Malgré les protestations de ses avocats, Amazon a été sommée par la justice de produire plusieurs millions de documents.
Des plaignants américains se sont regroupés pour poursuivre collectivement le géant du e-commerce. En cause ? Son assistant vocal Alexa, qui est accusé d'enregistrer toutes les conversations, même s'il n'a pas été activé. La firme est aussi accusée de vendre ces systèmes par des moyens trompeurs et de la publicité mensongère.
Alexa nous écoute-t-elle ?
Si le procès déterminera le bien-fondé de ces accusations, il faut reconnaître que les interrogations des plaignants sont, a minima, légitimes. La ligne de défense des réseaux sociaux ou des plateformes de e-commerce qui proposent des publicités parfois étrangement précises est généralement articulée ainsi : les systèmes ne vous écoutent pas, ils récoltent simplement tellement d'informations sur votre profil et votre comportement en ligne qu'ils déduisent parfois vos besoins sans que vous les ayez forcément recherchés. Une explication tout de même inquiétante pour certains, et qui ne fait pas disparaître la suspicion d'écoutes illégales.
Surtout que les années précédentes ont démontré avec force et répétition que les géants américains des télécommunications entretenaient parfois des rapports plus que souples avec la loi et la vie privée. Les procès à répétition contre les différents réseaux sociaux et autres géants du secteur montrent qu'ils ont une fâcheuse tendance à se ruer vers les zones grises encore non encadrées par la loi, quand ils ne contournent pas ouvertement cette dernière. De quoi largement entretenir la suspicion des plaignants dans ce procès.
Des millions de documents pour prouver son innocence
Pour prouver qu'Alexa n'écoute pas les conversations privées quand elle n'est pas sollicitée, le juge qui a instruit ce procès a tranché en faveur de l'accusation. L'entreprise devra donc produire tous les documents relatifs au marketing de ce système, aux plaintes reçues par l'entreprise à son sujet et au fonctionnement technique d'Alexa. Les avocats d'Amazon ont vivement critiqué la demande, qu'ils trouvent bien trop importante pour pouvoir juger l'affaire de manière éclairée : cela représente en effet plus de 4 millions de documents à rassembler.
Leurs protestations n'ont pas suffi à convaincre le juge, pour qui « la demande des plaignants n'est peut-être pas parfaite, mais elle constitue un effort de bonne foi qui permettra de mettre la main sur les documents réellement pertinents ». Difficile de savoir combien de temps l'entreprise de Jeff Bezos mettra à répondre à cette exigence, et la justice à analyser ces documents, mais ce procès connaîtra bien un round supplémentaire.
Source : Bloomberg Law