Détecter les séismes et les tsunamis grâce à la fibre optique ? Une méthode découverte par une équipe de chercheurs suisses qui pourrait bien changer la donne en matière de gestion des risques géologiques.
La détection de séismes est un domaine de recherche très complexe pour de nombreuses raisons : l'imprévisibilité du phénomène, la difficulté d'interprétation des signaux sismiques, la nécessité d'équipements sensibles ou même la vitesse des ondes sismiques. Même si le secteur progresse rapidement, les tremblements de terre continuent à faire des ravages. Des entreprises comme Google développent même leurs propres outils de détection. Malheureusement, dans ce cas précis, le système n'avait pas fonctionné correctement lors des séismes qui ont frappé la Turquie au mois de février de cette année. Des scientifiques de l'Institut fédéral suisse de métrologie (METAS) et de l'Institut de géophysique (EPFZ) ont découvert que la fibre optique pourrait s'avérer utile dans le processus de détection.
Transposition d'une technologie bien connue
Leur trouvaille repose sur une technologie plutôt familière : la suppression active du bruit de phase (PNC), largement utilisé dans certains casques audios. Lorsqu'on applique ce système à la fibre optique, il peut annuler les interférences. Résultat ? La fibre est capable de détecter les plus infimes perturbations que provoquent les tremblements de terre.
Lorsque les fibres optiques sont ainsi perturbées par les déformations des couches terrestres, cela déclenche un effet photoélastique ; c'est-à-dire que la vitesse de la lumière qui traverse les réseaux de fibre varie légèrement. Une fois ces changements captés et analysés, ils peuvent livrer des données sismiques très précieuses.
Portée globale et impact
Il suffirait alors de simplement stocker toutes les données relatives à la suppression active de bruit pour les analyser. Cela permettrait ainsi de se passer de matériel complexe ou d'infrastructure coûteuse à l'endroit où doit se faire la détection. Une méthode très prometteuse, qui pourrait s'appliquer dans des régions moins développées ou dans les fonds océaniques. En bref, tous les endroits où les infrastructures de surveillance sont plus limitées ou inexistantes.
Le système est très sensible et peut même détecter des séismes de magnitude modeste, puisqu'il fonctionne à partir du moment où la perturbation monte à 3,9 sur l'échelle de Richter. Le potentiel de cette découverte est immense et pourrait être un avantage colossal dans la prévention des catastrophes naturelles dans les zones vulnérables. Une réappropriation simple, mais efficace de technologies utilisées dans d'autres domaines. Chapeau !
Source : Le Matin