Verra-t-on bientôt des centrales solaires en orbite ? © ESA - A. Treuer
Verra-t-on bientôt des centrales solaires en orbite ? © ESA - A. Treuer

Des chercheurs britanniques ont étudié l'état de cellules photovoltaïques après avoir passé plusieurs années dans l'espace. Les résultats sont prometteurs et laissent envisager la création d'une centrale solaire spatiale d'ici le milieu de la prochaine décennie.

« Choisir, c’est renoncer », expliquait André Gide. Dans le contexte des centrales solaires, cela signifie composer avec leur intermittence, autrement dit, accepter qu’elles ne produisent pas d’électricité pendant la nuit. Un constat valable pour des installations terrestres, mais qu’en est-il dans l’espace ?

Capter l'énergie solaire depuis l'espace

Le projet d’une centrale solaire orbitale est sur la table depuis les années 70. Le scientifique tchèque Peter Glaser est le premier à avoir introduit cette idée, soulignant qu’un satellite positionné en orbite géosynchrone, à environ 36 000 kilomètres de la surface, serait capable de produire de l’énergie de manière quasi continue. À l’époque, les défis techniques et financiers étaient bien trop importants, et même si l’impact du choc pétrolier de 1973 avait ravivé l’intérêt de la NASA pour cette idée, elle ne s’est jamais concrétisée.

De nos jours, avec la démocratisation de l’accès à l’espace, les enjeux liés au changement climatique, et la nécessité de réduire leur dépendance envers les ressources gazières et pétrolières, certaines nations examinent sérieusement cette possibilité. C’est le cas en Europe au travers du projet SOLARIS qui vise à évaluer la faisabilité et le potentiel de l’énergie solaire spatiale.

Une technologie viable techniquement et économiquement ?

Des chercheurs britanniques de l’Université de Surrey, au Royaume-Uni, ont partagé leurs conclusions sur les performances et la résistance des cellules solaires au tellurure de cadmium (cdTe), déployées sur le satellite AlSat-1N 3 U CubeSat entre 2016 et 2022.

Premier constat, ce satellite, initialement conçu pour durer une année, continue de fonctionner après six ans d’exploitation, dépassant ainsi largement les attentes des scientifiques. Surtout, on apprend que les cellules photovoltaïques ne se sont pas détériorées au fil des années.

Craig Underwood, auteur principal de l’étude, précise à ce propos que leur structure en couches minces a fait preuve d’une robustesse remarquable dans l’environnement spatial, notamment face aux radiations et aux températures extrêmes qui y sont présentes. De plus, cette solution présente l’avantage d’afficher une masse très faible, un élément essentiel pour tous les lancements spatiaux, et qui permettra peut-être de rendre cette solution viable économiquement.

De quoi rêver à une nouvelle source d'énergie à notre portée d'ici quelques années © ESA
De quoi rêver à une nouvelle source d'énergie à notre portée d'ici quelques années © ESA

Une centrale solaire spatiale d'ici 2035

En attendant, ces résultats renforcent l’idée qu’il sera possible d'ici le milieu des années 2030 d’exploiter l’énergie solaire depuis l’espace comme l’indiquait Martin Soltau, Président de la UK Space Energy Initiative, en mai 2022, lors de la conférence Toward a Space Enabled Net-Zero Earth.

« Les principales fonctions du satellite sont de collecter l’énergie solaire en passant par de grands miroirs légers et de concentrer l’optique sur des cellules photovoltaïques, tout comme nous le faisons sur Terre […] ils produiront de l’électricité à courant continu qui sera ensuite convertie en micro-ondes grâce à des amplificateurs de puissance radiofréquence à semi-conducteurs et transmise dans un faisceau micro-ondes cohérent vers la Terre ».