Devant la Commission européenne, à Bruxelles (© Pixabay)
Devant la Commission européenne, à Bruxelles (© Pixabay)

L'UE avait lancé, il y a deux ans, une enquête sur le géant du e-commerce pour de prétendues pratiques anticoncurrentielles. La voici désormais prête à passer à la vitesse supérieure.

Après une enquête préliminaire bouclée à l'été 2019 puis une seconde enquête qui aura aussi duré une bonne année, la Commission européenne s'est décidée à attaquer Amazon. Une plainte devrait prochainement être déposée à l'encontre de la firme de Jeff Bezos, accusée de pratiques antitrust, avec la ponction des données des vendeurs de sa marketplace.

Un stratagème imparable pour briser la concurrence des revendeurs ?

La Commission voulait être sûre de son fait, à savoir si Amazon profite ou non de son double rôle de vendeur et de marketplace. De juge et partie, en somme. L'entreprise vend en effet des produits en tant que détaillant, sur son site, et met sa place de marché (marketplace) à disposition de vendeurs tiers, indépendants, qui peuvent proposer leurs propres produits aux clients d'Amazon.

Tout l'enjeu de l'enquête, pour la Commission européenne, était de déterminer si les accords établis entre les revendeurs et Amazon permettent justement au géant américain de récolter des données dites « sensibles » sur les achats effectués.

Les données qu'Amazon prélève sur ses vendeurs lui permettraient donc de les concurrencer. Un exemple typique : étudier les produits qui se vendent le mieux chez les vendeurs de la marketplace pour, ensuite, développer et commercialiser des produits sous la bannière Amazon Basics, la marque de l'entreprise, proposés ensuite aux utilisateurs à des prix forcément plus abordables, et dotés d'une meilleure mise en valeur.

L'onglet « Ajouter au panier » aussi dans le viseur de la Commission européenne

Il n'y a pas que les potentielles pratiques anticoncurrentielles envers les revendeurs qui sont dans le collimateur de la Commission européenne. Le rôle des données récoltées via la « Buy Box » intéresse aussi l'autorité européenne. Il s'agit de l'onglet jaune « Ajouter au panier », que l'on retrouve sur la page d'un article et qui évidemment est très avantageux pour les vendeurs, qui en profitent. Sauf que selon la Commission, la fonctionnalité permettrait une collecte de données sensibles par Amazon.

Le Wall Street Journal avait épinglé Amazon au mois d'avril en révélant que des salariés du e-commerçant prélevaient les données d'autres vendeurs pour développer des produits concurrents. Amazon avait lancé une enquête interne et affirmé que tout comportement constaté de ce type constituerait une violation de ses propres politiques.

Il faudra être encore patient avant d'assister à une condamnation de l'entreprise, puisqu'une grosse année devrait s'écouler entre le dépôt de la plainte et une éventuelle décision punitive. Amazon s'expose néanmoins à une amende pouvant aller jusqu'à 10% de son chiffre d'affaires annuel. L'amende record prononcée en Europe envers les GAFAM reste celle infligée en juillet 2018 à Google, d'un montant de 4,34 milliards d'euros, pour abus de position dominante de son système d'exploitation mobile Android.

Source : Engadget