Vue sur le Vieux-Port de Marseille © Iurii Dzivinskyi / Shutterstock.com
Vue sur le Vieux-Port de Marseille © Iurii Dzivinskyi / Shutterstock.com

À Marseille, la justice doit trancher cette semaine sur une vaste escroquerie, où 15 prévenus sont jugés pour avoir utilisé de vraies factures destinées à duper des sociétés, et ce à grande échelle.

Depuis lundi et jusqu'à vendredi soir, le tribunal correctionnel de Marseille se penche sur une vaste escroquerie aux ramifications internationales, impliquant 15 prévenus, excusez du peu. Cette fraude massive aux vraies factures, mais aux fournisseurs fictifs, a secoué le monde des affaires en 2015 et 2016. Retour sur une arnaque au président qui avait pris une ampleur planétaire.

Les escrocs faisaient tout transiter ou presque par l'étranger

L'arnaque en question se rapproche de celle que l'on appelle « l'arnaque au président », par laquelle les escrocs usurpent l'identité de fournisseurs pour faire payer de vraies factures, évidemment jamais honorées. Ici, les malfrats informaient les « clients » d'un changement de domiciliation bancaire et réclamaient le paiement de factures légitimes, par virement bancaire.

Pour piéger leurs victimes, les escrocs se faisaient passer pour des clients auprès des fournisseurs, obtenant ainsi des informations sur les factures à venir. Ils opéraient via un centre d'appels en Israël et des sociétés fictives à l'étranger (en Espagne par exemple) pour encaisser les fonds détournés.

Les prévenus comparaissent dans la cité phocéenne pour escroquerie en bande organisée et blanchiment d'argent. Quatre protagonistes clés font l'objet d'un mandat d'arrêt depuis 2022.

La fraude au président, une tactique hélas courante chez les escrocs © Shutterstock
La fraude au président, une tactique hélas courante chez les escrocs © Shutterstock

17 entreprises et associations victimes se sont constituées parties civiles

Mais pourquoi Marseille, comme lieu pour ce procès ? Ce choix est justifié par la présence d'un prévenu marseillais, Emmanuel Fitoussi, connu pour avoir travaillé dans le centre d'appels d'Israël, sous un nom d'emprunt, « Patrick Montiel » (on ignore s'il est fan de Patrick Montel et de Bernard Montiel). Pour lui, Alain Lasserie, Wilfried El Baze et Stéphane Benhamou étaient en réalité les principaux acteurs du centre.

Parmi les trois derniers cités, le premier aurait été le cerveau de l'arnaque. Le second, celui qui recrutait des personnes devant ouvrir des sociétés fantômes dans d'autres pays pour accélérer les transferts d'argent. Et le troisième a été désigné comme l'opérateur, celui qui s'occupait des faux RIB, des fausses adresses et des justificatifs. Plusieurs autres individus, domiciliés à Marseille et soupçonnés d'avoir aidé au blanchiment d'argent via leurs comptes bancaires, figurent aussi sur le banc des accusés.

Les victimes de cette arnaque étaient diverses, allant des blanchisseries aux abattoirs, en passant par des hôtels et même un Ehpad. Au total, 17 entreprises et associations de toute la France se sont constituées parties civiles dans cette affaire. Lors d'une tentative d'escroquerie, une personne se faisant passer pour le fameux « Patrick Montiel » avait contacté Dassault Aviation et Potez Aéronautique, demandant des informations financières. Heureusement, ces deux entreprises n'ont pas été dupées, mais d'autres ont été piégées.

Source : France 3