Meta s'apprête à recevoir sa première amende antitrust de l'Union européenne. La Commission européenne accuse le géant technologique d'avoir lié son service de petites annonces Marketplace à Facebook, créant ainsi un avantage déloyal. L'amende pourrait atteindre jusqu'à 13,4 milliards de dollars.
La tension monte entre l'Union européenne et Meta. Le groupe de Mark Zuckerberg est dans le collimateur de Bruxelles depuis des années. Ce couple à la relation compliquée ne cesse de se déchirer au sujet, notamment, de pratiques commerciales jugées anticoncurrentielles. L'UE n'y va pas par quatre chemins : elle accuse Meta d'avoir tiré profit de sa position dominante sur le marché des réseaux sociaux pour booster son service de petites annonces, Marketplace.
Le cœur du problème ? L'intégration automatique de Marketplace à Facebook. Pas moyen d'y échapper pour les utilisateurs. Cette astuce donne à Meta un coup de pouce considérable par rapport à ses concurrents. Et ce n'est pas tout. L'entreprise aurait aussi imposé des conditions commerciales peu reluisantes aux services concurrents qui osent faire de la pub sur ses plateformes.
Pourquoi cette fois encore, l'UE s'apprête à sanctionner Meta ?
Mais pourquoi tant de haine ? L'Union européenne ne badine pas avec la concurrence loyale. Elle considère que Meta a franchi la ligne rouge en liant Marketplace à Facebook. Cette pratique offre au groupe un avantage de taille : une visibilité incomparable pour son service de petites annonces. Les concurrents, eux, restent sur le carreau.
Mais ce n'est pas le seul grief. La Commission européenne pointe du doigt une autre pratique douteuse : l'utilisation des données publicitaires des concurrents. Quand ces derniers font de la pub sur Facebook ou Instagram, Meta peut récupérer leurs données et les utiliser à son avantage pour Marketplace. Un coup bas qui ne passe pas inaperçu à Bruxelles.
Ces pratiques, si elles sont avérées, violeraient l'article 102 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Ce texte interdit l'abus de position dominante sur le marché. Meta se défend bec et ongles, affirmant que ses innovations profitent aux consommateurs et stimulent la concurrence. Mais l'UE reste de marbre face à ces arguments.
L'entreprise a bien tenté de calmer le jeu en proposant de limiter l'utilisation des données publicitaires de ses concurrents. Mais cette concession n'a pas convaincu l'UE, contrairement au Royaume-Uni qui l'a acceptée.
Les avertissements et amendes de l'UE envers Meta : un historique chargé
Ce n'est pas la première fois que Meta se frotte à la Commission européenne. L'histoire entre les deux est parsemée d'avertissements et de sanctions. En 2017, l'UE a infligé une amende de 110 millions d'euros à Facebook pour avoir fourni des informations trompeuses lors du rachat de WhatsApp. Elle surveille également de près les pratiques de Meta en matière de protection des données personnelles. En 2018, le scandale Cambridge Analytica a secoué l'entreprise, révélant l'utilisation abusive des données de millions d'utilisateurs.
Plus récemment, en mai 2023, la Commission irlandaise de protection des données a infligé une amende record de 1,2 milliard d'euros à la maison mère de Facebook pour avoir transféré illégalement des données personnelles d'utilisateurs européens vers les États-Unis.
Enfin, le 23 juillet 2024, l'UE accuse Meta de pratiques déloyales pour son modèle « pay or consent » sur Facebook et Instagram. Elle critique le manque de transparence, la pression exercée sur les utilisateurs et la conformité douteuse avec le Digital Markets Act.
La commissaire à la concurrence, Margrethe Vestager, ne lâche pas l'affaire. Elle a fait de la régulation des géants du numérique son cheval de bataille. Avec le DMA et le DSA (loi sur les services numériques), l'UE se dote d'outils pour mieux encadrer les pratiques des grandes plateformes. L'amende potentielle pour l'affaire Marketplace marquerait un tournant. Elle serait la première sanction antitrust infligée à Meta par l'UE. Mais au vu des nombreuses enquêtes en cours, elle pourrait bien ne pas être la dernière.
Source : Reuters