Impossible de la rater, même lorsque la sonde qui prend la photo survole plutôt les pôles : la GTR est ici en haut à droite. © NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Kevin M. Gill CC-BY
Impossible de la rater, même lorsque la sonde qui prend la photo survole plutôt les pôles : la GTR est ici en haut à droite. © NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Kevin M. Gill CC-BY

Difficile de savoir depuis quand cette gigantesque tempête déchaine ses vents dans l'atmosphère de Jupiter. Ce qui est certain cependant, c'est qu'elle est de moins en moins imposante ! Sa surface décroit, et sa couleur pâle actuellement la rend difficile à observer… Or elle est bien utile pour déchiffrer les géantes gazeuses.

Les premières observations de la « Grande Tache Rouge » (souvent appelée GRS, anglicisme chez les astronomes) dans les bandes de nuages de Jupiter remonteraient directement à celles de Cassini en 1665. Difficile pourtant de savoir comment sa forme a évolué juste ensuite, mais depuis la fin du 19e siècle, les observations régulières et de plus en plus précises nous informent sur cette gigantesque tempête. En effet, il s'agit d'un profond (plus de 500 km !) tourbillon de l'hémisphère Sud de la planète géante, situé entre deux des fameuses et violentes bandes de courants venteux qui font tout le tour de Jupiter. Les vents à ses bords peuvent atteindre 680 km/h, comme l'ont mesuré les sondes qui se succèdent sur place, mais… Depuis plusieurs années, on sait que la Grande Tache Rouge se rétrécit.

Un phénomène observé sur le long terme

Une étude parue en 2021 a même montré que la tache est sur un rythme record depuis 2012 ! Le phénomène intéresse beaucoup les astrophysiciens, puisque les planètes gazeuses sont particulièrement nombreuses dans notre galaxie et dans l'Univers, mais que nous n'en avons que deux « classiques » sous la main avec Jupiter et Saturne (Uranus et Neptune également, mais elles sont plutôt classées comme des géantes gelées), aussi étudier la dynamique des vents et des courants sur ce type de planètes est important pour générer de nouveaux modèles. La sonde Juno de la NASA, actuellement autour de Jupiter, continue d'ailleurs ses mesures pour mieux comprendre les différents courants et ce qui se passe dans les profondeurs de la géante !

Reste que tous les aspects de la Grande Tache Rouge ne sont pas encore connus. En théorie, elle devrait même continuer de se « nourrir » de petits tourbillons qu'elle absorbe et des courants-jets qui l'entourent. Pourtant son diamètre (12 500 km) est maintenant inférieur à celui de la Terre, tandis qu'au début du 20e siècle, on pouvait placer plus de 3 fois notre planète dans sa forme ovoïde.

La Grande Tache Rouge observée par Juno, au milieu des autres tourbillons de tempêtes de Jupiter. © NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Gerald Eichstadt/Sean Doran (CC BY-NC-SA)
La Grande Tache Rouge observée par Juno, au milieu des autres tourbillons de tempêtes de Jupiter. © NASA/JPL-Caltech/SwRI/MSSS/Gerald Eichstadt/Sean Doran (CC BY-NC-SA)

Quel avenir pour cette grosse tache ?

Disparaîtra-t-elle ? Et si c'est le cas, cela sera-t-il subit, ou bien le processus prendra-t-il encore quelques décennies ? Peut-être n'est-ce qu'un cycle, auquel cas les scientifiques seront curieux de savoir ce qui cause ce minimum et la reformation… La Grande Tache Rouge n'a pas fini de poser des questions. Sa situation présente, malgré de très grands tourbillons autour d'elle, est relativement préoccupante, non pas pour Jupiter, mais pour les observateurs terrestres. En effet, elle est plus pâle que les années précédentes, et c'est ennuyeux pour bien la repérer avec des télescopes qui jusqu'ici avaient « tout juste » la résolution nécessaire. Jupiter ne nous facilite pas la tâche avec sa tache !

Source : Sky & Telescope