Un rapport publié par Greenpeace dépeint une industrie tech bien moins verte qu’on ne pourrait le croire. Selon l’association, Samsung, Apple et d’autres continuent de largement polluer, plus ou moins directement.
Apple fait des grandes promesses au nom de l’écologie, Samsung continue de verdir son image… mais qu’en est-il en réalité ? Un rapport publié par Greenpeace le 21 novembre dernier laisse voir d’importants problèmes dans la politique climatique de ces entreprises. Selon l’association, « le niveau d’ambition des fabricants de matériel électronique est encore loin d’être suffisant pour garantir que l’augmentation de la température moyenne annuelle de la planète ne dépasse pas 1,5 °C ».
Une facture électrique grosse comme le Chili
Pour affirmer cela, la branche asiatique de l’ONG s’est intéressée à la chaîne d’approvisionnement des grands constructeurs d’appareils électroniques. On retrouve donc une évaluation critique de l’empreinte carbone d’usines appartenant à Samsung, LG et Intel. Foxconn, BOE et Luxshare Precision, toutes engagées dans la production d’iPhone pour Apple, sont aussi sur la liste.
« Les émissions provenant de cinq des plus grands fabricants de produits électroniques, dont Samsung Electronics, Foxconn et Intel, ont augmenté en 2022 », explique Greenpeace. En tout, les 11 usines passées au crible par l’ONG ont consommé plus de 111 000 GWh d’électricité, soit un peu plus que la consommation globale d’un pays comme le Chili. Cela s’explique en partie par une augmentation de la cadence de production.
Si certains fournisseurs se sont engagés à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 (notamment Foxconn, LG et TSMC), Greenpeace note tout de même qu’aucune n’est sur le bon chemin pour réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Une telle trajectoire climatique est pourtant indispensable pour respecter les accords de la Cop21 qui prévoit un réchauffement climatique ne dépassant pas les 1,5°.
Des produits pas si « verts »
Même les acteurs les plus engagés dans la transition écologique se reposent en grande partie sur des programmes de compensation carbone dont l’inefficacité a été largement documentée, notamment par une enquête du Guardian datant de début 2023. À noter tout de même que Foxconn fait partie des bons élèves, en ayant recours à des méthodes plus « propres » pour générer de l’énergie renouvelable. Malheureusement, en 2022, le ratio d’énergie renouvelable utilisé dans les opérations de l’entreprise était inférieur à 10 % d’après Greenpeace.
Au petit jeu des notes sur les actions en faveur du climat et le processus de décarbonation, l'usine de semi-conducteurs de Samsung hérite d’un D+ en raison « de l’absence d’objectif de réduction des émissions à l’horizon 2030 et de sa lenteur à passer à une énergie 100 % renouvelable ». Idem pour Foxconn, qui « a enregistré peu de progrès en matière de réduction des émissions ». L’usine bien connue a émis, en 2022, plus d’équivalents CO2 qu’un pays comme Islande.
Derrière le vernis cool, branché et respectueux de l’environnement que présentent ces entreprises se cachant, comme souvent, des chaînes d’approvisionnement encore très dépendant aux énergies fossiles et très lentes à adopter des méthodes de méthodes de production plus respectueuse de l’environnement. « Des marques comme Apple et Microsoft ne devraient pas promouvoir leurs produits comme, étant “verts”, alors que leurs chaînes d’approvisionnement sont toujours alimentées par le charbon et le gaz », dénonce Xueying Wu, la responsable du rapport chez Greenpeace.
Source : Greenpeace