En février dernier, la Turquie a été frappée par deux tremblements de terre extrêmement dévastateurs. Ceux-ci ont fait plus de 50 000 victimes et causé d'innombrables dégâts matériels.
Aujourd'hui, une enquête de BBC Newsnight rapporte que le service de Google visant à anticiper les séismes n'a pas fonctionné. Si tel avait été le cas, le service fonctionnant sous Android aurait pu envoyer une notification aux résidents des régions concernées.
Un nombre limité de personnes atteintes par l'alerte
Selon Google, son service peut donner aux utilisateurs de son système d'alerte un préavis de tremblement de terre, peu de temps avant que celui-ci ne se produise. En anticipant d'une minute le début d'un séisme, il donnerait un temps certes modeste, mais précieux pour se mettre à l'abri.
Le 6 février 2023, Google affirme qu'une alerte a ainsi été envoyée à des millions de personnes, peu de temps avant que le premier et le plus meurtrier des deux séismes ne débute.
Pourtant, la BBC rapporte aujourd'hui s'être rendue dans trois des villes situées dans la zone de ce tremblement de terre. Après s'être adressée à des centaines de personnes, elle affirme n'avoir trouvé qu'un nombre limité de personnes ayant reçu l'avertissement de Google. En outre, les personnes ayant répondu positivement n'ont reçu l'alerte que pour la seconde secousse. Aucune personne n'a déclaré l'avoir reçue en amont du premier séisme.
Quand chaque seconde compte
Il reste donc à trouver la cause de ce manquement. Tout d'abord, le service de Google ne fonctionne que sous Android. Néanmoins, la majorité (80 % environ) des utilisateurs turcs disposent de tels téléphones. Ce n'est donc pas un motif suffisant pour expliquer ce manque.
L'option était-elle active et effective sur ces téléphones ? Intégrée comme une fonction native sur Android, elle se place automatiquement à l'avant-plan et donne immédiatement des conseils pour se mettre à l'abri. Elle se déclenche aussi si le téléphone est en mode « Ne pas déranger ».
Le service utilise l'accéléromètre présent dans les smartphones pour détecter des secousses. Lorsque plusieurs smartphones ressentent de tels mouvements, le système dans son ensemble peut déterminer un épicentre avec une précision relative. La Californie utilise déjà une fonction de détection des tremblements de terre, et le service a déjà fait ses preuves.
Chez Google, le discours continue d'affirmer le bon fonctionnement du système. Micah Berman, chef de produit en charge du service, affirme être « convaincu que ce système s'est déclenché et a envoyé des alertes. » Cependant, le grand groupe ne fournit pas de preuve sur leur étendue.
L'avis du professeur Harold Tobin, du Pacific Northwest Seismic Network, diverge. Pour lui, « Si Google fait une promesse, ou même une promesse implicite, de fournir d'alerte aux tremblements de terre, alors pour moi, cela fait monter l'attente. […] Ils ont la responsabilité de donner suite à quelque chose qui est directement lié à la vie et à l'intégrité physique. »
Aucune explication plus aboutie n'est avancée par la BBC. Gardons seulement à l'esprit qu'un envoi massif de notifications peut prendre du temps. Dans un cas, l'arrivée de l'alerte peut prendre 20 ou 30 secondes. Dans un autre, elle pourra en prendre 50 ou 60. Dans ces situations où chaque seconde compte, l'écart est considérable.