Un trésor énergétique se cache sous le sol du Béarn, dans les Pyrénées-Atlantiques. Une entreprise spécialisée du domaine vient d'obtenir le droit d'explorer ce gisement très prometteur.
Après la découverte de la plus grande réserve mondiale d'hydrogène blanc en Moselle, une autre bonne nouvelle nous vient cette fois-ci du sud-ouest de la France. La société TBH2 Aquitaine, a obtenu un permis officiel exploratoire afin de sonder cette ressource dans le Béarn pendant cinq ans. C'est la toute première fois qu'un tel permis pour explorer une zone renfermant de l'hydrogène souterrain (ou hydrogène blanc) est délivré.
Celle-ci, couvrant une surface de 225 km2, pourrait être un réservoir potentiellement exploitable au long terme. Emmanuel Macron, conscient du caractère unique et important de cette découverte, a promis des « financements massifs pour explorer le potentiel de l’hydrogène blanc ».
Un potentiel géologique unique
Vincent Bordmann, président de l'entreprise Terrensis (société industrielle de greentech) souligne que ce sous-sol réunit « toutes les conditions nécessaires pour rendre possible la génération et l’accumulation d’hydrogène ». La production de l'hydrogène de manière naturelle est un processus complexe, nécessitant que l'eau de pluie interagisse avec la roche mantellique (roches situées entre la croûte terrestre et le noyau). Cette réaction est semblable à la production d'hydrogène par électrolyse, mais sans intervention humaine ou émission de gaz à effet de serre.
Le directeur scientifique de RealtimeSeismic (entreprise spécialisée en géophysique), Claudio Strobbia explique que retenir l'hydrogène est un défi très complexe. En effet, celui-ci est la molécule la plus petite de l'univers (74 picomètres, soit 13,5 millions de fois plus petite qu'un grain de sable en moyenne). Avec ce petit gabarit, sa capacité à traverser aisément les couches poreuses est très importante. Toutefois, les spécificités de la région où l'exploration se déroulera (roches imperméables et formations concaves) forment un environnement facilitant le piégeage de l'hydrogène, et donc sa future extraction.
Des technologies d'exploration avancées
TBH2 Aquitaine, pour assurer le succès de son projet, va sortir l'artillerie lourde et s'appuyer sur trois technologies de pointe. Claudio Strobbia rentre ainsi dans les détails de leur méthodologie et explicite ces trois techniques :
- Utilisation de gravimètres : une technique qui permet de détecter les variations de densité, provoquées par la composition minéralogique du manteau.
- La seconde méthode est la magnétométrie, qui capte les modifications du champ magnétique dans les couches géologiques. Certains éléments magnétisables les font varier assez fortement, notamment le fer.
- Enfin, la troisième est une technique largement éprouvée, la sismique active et passive. Claude Strobbia indique qu'elle est « la plus utilisée au monde pour l’exploration du sous-sol ». On pourrait la comparer à une forme d'IRM géologique, qui peut fournir des images précises du sous-sol et des zones potentiellement exploitables.
L'extraction de l'hydrogène et ses implications
La phase d'exploration devrait s'étendre sur une durée comprise entre deux et trois ans. Elle est d'une importance cruciale puisque c'est à ce moment-là que sont évaluées la quantité d'hydrogène disponible et la faisabilité de son extraction. Si la phase s'avère concluante, l'étape qui suivra sera un forage en bonne et due forme.
Pour expliquer le processus d'extraction, les fondateurs de TBH2 Aquitaine expliquent : « Lorsqu’on fore et qu’on arrive au réservoir, l’hydrogène passe de la roche vers le puits et remonte à la surface ». Un processus qui permettrait le captage de l'hydrogène et son acheminement vers des sites industriels en phase de décarbonation de leurs procédés.
La décennie 2020 est décidément un très bon cru pour la France ; on pourrait même parler d'une année 2023 millésimée ! Si cette réserve béarnaise et le gigantesque gisement situé dans le puits Folschviller en Alsace sont un jour exploités, cela placerait l'Hexagone en très bonne position stratégique. Le potentiel est là, les technologies sont présentes également et le soutien gouvernemental devrait, dans l'idéal, se mettre en place rapidement pour assurer le succès de ces missions. Aucune source d'énergie n'est parfaite, mais il ne faudrait ne se fermer aucune porte pour nous sevrer de notre dépendance aux énergies fossiles.
Source : L'Usine Nouvelle