ami Nessie » du placard à plusieurs reprises, au moins jusqu'en 2022.
Une concurrence déloyale
Selon un porte-parole d'Amazon, l'outil n'a pas été utilisé de la manière décrite dans la plainte de la FTC. Son but aurait été « d'essayer d'empêcher que le rapprochement des tarifs n'aboutisse à des résultats inhabituels où les prix sont devenus si bas qu'ils ne sont plus viables ». Le géant américain précise également qu'il « n'a pas fonctionné comme prévu », ce qui expliquerait son abandon.
Cependant, étant donné les revenus substantiels que Nessie a visiblement générés, il semble logique que certains dirigeants d'Amazon aient eu quelques craintes à propos des risques qu'il pouvait provoquer. En effet, selon la FTC, il s'agissait d'une « méthode de concurrence déloyale » qui manipulait les prix sur d'autres plateformes.
Pour éviter d'être détecté, Nessie aurait été mis en pause pendant les Prime Days et les fêtes de fin d'année, lorsque « les médias et les clients étaient plus attentifs » à Amazon, ajoute le gendarme américain de la concurrence. Par ailleurs, celui-ci révèle qu'entre 2019 et 2022, des cadres de l'entreprise lui auraient dissimulé des informations grâce à la fonction de messagerie éphémère de l'application Signal.
Reste à savoir comment ces allégations seront traitées par la justice américaine, d'autant qu'il ne s'agit pas des seules informations révélées ce jeudi. Le feuilleton entre Amazon et la FTC promet donc davantage de révélations alléchantes, révoltantes, ou les deux en même temps.
Source : Reuters